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Philippe OUEDRAOGO : après deux lièvres : le parti et la présidence

Publié le vendredi 21 octobre 2005 à 08h43min

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Phil’O, pour ses partisans, propose aux Burkinabè un autre Burkina. Pour cela, il lui faut être élu au soir du 13 novembre pour pouvoir appliquer son programme de gouvernement. Quelles sont ses chances d’être élu ?

Philippe OUEDRAOGO a bâti sa stratégie de conquête du pouvoir autour de son programme de gouvernement « un autre Burkina est possible ». Dans ce programme il fixe sa vision du développement du Burkina et les mesures qu’il mettra en œuvre pour sortir le pays du sous développement. Le programme est élaboré en 16 axes majeurs dans lesquels tous les chantiers de développement sont pris en compte.

Philippe OUEDRAOGO fait de ses priorités absolues, l’éradication du chômage des jeunes. Cette éradication du chômage se bâtira sur le potentiel déjà existant que sont les cadres et structures commis à cette tâche (DPA/PME, DPSI, FONAPE, FASI etc.) Le candidat compte injecter 15% des capacités d’investissement du budget de l’Etat à la lutte pour le plein emploi.

Le résultat final a atteindre dans la mise en œuvre de cette priorité c’est la création de 100 000 emplois. Dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la formation technique, de l’agriculture et l’élevage, de l’industrie, le candidat a élaboré la stratégie en tenant compte des potentialités du pays et son action prendra forme, soutient-il, en se fondant sur ces potentialités existantes. Il s’agira donc pour Philippe OUEDRAOGO, d’utiliser autrement les ressources du pays pour assurer le développement individuel et collectif des Burkinabè. Un pari qu’il compte atteindre si les Burkinabè lui font confiance au soir du 13 novembre.

Outre son programme de gouvernement, le candidat du PDS, soutenu par le PAI et de la CDS et l’un des 3 de « Alternance 2005 » part à cette bataille électorale avec des avantages sur certains de ses adversaires. Seulement, rien ne garantit que ces avantages dont il dispose, pourront faire la différence au soir du 13 novembre. Et pour cause, dans une élection présidentielle, d’autres facteurs et non des moindres sont à considérer par tout candidat pour espérer faire bonne figure : sont de ceux-là, la notoriété, les moyens financiers, l’assise politique etc.

Long vécu politique, résultat mitigé

Si l’homme capitalise certes un long vécu politique et des qualités de leader non négligeables, l’extrémisme dont son parti, le PAI, a souvent fait montre, n’a pas été pour son bonheur politique. Mis à la touche dès les premiers instants de la RDP pour ses pratiques n’entrant pas dans la vision des choses chez les « pères » de la Révolution, le parti marxiste a longtemps végété à la « périphérie » avant de pouvoir se remettre en scelle après la Rectification.

Les méthodes internalisées depuis les longues années de clandestinité et certaines pratiques gauchisantes qui s’accommodent mal avec le système démocratique ne sont-elles pas desservantes pour le parti et son candidat qui ont grand peine à se positionner sur l’échiquier politique ? Du reste, les contradictions dialectiques entre les mentors du parti ont abouti à ce que tout le monde connaît aujourd’hui : l’éclatement du PAI avec ce combat juridiciaire pour l’appropriation du sigle par les deux leaders que sont Philippe OUEDRAOGO et Soumane TOURE.

Si le PAI n’est plus le parti qui faisait peur aux adversaires, qu’en sera-t-il du candidat qui se réclamerait de ses rangs ? C’est là déjà une donne qui n’est pas à l’avantage de Philippe OUEDRAOGO du reste contraint à se présenter sous la bannière du PDS. Les qualités professionnelles de l’homme sont indéniables. En effet, premier polytechnicien de notre pays, ce natif de Korsimoro a occupé des postes de hautes responsabilités et n’est donc pas novice dans les affaires de la gouvernance.

C’est donc un homme averti qui brigue la magistrature suprême de son pays. Cependant, ses qualités personnelles sont-elles suffisantes pour celui qui propose aujourd’hui un « autre Burkina » aux populations ? La question mérite bien d’être posée parce que, au delà du programme de gouvernement qu’il propose, au-delà des valeurs morales qu’il incarne, Philippe OUEDRAOGO reste peu connu des Burkinabè. L’homme s’est peut-être beaucoup plus investi dans le débat intellectuel qu’il ne s’est « déployé » sur le terrain pour se faire connaître du Burkinabè moyen.

Ainsi, le candidat Philippe OUEDRAOGO gagnerait à développer des stratégies de communication pour améliorer son degré de notoriété auprès de la population en particulier envers l’électorat jeune (entre 18 et 24 ans) qui représente plus de 25 % de la population et est donc non négligeable. Si l’on s’en tient au sondage du CGD, Phil’O dispose-t-il encore du temps nécessaire et surtout des moyens adéquats pour développer cette stratégie de communication ? Rien n’est moins sûr.

Certes, les partisans de Phil’O pensent qu’avec leur candidat « un autre Burkina est possible » mais arriveront-ils à convaincre les Burkinabè ? Tout compte fait, le candidat Philippe OUEDRAOGO a de sérieuses entraves dans sa course au fauteuil présidentiel et la confusion qu’entraîne au niveau des militants le bras de fer judiciaire pour le contrôle du parti n’est pas pour arranger les choses. A cela, il faut ajouter aussi cette alliance contre nature avec « Alternance 2005 ». Alliance que beaucoup jugent préjudiciable au candidat au vu de la composition du regroupement, mais surtout de ses activités quelques peu critiquables.

Le Directeur de campagne de Phil’O est cependant confiant même si la tâche est ardue. Il pense que la chance du candidat réside dans la volonté des Burkinabè à l’alternance, au changement. Un autre Burkina possible avec Phil’O ? La réponse au soir du 13 novembre 2005.

Par Frédéric ILBOUDO
L’Opinion

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