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Santé oculaire : Le projet Kénéyéli vole au secours des populations de la Boucle du Mouhoun

Publié le mercredi 7 avril 2021 à 22h00min

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Santé oculaire : Le projet Kénéyéli vole au secours des populations de la Boucle du Mouhoun

Le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, Edgard Sié Sou, a lancé officiellement, ce mercredi 7 avril 2021 à Dédougou, la phase 2 du Projet d’Appui au développement de la santé oculaire dans le Mouhoun (PADESOM). Ce nouveau projet dénommé « Kénéyéli » est entièrement financé par CBM Suisse à plus de 337 millions de francs CFA.

Cette deuxième phase du Projet d’Appui au développement de la santé oculaire dans la région de la Boucle du Mouhoun dénommé Kénéyéli a une durée de trois ans, soit de janvier 2021 à décembre 2023. Ce projet vise à réduire les affections cécitantes au Burkina Faso. Plus spécifiquement, il vise à renforcer l’offre de soins oculaires au profit des populations (y compris les personnes vulnérables) dans la région de la Boucle du Mouhoun d’ici fin 2023.

Selon les premiers responsables dudit projet, il est attendu à la fin de cette deuxième phase que 5000 personnes atteintes d’affections oculaires soient traitées et aussi 50 personnes atteintes de déficiences visuelles irréversibles soient soutenues. Le projet se donne pour objectif également de former 70 agents communautaires (10 animateurs RBC et 60 tradipraticiens) et environ 200 enseignants du primaire à la détection précoce des affections oculaires. Aussi, ce sont plus de 600 000 personnes soit 30% de la population de la région qui seront touchées lors des actions de sensibilisation.

Les acteurs du projet Kénéyéli prennent part à la cérémonie de lancement

Pour le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, Edgard Sié Sou, ce projet est un événement majeur pour sa région et pour le pays tout entier car, dit-il, « ce projet revêt un espoir pour des milliers de patients et leurs familles d’avoir un meilleur accès aux soins de santé oculaire et à la réhabilitation ». Ce projet est apprécié par les populations de la région qui, par la voix de leur gouverneur, ont témoigné leur gratitude à CBM Suisse pour son engagement. Aussi, le gouverneur Edgard Sou a saisi cette occasion pour exhorter tous les acteurs à continuer à donner le meilleur pour la réussite du projet.
Consolider les acquis de la première phase

Cette seconde phase du projet intervient après la première qui a couvert la période de 2016-2020. Selon le directeur pays de CBM Burkina, Ousseini Badini, au cours de cette première phase, la synergie d’action des différents acteurs a permis de rapprocher l’offre de soins de santé oculaire des populations locales. Cela à travers, entre autres, le renforcement des capacités de 375 agents de santé toutes catégories confondues sur la santé oculaire, selon leur domaine de compétences.

Le directeur pays de CBM Burkina, Ousseini Badini

A cela s’ajoutent la construction et l’équipement d’un centre ophtalmologique moderne à Nouna, la dotation en matériel de dépistage des affections oculaires au profit de 200 formations sanitaires de la région, le dépistage des affections oculaires en milieu scolaire au profit de plus de 24 000 élèves dans le but d’améliorer leur rendement scolaire.

Aussi, ce sont environ 1900 chirurgies de la cataracte réalisées dans le cadre de la lutte contre la cécité évitable. Ces actions ont certes amélioré les indicateurs de la santé oculaire dans cette région, mais les acteurs ont relevé encore des besoins importants à combler pour assurer la santé oculaire pour tous. Il s’agit notamment de l’insuffisance des ressources humaines qualifiées en santé oculaire, l’insuffisance des formations continues en santé oculaire au profit des professionnels de la santé, les faibles connaissances des communautés sur les causes et les conséquences des affections oculaires courantes, les coûts élevés des soins, etc.

