Réveil de la région de l’Est : "U Gulmu fi " demande des comptes au gouvernement
De nouveaux acteurs investissent le champ politique pour faire la politique autrement et agir sur l’action des politiciens professionnels. Les organisations de masse hésitaient par le passé à mettre en avant des revendications régionales de peur d’être taxées de régionalistes. Mais de plus en plus, les syndicats et les organisations de la société civile portent dans le débat public les injustices et les inégalités régionales dans le développement de notre pays.
C’est ainsi que dans la région de l’Est, une grande mobilisation a eu lieu pour dire, aux premiers responsables du pays, la colère et le mécontentement que connaît l’est du pays du fait du manque des routes, de l’insécurité, de l’absence et de la vétusté des centres de santé notamment du Centre hospitalier régional qu’une promesse électorale devrait transformer en CHU.
Quelles sont les raisons de cette colère ? Comment se manifeste ce sentiment d’abandon et de délaissement dans la région qui est le terreau sur lequel le terrorisme s’implante dans le pays : au nord, au centre nord, au Sahel, dans la Boucle du Mouhoun etc. Comment le pouvoir de Roch Kaboré qui se présente comme celui qui a axé le désenclavement comme sa priorité prend-il ses revendications ?
Le gouvernement vient de connaître une secousse tellurique dans la région de l’Est confrontée à l’insécurité et à différentes menaces. La manifestation organisée par un collectif d’organisations de la société civile a connu un succès éclatant malgré les tentatives du pouvoir de la désamorcer par une audience présidentielle, et une rencontre organisée par d’autres organisations avec le ministère des Infrastructures.
Dans une région qui fait frontière avec trois pays : le Niger, le Togo et le Bénin, et qui est la proie d’une lutte pour son contrôle de la part de deux groupes terroristes : Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), une franchise de Al Qaeda et l’État islamique au grand Sahara. Une région où les contrebandiers, les brigands, les bandes criminelles ont le vent en poupe du fait de la forêt. La preuve, l’attaque de journalistes espagnols et un écologiste irlandais en tournage d’un film documentaire sur la formation à la lutte contre le braconnage qui a fait quatre morts, cette semaine. (Enlèvement suivi d’exécutions revendiqués par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans(GSIM) de trois occidentaux).
Les immenses réserves et parcs naturels et la faible densité de la population offre aux terroristes et autres criminels un sanctuaire naturel, les populations sont entourées de dangers qui viennent de partout. Les éléments naturels comme la forêt, qui devrait être des points forts du développement sont des sources de risques et des blocages pour l’essor économique et le développement humain.
Les contraintes et les défis sont nombreux. Pour que la population ne désespère pas et ne perde pas l’espoir, le mouvement U Gulmu Fi est né et a été porté sur les fonds baptismaux le 24 avril 2021 par une manifestation monstre. U Gulmu fi, le Gulmu s’est réveillé, le Gulmu s’est levé, est le signe que la région de l’Est est debout et est en marche contre l’insécurité, l’absence de routes, d’écoles, de centre de santé etc.
Le gouvernement essaie de s’expliquer
Le gouvernement, par l’entremise du ministre de la santé est allé s’expliquer sur ce qu’il fait dans le secteur de la santé et se rendre compte de l’état des lieux qui correspond au diagnostic établi par la société civile. Mais concernant les routes on ne comprend pas comment se fait-il que le département des infrastructures qui devrait être le « produit d’appel » du gouvernement, le secteur de la réussite par l’ampleur des investissements financiers et le nombre des chantiers lancés soit celui qui pose le plus de problèmes par le ressenti des populations. Le gouvernement devrait examiner la tête froide son action dans ce domaine. La reconstruction et le bitumage de la RN4 a été lancée avant les élections et les travaux n’ont pas encore démarré, faisant de cette voie un long chapelet de camions en panne.
Comment se fait-il qu’un chantier concernant toujours cette route qui devrait finir en 2017, ne soit toujours pas achevé en 2021 ? COGEB International est toujours sur l’aménagement de la route nationale 4 en sa partie qui passe devant l’hôpital Yalgado.
