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Présidentielle au Bénin : Un scrutin sous tension qui a enregistré une maigre participation

Publié le lundi 12 avril 2021 à 23h20min

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Présidentielle au Bénin : Un scrutin sous tension qui a enregistré une maigre participation

Ce dimanche 11 avril 2021, environ 5 millions de Béninois étaient appelés aux urnes pour élire leur président pour les cinq prochaines années. En lice pour un second mandat, le président Patrice Talon était face à deux candidats quasiment inconnus du public que sont les anciens députés Alassane Soumanou et Corentin Kohoué. La plupart des opposants béninois n’ont pas pu se présenter à l’élection présidentielle, à cause du nouveau Code électoral et d’une réforme institutionnelle. La campagne électorale a été émaillée de violences qui ont fait deux morts, notamment dans le Centre-Nord du pays, où des manifestants avaient dressé d’importants barrages routiers pour protester contre l’absence d’une opposition reconnue. Au soir du scrutin présidentiel, la participation n’a pas été au rendez vous selon les premières observations.

Les principales figures de l’opposition politique béninoise, dont certains sont en exil ou incarcérés, n’ont pas pu déposer leur candidature à l’élection présidentielle. Cela, du fait de la révision constitutionnelle de 2019 qui a institué le parrainage pour être candidat. En effet, pour pouvoir se présenter, il fallait obtenir les parrainages d’au moins 10 % du total des députés et des maires, soit 16 parrainages. Seulement, sur les 159 élus que sont les 82 députés et les 77 maires, il n’y a que six maires qui soient de l’opposition, le reste des élus appartenant au camp du pouvoir.

Une situation qualifiée par l’opposition de « verrouillage du système électoral » par le président sortant Patrice Talon, accusé de créer les conditions de sa réélection à travers des mesures considérées comme anti-démocratiques. Face aux nouvelles dispositions de la Constitution qui ne leur permettaient pas de remplir toutes les conditions, les candidatures des principaux opposants politiques ont été recalées par la commission électorale nationale autonome (CENA). Ce qui justifie le fait qu’il n’y avait que trois candidats en lice pour la présidentielle de 2021, alors que celle de 2016 en comptait 33.


Lire aussi Bénin : Une campagne électorale sur fond de grogne contre la prolongation du mandat présidentiel


Un processus électoral sur fond de contestation

Les manifestations qui ont précédé le scrutin présidentiel du 11 avril 2021 au Bénin étaient dues, en partie, à la modification du calendrier électoral introduite pour favoriser l’alignement des mandats (députés, maires et président). Ce qui a permis au président sortant Patrice Talon de bénéficier de 50 jours de mandat supplémentaire, alors que son mandat prenait officiellement fin le 5 avril 2021. Les leaders de l’opposition ont alors appelé les populations à descendre dans la rue en guise de protestation.

Depuis mardi 6 avril, les habitants de plusieurs villes du Centre et du Nord du pays, fiefs de l’opposition, ont bloqué des centaines de voitures et transporteurs en érigeant des barrages. Ce mouvement de protestation a été marqué par des violences qui ont fait au moins deux morts et plusieurs blessés, lorsque les forces de sécurité ont eu recours à la violence pour disperser les foules.

Le président sortant Patrice Talon

Le taux de participation au scrutin jugé faible par rapport à 2016

Le dimanche 11 avril, jour du vote, l’engouement n’était pas au rendez-vous du côté des électeurs. Et pour cause, l’absence de poids lourds parmi les candidats ainsi que la peur des violences pendant les votes ou au cours du dépouillement. Cela a poussé plusieurs citoyens à rester terrés chez eux.

Dans certaines localités du pays comme Savè dans le Centre-Nord où les violences préélectorales ont fait deux morts, les bureaux de vote et les urnes sont restés vides toute la journée et certains ont été brûlés par des inconnus, rapportent nos confrères de l’AFP. Dans les bureaux de vote qu’ils avaient pu visiter, à Cotonou, la capitale économique, les taux de participation ne dépassaient pas les 30 % et Patrice Talon menait avec une large avance face aux deux candidats de l’opposition, Alassane Soumanou et Corentin Kohoué.

La Plateforme électorale des organisations de la société civile du Bénin qui, au regard des premières données recueillies, a affirmé que la participation était faible par rapport au scrutin précédent, a aussi relevé certaines irrégularités notamment des tentatives de pression, d’intimidation, de menaces, de troubles à l’ordre public, de corruption ou de harcèlement des électeurs, etc.

Les résultats provisoires de la Commission électorale nationale autonome (CENA) sont attendus pour le 13 avril, et ceux définitifs de la Cour constitutionnelle pour le 20 avril. En attendant les résultats de ce premier tour, plusieurs voix, dont celle de l’opposition, se sont élevées en faveur de la mise en place d’un dialogue ou d’assises nationales.

Armelle Ouédraogo
Lefaso.net


Credit photo : RFI

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