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Esther Barro : « Lorsque j’aurai 35 ans, je vais me présenter à l’élection présidentielle. C’est mon plus grand défi que je veux relever »

Publié le mercredi 10 mars 2021 à 23h00min

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Esther Barro : « Lorsque j’aurai 35 ans, je vais me présenter à l’élection présidentielle. C’est mon plus grand défi que je veux relever »

« Voler de ses propres ailes ». C’est ce que Esther Barro essaie d’inculquer à la jeunesse burkinabè. Juriste de formation et communicatrice par vocation, cette jeune femme possède plusieurs qualités dont les plus prisées en affaire sont l’intelligence, le dynamisme et surtout la passion. Ce qui lui a valu d’être à la tête du Réseau des jeunes filles leaders (RJFL). Elle n’a qu’une devise en tête, celle de toujours aspirer à l’excellence. Mlle Barro nous parle avec « amour » de cette association qui s’illustre depuis sa création en 2018 à travers des activités de formation sur le leadership et l’entrepreneuriat. C’est au siège du RJFL, à Ouagadougou, que nous avons rencontré, le jeudi 4 mars 2021, cette entrepreneure hors pair qui affiche des ambitions politiques. Elle projette se présenter à l’élection présidentielle une fois qu’elle aura atteint l’âge requis (35 ans). Un défi qu’elle compte bien relever.

Lefaso.net : Qu’est-ce qui a motivé la création de votre association ?

Esther Barro : L’idée est venue lorsque j’étais au Niger pour la rencontre inter-organisationnelle des pays d’Afrique de l’Ouest. A la fin de notre séjour, j’ai souhaité avec les filles des autres pays que nous puissions rester en contact afin de mener des initiatives qui vont impacter notre monde. D’où la création du réseau des filles leaders.

Est-ce que vous pouvez nous énumérer vos principaux combats pour la gent féminine particulièrement ici au Burkina Faso ?

Au Burkina Faso, on se focalise sur la formation des jeunes filles, des femmes sur le leadership, l’entrepreneuriat. Nous combattons également les violences faites aux femmes.

Qu’avez-vous accompli jusqu’à présent comme activité depuis la création du réseau en 2018 ?

Depuis la création du réseau, nous avons eu à concrétiser beaucoup d’activités. Nous avons des formations pratiques, des formations en poterie, en fabrication d’objets d’art, et en leadership. Egalement, il y a des domaines dans lesquels les filles aimeraient évoluer par exemple la maitrise de cérémonie. Avec certains mécènes, nous avons initié des formations sur la maitrise de cérémonie, des formations en art oratoire. Aussi, nous avons notre plateforme WhatsApp qui est là. Lors du confinement, nous avons invité des coach-formateurs, des médecins, pour nous donner une formation. Cela se déroulait chaque deux jours dans la semaine.

Nous avons mené dernièrement une activité dans le cadre de la commémoration du 8-mars. C’était une journée de partage d’expériences et d’entraide au sein de l’entreprise Tiges-tore avec un jeune modèle qui inspire et qui motive. Aux côtés de ce dernier, les jeunes filles ont beaucoup appris. Et toutes celles qui n’ont pas commencé à entreprendre vont le faire après cette formation. L’entrepreneuriat de nos jours, c’est la clé du succès total. L’état ne peut pas embaucher tout le monde. Le taux de chômage ne fait qu’accroitre. Donc, l’entrepreneuriat est cette chose qui pourra nous aider.

Que pensez-vous de la condition de la femme burkinabè de nos jours ?

La condition de la femme burkinabè de nos jours est encore pitoyable si je peux me le permettre. Parce que la femme n’a toujours pas son mot à dire. La femme elle-même a peur à cause des pesanteurs sociales et de son entourage. On dit que la femme doit s’occuper de son foyer et de ses enfants. Pourtant, le monde est en train d’évoluer. Et pour suivre cette évolution, la femme doit s’imposer, avoir confiance en elle-même et occuper la place qui lui revient de droit.

Vous dites que la condition de la femme est pitoyable. Qu’est-ce que vous proposez aux jeunes filles pour que demain elles puissent assumer le rôle qui leur revient de droit dans notre société ?

Au sein du Réseau des jeunes filles leaders, nous avons une vision et une mission. Notre vision, c’est impacter le monde à travers nos actions en relevant toujours des défis. Et notre mission, c’est de donner la possibilité à la gent féminine de s’affirmer et d’entreprendre en étant des modèles de leaders. A travers notre vision et notre mission, nous voulons montrer aux jeunes filles, aux jeunes femmes qu’elles ont du potentiel en elles et que le développement du pays ne pourra se faire sans elles. Alors, on les prépare à s’imposer, à initier, à mener des activités et surtout à faire la politique. La politique, c’est l’art de gérer la cité. Au sein du réseau, notre objectif principal, c’est de présenter dans 10-15 ans, une candidate à l’élection présidentielle. Nous allons y arriver si toutefois, nous avons une longue vie.