Ce qui est sûr dans notre pays, il est difficile de convaincre que les pénalités de retard de livraison existent, tant les travaux sont achevés en retard. La plupart des derniers travaux de routes bitumées ont été livrés en retard. On peut citer Dédougou- Tougan, Didyr- Tougan, Manga-Zabré. En moyenne il nous faut un an pour réaliser 22 Km de route goudronnée.
Mais le gouvernement et singulièrement le ministère des Infrastructures n’essaie pas de résoudre cette insuffisance dans l’exécution des travaux qui a plusieurs causes comme la conception du projet, la maîtrise du processus de financement et des exigences des partenaires, et enfin les compétences techniques et financières des prestataires.
Dans le portefeuille de projets annoncés il y a la RN 18 Fada Bogandé annoncé depuis 2019. Toujours en 2019, le ministère a annoncé la construction et le bitumage de Tougan-Lanfiéra-Dii, Dori-Gorom-Gorom, Koundougou-Solenzo, Ouahigouya-Djibo, Tougan–Ouahigouya, Guiba-Garango. Ces effets d’annonce qui mettent du temps à se concrétiser sont source de colère et d’amertume des populations à qui on a mis l’eau à la bouche et dont la soif n’est pas désaltérée.
Le gouvernement a lancé les travaux de l’autoroute de contournement de la capitale Ouagadougou en 2018, en partenariat public-privé pour un montant de 180 milliards, qui a obtenu un avenant de 30 milliards à moins de 50% du taux d’exécution. Ces financements de travaux routiers dans la capitale sont très importants, alors que des routes tout aussi importantes dans les régions ne sont pas construites ou entretenues comme la RN4, objet de la manifestation dans l’est du pays.
A quelques mois d’élections présidentielles et législatives remportées par le parti au pouvoir et ses alliés dans la région de l’Est, l’importance de cette manifestation doit emmener le pouvoir à se concentrer sur sa tâche et à essayer de corriger les fautes de gouvernance, pour retrouver de la crédibilité auprès des populations.
Sana Guy
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 30 avril 2021 à 07:08, par Laabia En réponse à : Réveil de la région de l’Est : "U Gulmu fi " demande des comptes au gouvernement
Merci beaucoup Monsieur Guy SANA pour ce bel article que vous avez réalisé et qui fait le tour de la problématique.
2. Le 30 avril 2021 à 08:56, par Banga En réponse à : Réveil de la région de l’Est : "U Gulmu fi " demande des comptes au gouvernement
Le Burkina est devenu très bon et doux avec la liberté d’expression la liberté de manifester en 5ans tout est changer les contribuables qui demandent des comptes à l’état un pays qui était gouverner par une main de fer pendant 27ans vous venons de loin mais le retard de la démocratie est à moitié accomplie et reste c’est l’économie l’agriculture les infrastructures.santé éducation
3. Le 30 avril 2021 à 08:57, par Vérité Indiscutable En réponse à : Réveil de la région de l’Est : "U Gulmu fi " demande des comptes au gouvernement
Analyse perspicace.
Seulement que ce gouvernement est un héritage empoisonné. Ils ne savent faire que ce qu’ils ont toujours fait depuis la nuit de 1987. Et nous, nous ne sommes pas assez forts pour oser de confier notre avenir à de tous nouveaux acteurs qui n’ont pas été purgé par la potion COMPAORE. C’est trop triste mais la solution viendra encore longtemps après. Quand toute cette génération de politiciens à la Blaise COMPAORE disparaîtra. Je ne suis pas pessimiste, c’est la triste réalité de ce pays.
La lutte doit se poursuivre, sinon nos villes resteront les mêmes pendant 50 ans, 100 ans, tandis que les cadres politiques seront les seuls riches dans ce pays. On ne développe pas un pays en enrichissant un petit nombre de politiciens et fermant les yeux sur les conditions de l’ensemble.
