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Elections : Pourquoi n’ont-elles pas osé ?

Publié le lundi 24 octobre 2005 à 08h41min

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“Nous ne devons plus seulement être des électrices, soyons aussi des candidates, afin de mieux nous impliquer dans la gestion de la cité". C’est la substance d’un message tiré du calendrier d’une ONG qui œuvre à la promotion de la femme.

Le message a-t-il été entendu ? Certainement : des femmes députées, il y en a, des maires et conseillers aussi, même si la représentativité est inversement proportionnelle au nombre des femmes au Burkina : 13 députées, 4 maires, des conseillers.

Qu’à cela ne tienne ! Ne faisons pas la fine bouche. C’est déjà un pas. Mais il reste l’autre, celui qui les propulsera au devant de la scène politique et les mènera dans le fauteuil de président du Faso. La participation des femmes dans la bataille pour la gestion de l’Etat n’est pourtant plus un fait rarissime : Philippine, Allemagne, Israël, Liberia, Congo...

La femme burkinabè osera-elle ?

Le Burkina Faso est à sa 3e élection présidentielle et elle ne se fait toujours pas entendre à l’exception de la tentative romanesque de feue Déborah Nazi Boni.

L’absence remarquée et remarquable de l’autre moitié du ciel ne peut être passée sous silence : 52% de la population, le plus fort électorat, une force mobilisée et volontaire s’échine à jeter le dévolu sur cette occasion de se mesurer, de s’affirmer, de prouver et de convaincre. La confiance en soi, l’estime de soi, la détermination et l’esprit d’initiative devraient guider leurs pas dans cette entreprise. Mais hélas !

Qu’elles soient rurales ou citadines, analphabètes ou intellectuelles, les femmes, de plus en plus, s’activent et s’illustrent. Elles sont parfois têtes de liste de certains partis lors des élections législatives et municipales. Cette confiance est due, sans nul doute, à leur capacité à mobiliser et au fait qu’elles savent faire montre de combativité, de savoir faire.

Alors, préfèrent-elles l’ombre à la proie ? Les cerveaux ne manquent, sans doute pas, même si le taux de scolarisation est en-deçà des attentes. Certes, les pesanteurs socioculturelles et économiques sont si lourdes qu’elles peuvent écraser les plus téméraires. Mais expliquent-elles tout ?

Un présidentiable a besoin de moyens et de relations. Les femmes en manqueraient-elles ?

Au Burkina, la pauvreté a un visage féminin et celles qui ont le niveau intellectuel requis ne sont pas forcément les plus nanties. Mais, une bonne idée, un bon programme ne se vend-il pas ?

Le statut d’épouse et de mère ne facilite pas l’émergence de la femme. Celles qui n’ont pas ce fardeau sont taxées de légères et perdent leur crédibilité en ce sens qu’elles ne répondent pas aux normes exigées par la société.

En conséquence, la plupart des femmes se révèlent soit à travers leur époux, soit à l’intérieur d’un parti. Leur décision se trouve ainsi subordonnée à d’autres données (accord du conjoint ou du parti). Au-delà de tous ces obstacles, la solidarité féminine n’est pas une évidence.

Quel que soit leur niveau scolaire, elles ont du mal à dépasser les querelles partisanes pour engager une bataille pour une cause commune.

L’élection présidentielle, une opportunité pour les femmes de prendre le pouvoir et de satisfaire les revendications légitimes qu’elles ont toujours posées aux hommes.

Pour cette élection, presque tous les candidats promettent dans leur programme, de renforcer l’approche genre, afin que les potentialités des femmes soient mises en exergue. Mais qui mieux qu’elles-mêmes pourrait les promouvoir, les défendre ?

Assétou BADOH
Sidwaya

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