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Luc Adolphe TIAO, président du CSC : "Mon institution n’est pas un tribunal »

Publié le vendredi 21 octobre 2005 à 08h32min

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Luc Adolphe TIAO

La gestion du discours électoral n’est pas la chose la plus aisée. A quelques jours de l’ouverture de la campagne présidentielle, les médias sont plus que jamais sur la brèche compte tenu de l’ampleur de leur responsabilité dans ce processus.

Le Conseil supérieur de la communication, instance en charge de la régulation de l’information en période électorale et de l’organisation l’égal accès des candidats aux médias publics n’est pas en reste. Pour avoir une vue nette sur l’approche de régulation de l’instance avec les médias en cette période, nous avons approché Luc Adolphe TIAO, président du CSC qui nous livre sa méthode et ses attentes.

Le CSC vient d’organiser un séminaire atelier sur « Médias et élections ». Quelles étaient les motivations de cette initiative ?

Luc Adolphe TIO (L.A.T) : Il s’agissait de préparer l’ensemble des acteurs qui sont concernés par les élections et qui sont impliqués dans la vie des médias à une meilleure couverture médiatique de l’élection présidentielle du 13 novembre prochain.

C’est dans ce sens que nous y avons convié les représentants des partis politiques, la société civile et des médias. Nous avons sollicité la contribution d’un certain nombre de nos collègues venus d’Afrique. L’objectif était d’examiner ensemble les difficultés qui se posent à la couverture médiatique des élections et de voir quelle est la meilleure synergie que l’on peut déployer afin qu’à l’issue de cette élection, l’ensemble des acteurs soient satisfaits du travail effectué par la presse.

Mais il y avait à l’intérieur de cette démarche une proposition que nous avons soumise aux participants, un pacte de bonne conduite. Conformément à notre souhait, celui-ci qui contient un certain nombre de recommandations des médias, a été adopté. D’une manière générale, je peux dire que les objectifs que nous nous sommes fixés au départ ont été atteints.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce pacte de bonne conduite ?

L.A.T : Tout d’abord, je peux dire que le pacte de bonne conduite n’est pas une innovation fondamentale puisque nous l’avons déjà essayé en 2002. L’idée était de rappeler certaines règles sur lesquelles s’accordent les médias et les partis politiques pour éviter les tensions sur le terrain. Ce pacte énumère certains comportements à ne pas adopter et encourage d’autres être pris en compte. Il s’agit de favoriser un esprit républicain dans la compétition à travers les médias.

Nous ne pouvons pas codifier les actes des politiciens lorsqu’ils sont sur le terrain politique mais nous avons la possibilité d’encadrer leurs interventions dans les médias. Pour que la campagne se déroule de façon apaisée et sereine, il fallait que les médias et les partis politiques s’entendent et s’accordent sur des dispositions et des comportements à adopter.

Mais en cas de dérapage avez-vous les moyens pour ramener les « fautifs » à l’ordre ?

L.A.T : Ce qu’il faut préciser, c’est que le pacte n’a pas de valeur juridique. Nous ne pouvons pas nous fonder sur ça pour sanctionner un organe de presse encore moins un parti politique. Mais je pense qu’il s’agit d’un engagement, d’une profession de foi d’autant que lorsqu’on signe un pacte, on met son honneur en avant.

La sanction vient d’elle-même du fait que nous allons dénoncer le signataire qui ne va pas respecter la règle du jeu. Tout candidat qui ne va pas honorer ses engagements sera dénoncé au su de tout le monde. Cependant, en ce qui concerne les médias, il y a des dispositions qui sont dans le pacte mais également se retrouvent dans certaines décisions du Conseil supérieur de la communication.

Donc lorsqu’il y a violation, nous pouvons viser une décision et prendre une mesure à l’encontre de l’organe concerné, qui peut aller de l’avertissement à la suspension de diffuser ou de publier. J’insiste sur ce point parce que s’il y a réellement des dérapages graves, le Conseil n’hésitera pas à suspendre une émission, voire une radio ou un journal. J’estime une fois de plus que tout le monde doit contribuer à ce que la campagne se déroule réellement dans la sérénité et dans un esprit républicain.

Médias publics et médias privés sont-ils logés à la même enseigne ?

