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Présidentielle 2005 : A vos marques... prêts

Publié le vendredi 21 octobre 2005 à 08h45min

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Plus que 24 heures et la campagne électorale pour le choix du président du Faso va occuper le train-train des Burkinabè, du moins ceux qui s’intéressent à la chose politique, encore que peu ou prou chacun s’y intéresse. En réalité, la précampagne, qui a commencé il y a plusieurs semaines de cela, tenait lieu de campagne déguisée.

Et pourtant, que de tergiversations, de voltes-faces et de péripéties sur fond de bras de fer juridico-politique. En effet, depuis des lunes, l’article 37 de la Constitution fait l’objet de controverse sur sa rétroactivité ou pas. Remanié en 2000, l’article querellé porte sur le mandat présidentiel et dispose que le P.F. est élu pour une durée de 5 ans renouvelable une fois.

Les contempteurs de l’actuel locataire de la présidence estiment qu’il rétroagit et que pour la présidentielle 2005, c’était du Tout sauf Blaise (TSB). Ses thuriféraires par contre arguent que nulle part une loi ne dispose pour le passé, mais plutôt pour l’avenir.

On en était à ces débats mi-politiques, mi-juridiques quand l’actuel directeur de campagne du président sortant martela, en janvier 2005, que "Bien sûr Blaise sera candidat". Depuis, c’est un tir groupé sur le Conseil constitutionnel, sommé à la limite de faire correctement son travail, entendez d’invalider la candidature de Blaise Compaoré.

Le 14 octobre dernier, cette haute juridiction a clos définitivement l’intermède constitutionnel que constituait ce débat et a donné la liste définitive de ceux aptes à compétir, une liste inchangée par rapport à sa première publication datée du 2 octobre : 13 seront sur la ligne de départ.

Il n’en fallait pas plus pour que Me Hermann Yaméogo tourne casaque, brisant, soit dit en passant, cette sorte de fétichisme du chiffre 13 (imagine-t-on ce chiffre dans tous les événements majeurs au bord de la Seine par exemple ?) en ramenant les postulants à 12. En vérité, il faut avouer qu’on voyait les choses venir, et que l’attitude du chantre du tékré ne laissait pas place au doute.

En se retirant, il a confirmé ce à quoi de nombreux analystes s’attendaient. Disons -le tout net : on ne peut pas d’emblée faire table rase des arguments qu’il a avancés pour signer forfait. Que la candidature de Blaise Compaoré pose problème est évident pour le "pays réel". Politiquement, en voulant rempiler pour un troisième mandat, il donne l’impression de vouloir s’accrocher ad vitam aeternam à son fauteuil.

Et les arguments tels "si en 18 ans il n’a pas fait ce qu’il devait faire pour le Burkina, ce n’est pas 5 ans de plus qui y changeront quelque chose" sont de poids. Pour ce qui est du fichier électoral informatisé, Hermann a raison de s’arc-bouter, car une élection se gagne ou se perd selon qu’on a un fichier propre ou tripatouillé.

Mais même face à tout ça, Me Hermann Yaméogo devait-il abandonner la compétition ? Négatif, comme disent les militaires, car lui-même l’a souvent reconnu, la politique de la chaise vide est inopérante et s’avère à la longue être synonyme de hara-kiri politique. Si en 1991 tout était vicié et que Blaise est allé solitairement à la recherche de l’onction populaire, si en 1998 il était accompagné par deux comparses, en 2005 "il y a du ballon sur gazon", pour emprunter un langage sportif.

Et puis, une élection a-t-elle jamais été totalement propre sous nos tristes tropiques ? Enfin, le Burkina fait l’expérience de l’informatisation du fichier électoral. Alors autant faire avec. C’est pourquoi d’aucuns voient dans ce jet d’éponge un refus de livrer une double bataille. Il y a d’abord la bataille dans la bataille qui va opposer les ... opposants entre eux.

Le scrutin de novembre a valeur de test pour ces candidats. Hermann craint-il d’être distancé par Me Sankara, confirmant Fasobaromètre II, le sondage du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) réalisé en septembre ? ou par un Bado Laurent éclaboussé par cette ténébreuse affaire de 30 millions ? Enfin, il y a le combat contre Blaise. A-t-il peur d’être le cendrillon de la Fable face au chef de l’Etat sortant ?

Pour tout dire, Hermann Yaméogo redoute-t-il une Bérézina électorale ? Il parle de position commune au sein d’Alternance 2005. En partant de ce postulat, pourquoi les 2 autres candidats ne lui ont pas emboîté le pas ? En tout cas le retrait d’Hermann entache cette élection, car, quoiqu’on dise, il est le candidat en vue, qui a de l’envergure, et les Burkinabè attendaient beaucoup du duel Blaise - Hermann, qui n’aura peut-être plus jamais lieu.

De ce fait, le président de l’UNDD entend opposer à ce qu’il appelle une violation de la Constitution "une désobéissance civile pacifique". Encore que l’article 167 de la Constitution relatif à cette désobéissance civile, parle de pouvoir non issu de la légitimité, autrement dit de putsch. Mais comme Hermann évoque un coup d’Etat constitutionnel...

Exception faite donc de ce grain de sable dans la présidentielle, dès demain, le vrai compte à rebours va commencer. Chaque candidat a pris ses marques. Ainsi par exemple, alors que Bado fera son premier meeting à Pô, Me Sankara sonnera le cor du rassemblement à Gaoua, tandis que Gilbert Bouda fera retentir le boutte-selle à Fada et que Blaise sera à Bobo.

Trois semaines durant, les 12 prétendants au fauteuil de président du Faso essayeront chacun de convaincre ses électeurs qu’il a le meilleur projet de société pour le pays. Ce devrait être un débat d’idées, de programmes, où chacun fera prévaloir ses arguments, certes dans la passion, mais en ne perdant pas de vue qu’il faut toujours éviter les 2 extrêmes dans toute chose, à savoir "la ségrégation murée dans le particulier ou la dilution dans l’universel", comme disait Habib Boularès, cette grande personnalité politique tunisienne. A vos marques ! Que le fair-play soit omniprésent et que le meilleur gagne !

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur

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