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Corruption au Burkina : Le PNUD veut donner un nouveau souffle pour améliorer la lutte contre le fléau

Publié le jeudi 29 avril 2021 à 11h20min

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Corruption au Burkina : Le PNUD veut donner un nouveau souffle pour améliorer la lutte contre le fléau

Dans le souci de renforcer la veille citoyenne dans la lutte contre la corruption au Burkina Faso, un atelier de réflexion sur le cadre juridique et institutionnel en matière de prévention et de lutte contre le fléau se tient à Koudougou (Centre-Ouest) du 27 au 29 avril 2021. Initié conjointement par l’Union africaine (UA) et le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD), ce séminaire a pour but d’identifier les forces et faiblesses du dispositif juridique et institutionnel en matière de corruption tout en formulant des recommandations visant à améliorer la lutte.

Le phénomène de la corruption a pris de l’ampleur ces derniers temps au pays des hommes intègres. Aussi, les différents rapports de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) et les révélations de la presse d’investigation ne cessent de pointer du doigt cette recrudescence.

Pour mémoire, il ressort à cet effet, selon le classement de Transparency International sur l’Indice de perception de la corruption (IPC) que pour la 3e année consécutive, le Burkina Faso connait un recul dans le monde. Bien que le pays ait obtenu la note de 40 points sur 100, il perd néanmoins une place dans le classement général en passant du 85e rang mondial en 2019 au 86e rang en 2020 selon ledit rapport.

Losseni Cissé, représentant du représentant-résident du PNUD

Au niveau de l’espace CEDEAO, le Burkina est classé 5e derrière le Cap-Vert, (58 points), le Sénégal (45 points), le Ghana (43 points) et le Bénin (41 points). Pourtant, l’objectif visé par le Plan national de développement économique et social (PNDES) était de 60 points en 2020 mais à l’heure du bilan, le constat est amer. Cependant, force est de reconnaitre que des efforts sont fournis par différents acteurs en vue de lutter contre ce fléau. Il s’agit entre autres des réformes institutionnelles et législatives faites depuis 2015 pour dynamiser la lutte. Tout compte fait, le phénomène persiste et prend de l’ampleur, accentuant ainsi la crise de confiance entre gouvernants et gouvernés.

C’est au vu de ce constat alarmant, dans le cadre de la mise en œuvre du plan de travail annuel 2021 du projet « Accélérer la ratification et la domestication des traités de l’Union africaine », que se tient ce séminaire de réflexion à Koudougou. Il a pour objectif de mener une réflexion sur le cadre juridique et institutionnel en matière de prévention et de lutte contre la corruption au Burkina Faso afin d’identifier les forces et faiblesses et formuler des recommandations.

Karfa Gnanou, Agent judicaire de l’Etat

Initié par l’UA et le PNUD, le projet « Accélérer la ratification et la domestication des traités de l’Union africaine » est orienté prioritairement vers l’implémentation de six instruments juridiques dans six pays dont le Burkina Faso. Son objectif est d’apporter un accompagnement efficace aux Etats africains dans la conduite de leurs processus nationaux de ratification. Parmi ces instruments, c’est celui de la convention de l’UA sur la prévention et la lutte contre la corruption adoptée en 2003 qui justifie la tenue de cette rencontre.

La cérémonie d’ouverture qui a eu lieu le mardi 27 avril 2021 a connu la présence de plusieurs personnalités et organisations dont le Contrôleur général d’Etat, l’Agent judiciaire de l’Etat, des représentants des ministères en charge de la Santé, de la Sécurité, de l’Energie et des Mines, et d’une panoplie d’organisations de lutte contre la corruption.

Dr Luc Marius Ibriga, Contrôleur général d’Etat

Revigorer la lutte anti-corruption au Burkina

Le magistrat Karfa Gnanou, Agent judicaire de l’Etat, précise que l’UA s’est rendue compte qu’il fallait travailler à remobiliser les Etats autours de leurs engagements internationaux notamment dans des domaines bien précis, tel celui de la rencontre du jour. Selon lui, la tenue de cette rencontre permettra aux différents acteurs-clés présents d’échanger sur l’arsenal juridique international, national et le cadre institutionnel en matière de lutte contre la corruption. Ainsi, l’accent sera mis, selon lui, sur ce qui doit être fait au niveau du Burkina Faso pour revigorer la lutte anti-corruption afin de faire en sorte que les instruments juridiques internationaux ratifiés puissent être accompagnés d’un recul drastique du phénomène sur le terrain à travers la prévention et la répression.

Saluant l’initiative de la tenue de cet atelier, Dr Luc Marius Ibriga, Contrôleur général d’Etat, a ajouté qu’il va permettre aux participants de s’interroger sur l’effectivité des normes qui sont adoptées et des structures mises en place au Burkina Faso pour lutter contre la corruption. A l’entendre, le Burkina Faso pris, du point de vue normatif et institutionnel, est bien classé dans la mesure où il répond aux normes qui sont prévues et qui doivent être implémentées dans les Etats. Cependant, il signale que la lutte contre la corruption suppose beaucoup de moyens. Selon lui, les textes sont le plus souvent adoptés sans mettre les moyens à disposition. Pourtant, les règles établies ont des incidences financières et humaines, dit-il.

Rabiatou Simporé, secrétaire à l’information et à la communication du REN-LAC se réjouit de la tenue de cette rencontre

Aussi, il précise que les différentes structures qui sont mises en place travaillent en vase clos ; ce qui fait qu’il n’y a pas de valeur ajoutée des uns par rapport aux autres. D’où pour lui, la réflexion doit tendre à une plus grande synergie d’action et à une meilleure rationalisation de l’utilisation de ces structures. « Peut-être qu’en mutualisant nos ressources nous pourrions mieux lutter contre la corruption et surtout travailler beaucoup main dans la main pour la prévention, parce que la lutte contre la corruption se gagne dans la prévention et non pas uniquement dans la répression », a-t-il confié.

Les défis de presse et de la société civile

Au nombre des organisations invitées, on note la présence de la presse d’investigation ainsi que du REN-LAC qui ont été associés pour donner une communication sur les défis de la presse et de la société civile dans la lutte contre la corruption. Rabiatou Simporé, secrétaire à l’information et à la communication du REN-LAC, se réjouit de la tenue de cette rencontre qui selon elle va leur permettre de passer en revue les différents textes entrant dans le cadre de la lutte contre la corruption.

Photo de famille des participants

Environ une trentaine de participants bénéficieront des différentes thématiques qui seront abordées au cours de cette rencontre de trois jours. Il s’agit entre autres du cadre juridique national de lutte contre la corruption ; du cadre juridique régional et international de lutte contre la corruption ; les forces et faiblesses des différents cadres ; la charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.
Avant de lancer les travaux, Losseni Cissé, représentant du représentant-résident du PNUD, a tenu à justifier la tenue de cette rencontre.

En effet, selon lui, c’est après un constat fait par les différents représentants des pays africains à l’Union africaine, du fait que depuis 1963 la mise en œuvre de la cinquantaine de traités adoptés par la conférence des chefs d’Etat traine sur le continent.

Aussi, au regard de la situation grandissante du phénomène de la corruption au Burkina, de façon pratique, le PNUD en collaboration avec l’ASCE-LC a décidé dans la mise en œuvre de ce traité, de mener cette réflexion avec les acteurs clés du domaine.

P.O
Lefaso.net

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