L.A.T : Les médias publics ont une obligation qui a été inscrite dans la loi à savoir le code de l’information et le code électoral. Cette obligation est qu’en tant que médias de service public, ils doivent traiter tous les candidats avec le même esprit d’impartialité, d’équité et dans certains cas avec le même esprit d’égalité. C’est donc une obligation à laquelle ils sont astreints parce que c’est l’Etat qui les finance. De ce point de vue, leur responsabilité est plus grande.

Les médias privés ont aussi une responsabilité. Je pense que même en étant privés, ils font également office de service public. Ils ont une contribution à apporter au développement de la démocratie dans notre pays et à la promotion de l’esprit citoyen car l’Etat leur apporte une subvention annuelle à travers le ministère de l’Information.

Tout comme cette année, l’Etat leur apporte de l’aide également à travers notre institution. Il y a donc des obligations qui sont cosignées dans une des décisions qui concernent les médias privés en ce qu’ils doivent respecter les principes du pluralisme et de l’équilibre de l’information sur leurs antennes et dans leurs colonnes. On ne peut pas demander la même exigence que les médias publics. Mais de façon générale, nous souhaitons que les médias privés puissent s’ouvrir à tout le monde, à toutes les sensibilités. Mais personne ne peut obliger un acteur qui estime qu’il ne veut pas aller sur un média privé pour telle ou telle raison à le faire.

Parlant de votre coup de pouce aux médias pour la couverture du scrutin. Qu’est-ce qui motive cette action et quelles sont les conditions pour y avoir droit ?

L.A.T : Comme je le disais, nous pensons que les médias privés au même titre que les médias publics contribuent au renforcement de la démocratie, à une culture citoyenne dans notre pays. Les médias privés malheureusement n’ont pas les moyens. Il sera difficile de demander, par exemple, à un organe de presse comme L’Opinion d’aller couvrir gratuitement la campagne électorale avec tous les candidats.

Même si le journal le veut, ce n’est pas sûr qu’il ait les moyens de le faire. C’est pourquoi, l’Etat tout, de même, a décidé d’apporter une contribution, somme toute modeste, pour alléger tant soit peu les dépenses que les médias privés vont engager à l’occasion de cette campagne électorale. Les sommes affectées aux médias privés, nous en sommes conscients, ne suffisent pas à éponger peut-être un tiers des dépenses que ces médias font. Tout de même c’est une contribution assez intéressante dans la mesure où ça va permettre de soulager les organes concernés sur certains aspects de grandes dépenses de fonctionnement.

Ce n’est pas parce que nous donnons une subvention aux médias privés que nous leur imposons une certaine obligation. Ce que nous souhaitons, c’est l’acceptation de cela comme étant une contribution que l’Etat apporte afin qu’ils redoublent davantage d’efforts durant cette période de la campagne électorale pour permettre à notre démocratie de triompher à travers des articles positifs, qui vont dans le sens de la construction de l’Etat et de l’information des citoyens.

Il y a des provinces où la radio nationale n’émet pas pour des raisons techniques. Ce soit est généralement les radios locales qui constituent les principaux moyens de communication des paysans. C’est donc normal qu’on leur donne un petit appui afin qu’elle puissent prendre part à la campagne en sensibilisant les populations et en faisant comprendre les programmes des uns et des autres.

Par rapport à nos critères, nous avons retenu au niveau de l’audio-visuel, toutes les radios à caractère généraliste et toutes les radios associatives. Et enfin, nous avons sélectionné quelques radios confessionnelles du fait de leur impact quand bien même elles ne soient pas concernées en tant que tel. Par ailleurs, compte tenu de la modicité de nos moyens, en dehors de Ouagadougou, dans les autres villes sur deux ou trois radios, nous sélectionnons une. Celles qu’on n’a pas pu prendre en compte peuvent couvrir la campagne mais à leurs frais.

Nous n’exigerons pas d’elles comme nous le ferons pour celles qui vont recevoir un appui. Cependant, même si une radio n’a pas reçu d’aide, elle ne peut pas non plus parler du n’importe quoi. Il y a toujours nos décisions sur le respect des principes de l’équilibre de l’information par les médias privés qui sont prises en compte.