4. Le 30 avril 2021 à 09:52, par DESPERADO En réponse à : Réveil de la région de l’Est : "U Gulmu fi " demande des comptes au gouvernement
Il est écrit ceci dans la note ci-dessus
Dans le portefeuille de projets annoncés il y a la RN 18 Fada Bogandé annoncé depuis 2019. Toujours en 2019, le ministère a annoncé la construction et le bitumage de Tougan-Lanfiéra-Dii, Dori-Gorom-Gorom, Koundougou-Solenzo, Ouahigouya-Djibo, Tougan–Ouahigouya, Guiba-Garango. Ces effets d’annonce qui mettent du temps à se concrétiser sont source de colère et d’amertume des populations à qui on a mis l’eau à la bouche et dont la soif n’est pas désaltérée.
BON COURAGE AU GOUVERNEMENT
**** KOUDOUGOU—YAKO ( route existant avant les indépendances)
****MALOU—TEMA BOKIN—YAKO—TOUGAN ( route existant avant les indépendances)
Il ya des Burkinabé et des sous Burkinabé qui ne sont utiles que pour du bétail électoral....
MERCI A VOUS NOUS EN AVONS PRIS NOTE ET VOUS ATTENDONS.
5. Le 30 avril 2021 à 11:05, par Action Discipline Perfection En réponse à : Réveil de la région de l’Est : "U Gulmu fi " demande des comptes au gouvernement
Merci Lefaso.net pour cet article,
A quoi faut-il s’attendre si le gouvernement burkinabè pense que la route du développement de notre pays doit forcément et uniquement passer par le développement des routes de Ouaga (surtout) et de Bobo. Si les autres régions se voient léguer seulement les arêtes du poisson, tandis que les deux grands centres urbains ci-dessus cités se partagent (même si partage inéquitable) la bonne chaire, il y a de quoi s’indigner et manifester son mécontentement.
Vivement, que les ressources du pays soient reparties de façon équitable entre les burkinabè, sans aucune distinction infondée !
Que la politique de la décentralisation et de la déconcentration de l’État soit réelle, ne limitant pas seulement à de vains mots et paroles !
Vive le développement réel et manifeste des autres régions !
Que Dieu bénisse notre chère et unique patrie, le BF !
6. Le 30 avril 2021 à 11:17, par Chasseur d’insurrescrocs En réponse à : Réveil de la région de l’Est : "U Gulmu fi " demande des comptes au gouvernement
La gouvernance MPP est basée uniquement sur la Com. Or il se trouve que la Com est basée sur du mensonge. Les effets de la Com passés, la réalité dure et métallique (comme on disait autre fois de la Gnagna profonde) nous rattrape. On nous tourne en rond sans véritable boussole, une bonne partie du territoire est occupée, la corruption a atteint le summum (Cf Pr C. Ouédraogo) et on ne voit rien de bon poindre à l’horizon. Or le MPP dispose de toutes les ressources du pays (ressources naturelles immenses, ressources humaines de qualité) pour faire de ce pays un modèle de développement. Au lieu de se retrousser les manches pour travailler sérieusement, ce sont les intrigues et autres coups bas qui sont les domaines de compétences reconnus à ce conglomérat d’amis et parents.
Tant que les Burkinabêêêêêê......êêêêêêês resteront couchés, ces incompétents viendront toujours les acheter pour une bouchée de pain et continuer à essayer les talons de leurs chausseurs sur le visage des misérables.
L’escroquerie a trop duré !!!!
7. Le 30 avril 2021 à 11:18, par Peuple insurgé En réponse à : Réveil de la région de l’Est : "U Gulmu fi " demande des comptes au gouvernement
Merci et félicitations. L’absence de vision stratégique, la mauvaise gouvernance, l’impunité, ... sont des choses qui favorisent le sous développement des régions périphériques du pays. Cette situation fait le lit de la frustration et du désespoir, qui conduisent à la violence. J’espère que allons maintenant accepter de réfléchir. Surtout ceux qui sont en haut, mais aussi ceux qui sont en bas.
8. Le 30 avril 2021 à 12:24, par citoyen Lambda En réponse à : Réveil de la région de l’Est : "U Gulmu fi " demande des comptes au gouvernement
Ce sentiment d’abandon n’est pas ressenti par les populations de la Région de l’Est . Vous avez cité d’autres régions où le même sentiment d’abandon ,de délaissement total et de politique de développement inéquitables se manifestent ,fut-il même en sourdine . Et il ne faut s’étonner que d’autres régions emboitent le pas à l’EST dans les prochains jours ou mois puisque le président et le gouvernement en réagissant promptement au mouvement des populations de l’EST pour l’envoi précipité du ministre de la Santé et par une floppée de promesses immédiates ont montré la voie à suivre pour se faire entendre et se faire considérer .