C’est au regard de ce tableau et en tenant compte des résultats très satisfaisants engrangés au cours de la première phase du projet que CBM Suisse et l’ensemble des parties prenantes se sont engagés à nouveau à poursuivre cette action à travers le financement et la mise en œuvre d’une seconde phase qui couvrira la période de 2021 à 2023. « Ce projet Kénéyéli contribue à accompagner le gouvernement burkinabè dans le cadre de son plan stratégique de santé oculaire qui a été élaboré. C’est un projet complet et inclusif qui vise à faire en sorte que toutes les insuffisances qui ont été constatées à plusieurs niveaux de la santé oculaire puissent être comblées au niveau de la région », a souligné Ousseini Badini.

Il a par ailleurs expliqué que cette deuxième phase du projet est une « phase de consolidation et de remise en cause des insuffisances de la première phase ». Pour lui, les acteurs sont dans un cycle d’amélioration des pratiques avec tous les partenaires de mise en œuvre du projet. A l’en croire, cette seconde phase part des insuffisances constatées lors de la première phase. Des innovations sont à noter pour cette phase de capitalisation des acquis de la première phase.

La photo du gouverneur de la région avec les acteurs du projet Kénéyéli

« L’une des innovations, c’est cette collaboration entre le district sanitaire de Nouna, la région sanitaire de la Boucle du Mouhoun et l’Université de Ouagadougou pour les questions de ressources humaines en ophtalmologie. Nous voulons qu’il y ait des stages pour des personnes qui vont s’intéresser à la santé oculaire. Il y a également la mise en place d’un dispositif qui permettra des échanges entre les acteurs, en termes de santé oculaire inclusive », a indiqué le directeur pays de CBM Burkina, Ousseini Badini.

La cécité comme première cause de handicap au Burkina Faso

En effet, les maladies oculaires et cécitantes constituent une préoccupation majeure de santé publique. Selon le rapport mondial de l’OMS sur la vision 2019, plus de 2,2 milliards de personnes dans le monde souffrent d’une déficience visuelle et plus d’un milliard de cas auraient pu être évités et doivent encore être traités. Selon ce même rapport, la demande mondiale de soins oculaires devrait tripler d’ici 2050 en raison de la croissance démographique, du vieillissement de la population et des changements de mode de vie.

Au Burkina Faso, la cécité est la première cause de handicap avec une prévalence estimée à 2%, ce qui correspond à plus de 400 000 personnes menacées par la cécité dans le pays en 2020. Selon l’enquête RAAB (Appréciation rapide de la cécité évitable) réalisée en 2011, dans la région de la Boucle du Mouhoun, zone d’intervention du projet, on estimait à plus de 35 000 le nombre de personnes menacées par la cécité en 2020.

Le directeur régional de la santé de la Boucle du Mouhoun, Dr Christian Compaoré

C’est conscient de cette situation que le ministère de la Santé en collaboration avec l’Organisation catholique pour le développement et la solidarité (OCADES), à travers leurs programmes de Réadaptation à base communautaire (RBC) et avec l’appui technique et financier de CBM a mis en œuvre le Projet d’Appui au développement de la santé oculaire dans le Mouhoun. Les partenaires de mise en œuvre du projet sont la Direction régionale de la santé de la Boucle du Mouhoun, l’OCADES Nouna, les six districts sanitaires, le Centre hospitalier régional de Dédougou, les directions déconcentrées des ministères en charge de l’action sociale et celle de l’éducation.
Dr Christian Bernard Compaoré est le directeur régional de la santé de la Boucle du Mouhoun.

Pour lui, « ce nouveau projet contribuera à l’amélioration des indicateurs de santé oculaire dans la région de la Boucle du Mouhoun en particulier et au Burkina Faso en général ». Il a affirmé que CBM Suisse soutient cette nouvelle phase du projet afin de consolider les acquis de la première et combler les lacunes identifiées. Il a par ailleurs expliqué que la collaboration avec le ministère en charge de l’Education nationale va permettre un accès facile aux élèves pour pouvoir identifier très tôt les difficultés de vision que certains ont, afin de les accompagner vers la réussite scolaire. Il a aussi rappelé que ce projet s’intéresse non seulement aux personnes qui souffrent de maladies oculaires, mais également celles qui y sont exposées.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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