Certains y voient un moyen d’aliéner les médias. Que répondez-vous à cette critique ?

L.A.T : Les aliéner ? C’est-à-dire ?

Une manière de les soumettre éventuellement à vos injonctions.

L.A.T : D’abord, personne n’est obligé de recevoir la subvention. Au cours d’une rencontre dans les locaux du Conseil supérieur de la communication par rapport à la répartition il y a le PDG d’une radio qui a estimé que vu ce qu’on veut lui donner et par rapport à ce qu’elle veut réaliser, elle préfère ne pas prendre la subvention. Elle était tout à fait libre d’accepter ou de ne pas accepter. Il y a également un quotidien de la place qui depuis toujours refuse l’appui de l’Etat et préfère lui-même se débrouiller. Parce que pour lui, il se sentirait davantage lié s’il prenait cette aide.

Mais comme je l’ai toujours dit, ce n’est pas parce que des journaux ou des radios ont pris cette aide que nous allons faire la garde dans les rédactions pour les influencer dans leur travail. Chacun est libre d’avoir son programme de travail. Le CSC ne va pas s’immiscer dans la rédaction des articles des différents journaux ou dans les émissions des radios privées. Ça ne nous intéresse pas.

Ceux qui reçoivent cette aide sont donc tout à fait libres dans leurs propos, dans leurs démarches de couvrir la campagne électorale. Mais ce que nous n’allons pas accepter, c’est de prendre l’aide et ne pas couvrir la campagne ou de le faire que pour un seul candidat. Si nous le constatons, nous serons obligés d’intervenir. En dehors de cela, chaque organe de presse est libre de traiter les élections selon sa sensibilité et sa vision pourvu que les règles élémentaires que nous avons édictées soient respectées.

On constate que chaque fois qu’il est question de subvention de l’Etat pour la presse, beaucoup de choses se disent. Ne serait-il pas préférable que l’Etat fasse comme les autres donateurs : fixer les conditions avec obligation pour ceux qui voudraient en profiter de s’y conformer ?

L.A.T : C’est un débat qu’on lance. Comme vous-mêmes vous l’avez dit tout à l’heure, si nous fixons des conditionnalités, on dira que nous voulions bâillonner la presse. C’est pour cela que nous n’avons pas voulu faire un cahier des charges avec des dispositions très contraignantes. C’est vrai que si nous avions fait cela, au lieu d’avoir à peu près une trentaine de médias qui vont bénéficier de l’aide, on aurait dix. Et la répartition serait consistante. Nous n’avons pas voulu rentrer dans les détails pour imposer certaines dispositions aux médias.

On peut réfléchir pour les prochains scrutins, de telle sorte que l’aide aille aux médias qui réellement vont travailler à ce que les populations soient bien informées sur les élections. Peut-être qu’il faut trouver des dispositions qui vont dans ce sens, comment faire de telle sorte que l’appui qu’un organe de presse reçoit, se ressente dans son travail d’information et de sensibilisation des populations.

Nous allons nous y atteler mais nous ne voulons pas qu’on ait l’impression que l’Etat donne de l’aide aux médias privés pour les obliger à travailler dans un sens voulu. Moi, je n’ai qu’une variable, que je vais prendre en compte, il s’agit de savoir pendant la campagne électorale si les médias privés et publics respectent les principes de pluralisme, et de l’équilibre d’information. Ce qui me paraît essentiel en fin de compte.

Monsieur le président, une nouvelle donne, le sondage d’opinion vient de faire irruption dans notre processus démocratique. Qu’en pensez-vous ?

L.A.T : Franchement, je pense qu’il faut féliciter le CGD pour ce travail remarquable. C’est dommage qu’il n’y ait pas d’institut de sondage qui fonctionne régulièrement parce qu’il ne faut pas attendre seulement la période électorale pour faire les sondages. Mais je pense que le travail qui a été effectué par le CGD est très appréciable. Il y a peut-être des insuffisances qui ne sont pas forcément du fait du CGD. Comment mener le sondage par exemple dans un pays analphabète ?

