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Campagne présidentielle 2005 : La position des Editions "Le Pays"

Publié le mardi 25 octobre 2005 à 08h07min

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Boureima Sigué, Directeur de publication du Pays

Notre position pour la présidentielle de 2005 reste la même que celle que nous avons observée pour la présidentielle de 1998, pour les municipales de 2000 et pour les législatives de 2002. Pour tous ces derbys électoraux, nous écrivions en substance ceci :

Pôle d’attraction et de fascination, le fauteuil présidentiel, se hisse libre et esseulé à la jonction de plusieurs convoitises aussi légitimes les unes que les autres.

Meetings par-ci, meetings par-là, une flopée de mousquetaires s’accrochent, avec plus ou moins de foi, aux aspérités de leurs rêves. En vertu du postulat selon lequel l’idéologie n’est à craindre que lorsqu’elle s’appuie sur la haine, on peut dire que jusque-là, tous les candidats ont enfourché le cheval d’une idéologie sociale globalement acceptable. Chacun des prétendants au trône présidentiel peut donc rêver, car avant tout, la vie est un rêve, même si le réveil peut parfois tuer.

Mais il ne faut préjuger de rien. Il faut laisser intactes les chances des candidats. En tout cas, au Journal "Le Pays", nous avons le souci de ne pas égratigner le potentiel de chances de ces hommes qui montent à l’assaut du pouvoir d’Etat. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons choisi la porte étroite : nous abstenir de couvrir les meetings, véritables répétitions pleines de cohue, d’artifices, de propagande et de fantasmes.

En effet, comme la précédente présidentielle, nous choisissons de ne pas couvrir, dans l’acceptation classique de ce terme, les meetings de campagne. C’est notre choix depuis le 22 octobre 2005 à minuit, date de démarrage officiel de la campagne. Avant cette date fatidique, nous avons eu une intense activité scripturale. Nous avons beaucoup écrit et publié des déclarations de toutes provenances politiques.

A partir de la présente édition et en raison du substrat de notre ligne éditoriale, qui est l’indépendance vis-à-vis de tout bloc politique, nous faisons le choix de ne rien faire qui puisse influencer le comportement de l’électeur, si tant est qu’un journal peut moduler, formater une opinion.

Quand démarre la campagne des candidats, la campagne, dans ce qu’elle a de pour ou de contre, de choc des forces, cesse dans "Le Pays". Il appartient désormais à chaque candidat de convaincre sans notre apport, les citoyens, de la justesse de ses ambitions et de son programme.
Dans un pays où ne pas appartenir à une tribu politique relève de l’absurde, c’est bien là un travail de trapéziste.

Mais notre foi seule suffit. Notre volonté d’indépendance est à la fois le limon et le terreau de notre action. En droit international, notre position pourrait s’apparenter à la neutralité bienveillante.
Que nos lecteurs nous comprennent. Nous ne couvrons pas les meetings dans ce qu’ils ont de promesses, de programmes, de propagandes et de propos discourtois. Car nous savons qu’on ne va pas en campagne comme on va à Canossa.

Mais, si par extraordinaire, il y a de la casse, de la violence ou un geste original de magnanimité posé par un candidat à l’égard d’un autre candidat, nous en ferons la relation. Nous refusons seulement de nous comporter en vecteur de la propagande, de la démagogie, réelle ou feinte, des candidats. Nous refusons de mettre le doigt dans cet engrenage au nom de notre ligne éditoriale.

Certes, aussi vrai qu’aucun mortel ne peut traverser intact la vie, aucune oeuvre humaine, comme celle que nous essayons de toujours façonner, ne peut traverser indemne le temps. Nous le savons, mais nous prenons toujours des dispositions pour toujours tendre vers le juste et l’acceptable. Nous nous réservons cependant le droit de commenter les résultats du scrutin après le 13 novembre, c’est-à-dire après la grande récréation. L’electeur aura alors fait son choix.

La multitude est plus facile à leurrer qu’un seul homme. Elle peut l’être encore davantage quand "Le Pays" s’en mêle. Il faut croire, comme tous les challengers pour le diadème présidentiel, que tout le monde peut aller à Corinthe, et que la fortune peut se lasser de porter toujours les mêmes hommes sur le dos. Nous ne voulons pas, au détour d’une phrase, d’un commentaire, ébranler des convictions ou néantiser des chances.

Cette période se caractérise par une suspicion morbide et une sensibilité à fleur de peau. A partir de cette édition, même en payant, nous ne publions plus ni déclaration ni compte-rendu de meeting allant dans le sens de la propagande. C’est notre éthique interne pour l’intervalle 22 octobre -13 novembre 2005.

Nos voeux de succès accompagnent donc tous les candidats. Il faut espérer pour la paix sociale, qu’au soir du 13 novembre, les candidats malheureux se comportent en bons perdants et non comme ce Général romain devenu célèbre pour sa boutade "aout Caesar, août nihil" (ou César ou rien). Bonne chance à tous les candidats et que le moins mauvais gagne !

Le Directeur de publication du quotidien "Le Pays", et Directeur Général des Editions "Le Pays"

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