Vous leur préparer à s’imposer, pas pour se rebeller contre les hommes, n’est-ce pas ?

Notre démarche ce n’est pas pour qu’elles se rebellent contre les hommes. C’est juste prendre la place qui leur revient. Quand la femme est dans une activité, elle prend le soin de bien faire ce qu’elle doit faire. L’homme est égoïste, excusez-moi, contrairement à la femme qui a le sens du partage et de l’honnêteté. Par conséquent, une femme qui gouverne, le pays ne peut que se développer.

Quelle est votre source d’inspiration pour mener ce combat ?

Ma source d’inspiration, ce sont ces personnes de référence qui croient en moi. Ce sont ces personnes de référence qui me soutiennent et qui me disent toujours de ne jamais lâcher. Pour leur montrer que je serai toujours à la hauteur, il faut que j’impacte positivement. Raison pour laquelle je mobilise autour de moi pour initier des activités.

Que pensez-vous du thème du 8-mars de cette année ?

C’est un très bon thème même s’il n’est pas favorable à tout le monde, en particulier les femmes. Nous avons des femmes battantes mais qui sont dans nos campagnes. Dans ce milieu, les femmes ne connaissent pas les réseaux sociaux. On peut voir des opératrices économiques qui sont dans l’agriculture, l’élevage mais elles sont perdues côté numérique. L’avantage qui se dégage de ce thème, c’est plus pour les femmes instruites qui évoluent dans l’entrepreneuriat et dans d’autres domaines d’activités. De nos jours, le numérique ouvre beaucoup plus d’opportunités. Quand on prend les questions de financement à l’interne ou à l’externe, tout est toujours publié sur les réseaux sociaux. Ça ouvre une porte pour les jeunes filles qui veulent entreprendre ou qui sont dans l’entrepreneuriat.

Est-ce qu’au Burkina Faso, il y a des figures féminines qui vous inspirent ?

Il y a évidemment des personnes modèles qui m’inspirent et qui me motivent à être comme elles et même à mieux faire qu’elles. Je peux citer l’actuelle directrice générale de la CARFO, Laure Zongo/Hien ; Malika la slameuse. Cette dernière est une jeune femme super dynamique. Elle est une guerrière dans le monde de l’entrepreneuriat. Elle arrive à concilier sa vie d’artiste et sa vie entrepreneuriale. Cela inspire et ça me motive beaucoup. Il y a également la PDG de Africa mousso, Sandrine Ouédraogo. C’est une dame qui se bat au quotidien et qui reconnait les mérites des femmes battantes du Burkina Faso. Car, elle initie des soirées de distinction de ces femmes.

Quels sont vos grands projets ?

Lorsque j’aurai 35 ans, je vais me présenter à l’élection présidentielle. C’est mon plus grand défi que je veux relever et que je pourrai relever bien évidemment parce que j’y crois fermement et je suis en train de me donner les moyens pour y arriver.

Est-ce que votre association a du soutien ?

Nous avons de nombreuses personnes qui nous soutiennent par des conseils surtout. Parce que ce sont les conseils qui peuvent nous pousser à recadrer notre manière de mener nos initiatives.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au quotidien ?

Des difficultés, il y en a mais c’est minime, parce que nous voyons toujours les difficultés en opportunité. On l’a toujours dit au sein du Réseau des jeunes filles leaders, nous aimons plus les difficultés parce qu’elles nous aident à mettre en action nos méninges, à penser à un plan B pour pouvoir atteindre notre objectif.

Votre mot de fin

J’invite la jeunesse consciente, en particulier les jeunes filles, à travailler sur leur confiance en soi et à se poser les bonnes questions : Quel est mon potentiel ? Qu’est-ce que je vais devenir ? Qu’est-ce que je veux faire pour moi-même, ma famille, mon entourage voire pour mon pays et même le monde entier ? On doit toujours impacter positivement. Pour moi, l’idéal de cette jeunesse d’aujourd’hui, c’est l’entrepreneuriat. Nous devrons entreprendre pour impacter, pour résoudre un problème communautaire et pouvoir s’en sortir.

Egalement, je dis toujours que l’audace a du génie et de la magie. Il faut toujours oser. Parce qu’à la fin on obtient un résultat qui est bien. J’exhorte tout le monde à saisir les opportunités. Car le poète (Paul) Éluard avait dit que le hasard n’existe pas. Il n’y a que des opportunités que l’on doit saisir. Toujours agrandir son réseau, son cercle d’amis et de connaissance. Parce que le monde d’aujourd’hui, c’est un monde de réseautage. Et c’est là qu’on pourra faire des merveilles et aussi avoir une place.

Propos recueillis par Aïssata Laure G. Sidibé et Etienne Lankoandé
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