Ce n’est pas aisé. Dans l’avenir, peut-être que nos chercheurs, en sociologie et en science politique vont aider à affiner des questionnaires ou trouver une autre méthodologie qui puisse prendre en compte le niveau culturel, sociologique et économique de notre pays. Il y a donc des facteurs qui sont indépendants de ceux qui veulent faire le sondage. Par ailleurs, je pense que tout un chacun doit prendre ces sondages comme tels en évitant de les dramatiser ou tomber dans un optimisme excessif.

Je crois que le sondage en lui-même est très bon. Il est souhaitable maintenant qu’il y ait un institut de sondage qui puisse prendre en compte le niveau culturel, sociologique et économique de notre pays. Il y a donc des facteurs qui sont indépendants de ceux qui veulent faire le sondage. Je pense que le CGD a ouvert une brèche surtout sur la vie économique, sociale et politique du Burkina Faso que nous devrons beaucoup saluer parce que ça va servir aux uns et aux autres.

N’y a-t-il pas lieu de penser dès à présent à des garde-fous pour éviter des excès et des manipulations de l’opinion ?

L.A.T : Sur la question, je pense que les instituts de sondages sont souvent encadrés. Il y a un minimum d’éthique et de déontologie qui leur est imposé. Mais en tant que régulateur d’un secteur comme la communication, je souhaiterais qu’il n’y ait pas de sondage pendant la campagne électorale. On peut le faire avant la campagne mais qu’il n’y ait pas de sondage qui soit diffusé sur des supports publics pendant la campagne électorale pour ne pas influencer d’une manière ou d’une autre, l’opinion publique. Ce n’est qu’un souhait que j’émets d’autant que tout garde-fou à ses limites.

Autrement si on interdit par exemple de ne pas diffuser les sondages dans les journaux, au même moment on ne peut empêcher quelqu’un venu de Paris faire le sondage de le diffuser sur le net. Avec l’évolution technologie, il est difficile de tout maîtriser. Mais on peut voir comment désormais on puisse faire le sondage pendant la campagne électorale et ne le diffuser que sur le net. Nos juristes pourront nous aider à élaborer des textes dans ce sens et qui tiennent compte de l’évolution technologique.

Quelle lecture faites-vous des résultats du récent sondage ?

L.A.T : Je n’ai qu’un point de vue personnel. J’ai tiré deux ou trois enseignements de ce sondage. Le premier, c’est qu’on se rend compte que dans le sondage près de 80% de la population souhaite une ascension des femmes dans la politique. Cela traduit un changement de mentalité dans notre société où de plus en plus les hommes font confiance aux femmes. C’est une évolution positive que nous devons apprécier puisqu’on pense toujours que les femmes sont incapables. Or dans les faits nous avons constaté qu’elles réussissent pourtant mieux leur mission. Dans l’avenir, on pourrait avoir une femme, chef de l’Etat. Le second point que je constate en tant que communicateur, c’est le problème de visibilité pour les partis politiques.

Or on s’agite plus dans la capitale. On occupe à longueur de jour les espaces dans les médias avec les déclarations. L’activité politique se mène donc essentiellement à Ouagadougou. Il faut qu’il y ait une rupture fondamentale. Si nous souhaitons une alternance dans ce pays, il faut que les gens aillent sur le terrain. Il n’y a pas meilleur moyen de conquérir le pouvoir que d’être en contact permanent avec les citoyens. Majorité comme opposition, chacun des bords doit être beaucoup plus visible sur le terrain politique.

Enfin, le troisième point que je relève, c’est que les populations ont des appréhensions sur les leaders. J’ai constaté par ailleurs, en tant que citoyen, que les populations tout en saluant la démocratie dans notre pays, expriment toujours leurs préoccupations matérielles. Il y a une interpellation à toujours mieux faire.

Pour revenir au CSC et d’une manière plus générale, que pensez-vous de la liberté de la presse au Burkina Faso ?

L.A.T : Il faut d’abord convenir que la liberté n’est jamais définitivement acquise. C’est une illusion de croire qu’on va atteindre un jour, une liberté totale pour la simple raison que l’homme veut toujours élargir son espace de liberté. Dans la réalité, il existe la liberté de la presse au Burkina Faso. En ce sens que vous pouvez constater qu’il n’y a ni de répression, ni de censure. Il y a une diversité des titres, des radios et télévisions.