En outre et sincèrement , on n’a pas besoin de loupes pour savoir qu’il y a du favoritisme et du népotisme dans la réalisation des infrastructures routières et autres réalisations . On ne veut pas qu’on le dise, mais pour les puissants du gouvernement actuel ,le BURKINA FASO se limite à OUAGADOUGOU et alentours, disons à l’ancien cercle de OUAGADOUGOU . Même dans les nominations aux hautes fonctions et surtout aux postes de responsabilités considérés comme juteuses, seuls les cadres ressortissant(e)s ont accès quand bien même leur incompétence notoire et leur manque d’expérience sont criardes . Des DG nommés à la tête de grosses sociétés d’Etat mais qui se sont avérés notoirement incompétents et / ou auteurs de fautes graves de gestion révélées par l’ASCE-LC ou la presse d’investigation ne sont inquiétés outre mesure, parce que originaire de la bonne province ou du bon lien d’amitié ou de parenté avec les puissants du moment . Ce qui est sûr ,si le président du Faso et son parti le MPP ne font pas attention ,ils risquent de porter devant l’histoire la lourde responsabilité de l’effritement et de l’éclatement de l’unité et de la cohésion nationale . Et ce n’est pas avec cette parodie de réconciliation nationale trompe œil en projet ,que les frustrations et les révoltes contre l’injustice ,le népotisme régional ou ethnique ,les favoritismes sous toutes leurs formes qui va ramener la confiance et le sentiment d’appartenance à une même Nation entre toutes les régions du BURKINA FASO . WEB master ,la vérité rougit les yeux mais ne les casse pas . On ne construit pas une Nation solide en se voilant la face .Alors pas de censure SVP des écrits de ceux qui osent dire tout haut ce que beaucoup disent ou pensent tout bas . Mieux on se dira certaines vérités publiquement plus on évitera les déchirures douloureuses qu’ont connues ou connaissent encore certaines pays africains ,parce que les dirigeants et les petits politiciens ont refusé de voir les choses venir . Alors à bon entendeur salut à tout burkinabè lucide .
9. Le 30 avril 2021 à 15:08, par JUNIOR le sage En réponse à : Réveil de la région de l’Est : "U Gulmu fi " demande des comptes au gouvernement
Il faut vraiment que le gouvernement se penche vers ces zones rurales pour essayer de comprendre certaines réalités que vivent certains burkinabés. Ces vraiment triste. Toujours est-il également que le burkinabé de tous les quatre coins du Burkina met sa main dans la pate pour son bien être si non le gouvernement a lui seul ne peut pas tout faire sans notre collaboration. que DIEU bénisse le BURKINA FASO et que la vraie PAIX durable revienne. AMEN
10. Le 30 avril 2021 à 16:11, par sanou paul En réponse à : Réveil de la région de l’Est : "U Gulmu fi " demande des comptes au gouvernement
Salut à tous,
Aavnt l’insurection, l’Est était en tete des régions ou le taux de braquage à main armés était élevé. Donc avec ce groupement islamiste armé qui est rentré au BF, ces memes bandits qui s’sévissaient à L’Est se sont convertis en djihadiste. Je dirai à ceux de l’Est de travailler à développer leur région.
Vous conviendrez avec moi que Parmanganante a fait 6 ans comme premier ministre sans pouvoir bitumer la route kantchari Diapaga. C’est le regime de Rock qui est en train de goudronner cette voie jusqu’à la frontière du Benin.
En plis le pont de la Sirba vers Bogandé, c’est ce meme régime, En 2008 souvenez vous qu’un tracteur avait été emporté par les eaux sur ce meme pont.
Aussi, la route Fada Bogande est en trin d’etre bitume. Et le barrage sur la Sirba sera réalisé.
Soyons réalistes