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Décentralisation : « Il y a des ministres qui refusent de transférer les fonds », (Dissan Gnoumou, maire de Houndé)

Publié le samedi 27 mars 2021 à 13h14min

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Décentralisation : « Il y a des ministres qui refusent de transférer les fonds », (Dissan Gnoumou, maire de Houndé)

C’est un maire serein et disposé à répondre à toutes nos questions que nous avons eu en face de nous. Dissan Gnoumou, en plus d’être maire de Houndé est député de la province du Tuy. Il répond sans langue de bois aux questions de Lefaso.net sur la récente désignation de sa commune par la Compétition pour l’excellence dans la gouvernance locale (COPEGOL), les grands chantiers réalisés dans sa commune et les défis qui sont propres à Houndé. Le député-maire réagit également sur des sujets d’actualité, notamment le report des élections municipales, le projet de redécoupage territorial en cours et les contraintes de la décentralisation au Burkina Faso.

Lefaso.net : Monsieur le maire, pouvez-vous nous présenter la commune de Houndé ?

Dissan Gnoumou : La commune de Houndé est une commune urbaine située sur la RN1, à 250 km de Ouagadougou et 100 km de Bobo Dioulasso. Ses habitants sont en majorité des agriculteurs, des éleveurs. Elle regorge d’une potentialité minière énorme. Houndé a une population estimée à 200 000 habitants. La commune est économiquement stable.

M. Gnoumou, maire de Houndé et député à l’Assemblée nationale, une double casquette. Comment arrivez-vous à concilier les deux fonctions ?

C’est une tâche qui n’est évidemment pas simple, mais étant jeune, nous arrivons à trouver le moyen de tenir. Je travaille le matin dans la commune et le soir à l’équipe. Malgré tout, Houndé n’a jamais connu de problème de fonctionnement administratif.

Votre commune a été désignée par COPEGOL comme meilleure commune urbaine courant 2019, comment vous avez accueilli la nouvelle ?

C’est un sentiment de joie et, en même temps, de tristesse. La joie nous anime parce que, parmi les 43 communes urbaines du Burkina, le choix est porté sur Houndé. Tristesse parce que la barre a été placée très haute et nous sommes interpellés à plus d’efforts dans le travail pour garder le cap. C’est un mérite du fait que nos actions sont visibles sur le terrain.

Vous parlez des actions réalisées à Houndé. Quels ont été les grands chantiers depuis votre arrivée à la tête de la commune ?

Notre bataille a commencé avec l’éducation. Dans ce secteur, nous avons réalisé 35 écoles dans l’éducation de base. Au niveau post-primaire, quatre CEG ont été construits et trois sont en cours de réalisation. Trois autres lycées sont en phase d’exécution dans trois villages. Dans le domaine de la santé, nous avons construit cinq Centres de santé et de promotion sociale (CSPS), portant ainsi à 14 le nombre de centres sanitaires. Nous avons équipé des CSPS pour accompagner le personnel de santé.

D’où proviennent vos sources de financement ?

Nos sources de financement proviennent des recettes propres à la commune, de l’Etat central par son transfert de ressources, et des partenaires techniques et financiers tels que la GIZ, l’UNICEF, SAVE THE CHILDREN, l’OMS, etc. Le Fonds minier du développement local vient aussi en appui à notre collectivité.

Quelques difficultés ?

Nous rencontrons quelques difficultés avec certains contrôleurs financiers qui, au lieu d’accompagner, infantilisent des communes, ce qui limite l’autonomie des collectivités. Nous rencontrons souvent aussi des populations qui s’opposent à la réalisation de certains projets. Il y a des partenaires financiers qui prennent des engagements et qui ne les tiennent pas.

Le gouvernement a demandé et obtenu le report des élections municipales en 2020, un lenga de plus pour les maires ?

Cette décision est légitime. Il était difficile d’organiser les communales après le double scrutin -présidentielle et législatives- de novembre 2020. Parce que la mobilisation des ressources est un défi. Nous avons aussi les questions sécuritaires et sanitaires qui demandent beaucoup de précautions.

Presqu’après 40 ans de décentralisation au Burkina Faso, de quoi souffrent nos collectivités ?

L’Etat central refuse de donner l’autonomie aux collectivités. Nous constatons qu’il y a véritablement un manque de volonté politique dans cette démarche de la décentralisation. Sur 11 compétences à transférer aux communes, seules trois ou quatre sont une réalité. Le transfert des ressources n’est pas totalement effectif. Il y a même des ministres qui refusent de transférer des compétences. La loi 034 est aussi un problème. Elle a besoin d’être revue.

Dans le nouveau Code des collectivités en cours de relecture, il est prévu un redécoupage du territoire, quel est votre point de vue ?

Ce redécoupage pourrait créer des problèmes de plus. Cette démarche va créer des divisions sociales parce qu’il y a des hameaux de culture qui vont vouloir devenir des villages. On finira par entrer dans un découpage politique. L’influence des politiques va jouer sur le redécoupage. Le découpage va nous entrainer dans une guerre des éléphants.

Votre cri de cœur pour votre commune ?

Malgré le fait que les agriculteurs de Houndé produisent 100 000 tonnes de coton et que les éleveurs font un travail remarquable, il n’y a pas de bitume. La société minière de Houndé est la plus puissante du Burkina et de l’Afrique de l’ouest et notre voirie urbaine est massacrée. Nous sollicitons un accompagnement. Juste 120 km de bitume suffisent pour résoudre la question dans la province de Tuy.
Gérard BEOGO

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