Chacun peut s’exprimer selon ses convictions dans les limites des textes en vigueur. Par ailleurs, il faut savoir que la liberté de la presse pour tout au monde peut conduire à des situations malheureuses avec des interpellations, des emprisonnements voire l’assassinat des journalistes. Ce sont des erreurs qui existent encore, même dans les pays les plus développés, il y a des journalistes qui sont assassinés ou traînés devant les tribunaux. Il y a des journalistes qui font l’objet de toutes sortes de pression et de chantage.

Il y a également des faits qui résultent de la liberté de la presse mais qui peuvent aussi la menacer. Il va de soi qu’on revendique davantage la liberté de la presse et qu’on se dise qu’à tout moment, elle peut déraper. Par exemple, vous pouvez écrire un article dans un journal et puis un citoyen qui n’est pas content ou qui ne comprend pas se décide de venir au siège du journal pour vous bastonner. Et on ne peut pas dire pour autant que c’est le fait de l’Etat. Tout comme vous pouvez écrire un papier sur un tel qui décide de vous régler votre compte.

Mais au Burkina Faso, il y a quand même un signe. Depuis un bout de temps, l’Etat ne se mêle plus directement dans les affaires des journalistes. Lorsque vous suivez les procès qui sont intentés contre les journalistes, aucun en ma connaissance pendant les dix dernières années n’a été fait par l’Etat. C’est un bon signe pour notre gouvernement et pour les institutions. Quant aux citoyens, ils sont libres de se plaindre des écrits qui les concernent. D’une manière générale, je peux dire que la liberté de la presse existe dans notre pays mais elle n’est pas définitivement acquise. Nous devons tous ensemble œuvrer pour qu’elle ne soit jamais remise en cause.

On reproche à votre institution d’être prompte à remonter les bretelles des radios et de laisser faire par exemple la presse écrite. Que dites-vous de cette accusation ?

L.A.T : Il y a des gens qui ne savent pas certainement comment nous fonctionnons. Vous savez, nous avons adopté une méthode qui nous permet souvent de travailler dans la discrétion. Contrairement à ce que les gens peuvent penser, ces dernières années, nous avons plus interpellé les journaux que les radios. On a eu moins à affaire avec les radios.

Et sur ce plan, je tiens à leur tirer mon chapeau. De nos jours la plupart des radios burkinabè ont réellement plus le souci du professionnalisme que les journaux. Si nous devions réellement être rigoureux avec la presse beaucoup de journaux seraient fermés aujourd’hui. Ce n’est pas parce que nous sommes complaisants avec les journaux mais nous pensons qu’il y a beaucoup d’insuffisances.

Et nous travaillons à les corriger. Cette année, nous avons plus convié les journaux en auditions et le plus souvent ils reconnaissent leurs erreurs. Notre mission c’est aussi d’amener la presse à travailler professionnellement. Le Conseil n’a ni peur de la presse écrite ni des radios. Nous ne souhaitons pas non plus que notre institution s’érige en un tribunal de jugement. Nous sommes une structure d’accompagnement de la liberté de la presse. Nous avons une approche de conseil.

A l’orée de la campagne électorale avez-vous des recommandations à faire aux médias et aux hommes de médias ?

L.A.T : Nous avons publié un guide à l’attention des journalistes pour la couverture des élections. La seule recommandation, c’est de les inviter à le lire. Le jour de la dédicace de cet ouvrage, le doyen de la presse, M. Edouard OUEDRAOGO a confié à l’assistance qu’il y a trente ans, un tel ouvrage pourrait aider à mieux couvrir les élections à cette époque. Je peux donc dire que c’est un outil tout à fait impartial.

J’invite les journalistes à lire cet ouvrage afin d’éviter le maximum d’erreurs. Par ailleurs, je leur demande de bien prendre connaissance de nos décisions pour mieux faire leur travail. Je souhaite qu’à la fin de la campagne électorale, les journalistes eux-mêmes soient satisfaits de leur travail. Je souhaite également que les candidats puissent dire à la fin de la campagne quel que soit leur score que la presse les a aidés même s’ils n’ont pas gagné. Il ne serait pas souhaitable que la presse soit la cause de la défaite d’un candidat.

L’Opinion

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