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Journée Internationale de la Femme : Coup de projecteur de l’AFD sur les oubliées du 8 mars au Burkina Faso

Publié le dimanche 7 mars 2021 à 22h54min

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Journée Internationale de la Femme : Coup de projecteur de l’AFD sur les oubliées du 8 mars au Burkina Faso

Le centre Delwendé de la communauté des Sœurs missionnaires d’Afrique accueille à Ouagadougou des femmes accusées de sorcellerie et jetées au ban de la société burkinabé. Des femmes âgées que l’AFD a décidé de mettre notamment à l’honneur, à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme, en leur offrant à chacune des pagnes Faso dan fani tissés pour elles et en partageant des moments très forts en émotions.

Centre Delwendé de Sakoula en périphérie de Ouagadougou. Elles sont 190, là, âgées, recluses, oubliées de tous, frappées d’infamie parce qu’accusées de sorcellerie. Cette institution, tenue par les Sœurs missionnaires d’Afrique, est la seule à les considérer et à les recueillir en toute humanité.

"Le centre compte 190 pensionnaires parmi lesquels 5 hommes (…) Auparavant le centre recevait toutes sortes de patients atteints de troubles mentaux. Aujourd’hui, [ce sont surtout les personnes accusées de sorcellerie]. Des accusations qui causent beaucoup de dépressions, et de pathologies liées à l’émotionnel », explique Soeur Vickness Muleya en préambule de la rencontre.

Ici, les femmes mènent plusieurs petites activités économiques parmi lesquelles le filage de coton, le jardinage, l’élevage, la fabrication du soumbala (un condiment local), de savon, ou encore le recyclage des déchets.

Mais elles restent totalement marginalisées. Aussi Sœur Vickness, au nom de chacun et chacune, témoigne-t-elle d’une profonde reconnaissance quant à la visite de l’AFD au centre. « Je vous remercie pour ce que vous avez fait aujourd’hui. C’est un don magnifique pour les pensionnaires d’avoir le contact avec vous », confie-t-elle.
Surtout à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme.
Et de rappeler, dans son introduction, l’évolution, malgré tout, de la condition féminine, mais aussi les progrès qu’il reste à faire, avec la volonté « d’avancer en développement vers l’émancipation totale de la femme dans notre société ».

Triste phénomène de société que ce centre. Ce sont sur ces femmes, sur ces grands-mères, frappées du plus cruel ostracisme, que l’AFD a tenu à faire un focus pour la journée du 8 mars. Car elles font aussi parties des multiples facettes de la Femme Sahélienne.

Près de vingt personnels AFD ont répondu spontanément présents à l’appel dans une délégation conduite par le Secrétaire Général de la Direction régionale Grand Sahel, Hervé Kahane, qui reconnaît avoir été « profondément touché » par la rencontre. « Je pense qu’on a tous été émus », témoignera-t-il à l’issue de l’évènement.

« Quand on regarde les problématiques de genre, on constate une inégalité en matière de droits fondamentaux. Ces femmes ont perdu toute reconnaissance sociale », explique Anne-Marie Zouré Sawadogo, Chargée de mission Genre et Education à l’AFD Direction régionale Grand Sahel.

En organisant cette rencontre l’AFD souhaite « interpeller les consciences » quant à ces femmes bannies par leur famille. Des femmes plongées dans un dénuement social des plus extrêmes. Des femmes à qui on ne permet tout simplement plus d’exister.
Pour leur rendre hommage l’idée est simple. Il s’agit de leur confectionner des pages faso dan fani pour la Journée Internationale de la Femme et d’aller les leur remettre en personne en passant un moment avec elles.

Si au départ, l’ambiance est quelque peu protocolaire, la posture du groupe et le prétexte de la rencontre brisent la glace. Et c’est chaque femme du centre que chacun et chacune ira symboliquement draper du pagne hommage. Les visages se détendent, retrouvent des sourires que l’on devinait rares. Jusqu’à la joie. Une joie en partage. Au point de sortir les tambours pour une fête tout à fait improvisée. Au point, à la fin, de danser pour célébrer.

Un contraste saisissant qui montre à quel point il est possible d’impacter des personnes avec la seule force de la considération que l’on peut avoir à leur égard. Les collaborateurs et collaboratrices présents, qui représentaient essentiellement des métiers support, ont pu, grâce à cette immersion sur le terrain, donner encore plus de sens à leur travail à l’AFD.

Le fait qu’elles tissent toutes du coton pour contribuer aux moyens de subsistance du centre donne, par exemple, une petite idée de développement à Noelie Coulibaly, gestionnaire. Elle imagine équiper les femmes de métiers à tisser pour qu’elles transforment sur place le fil et qu’elles augmentent ainsi leurs sources de revenus. Simplicité de l’évidence.

Reste que le vœu le plus cher émis par les femmes de Delwendé est de retrouver leur famille, leur vie d’avant. « On pourrait mobiliser des psychologues, des assistantes sociales pour des prises en charge individualisées afin de les aider à renouer ces précieux liens », réfléchit quant à elle Anne-Marie.

Les idées sont là, plantées dans le terreau fertile de la journée.
Et quand on écoute le poignant témoignage d’Antoinette, pensionnaire depuis 6 ou 7 ans, on se rend mieux compte de la souffrance et du déchirement que peuvent occasionner des allégations de sorcellerie. Elle qui a tout perdu de sa vie d’avant.

Un témoignage qui est une ode au respect et à la dignité humaine, et en particulier de la Femme. Un témoignage qui nourrit une interpellation nécessaire.
Retrouvez ci-dessous en images toute l’ambiance d’un 8 mars pas comme les autres.
DIAPORAMA

Et le Directeur de l’agence de Ouagadougou, Gilles Chausse, de conclure : « Reconstruire du lien social tout comme lutter contre l’ignorance sont au cœur à la fois des missions, des stratégies et des actions financées par l’AFD au Burkina Faso.
Nous œuvrons, par notre engagement dans ce pays, pour des sociétés encore plus humaines. A travers cette initiative simple, l’équipe de l’agence de Ouagadougou est fière d’avoir permis de montrer que des actions de solidarité nous rappellent les défis qu’il convient de relever, en particulier en faveur des femmes. Au-delà du seul 8 mars, sur la durée, ‘On est ensemble’, aussi pour ces causes ».

Visitez le site de l’Agence Française de Développement (AFD) www.afd.fr


A l’occasion de la Journée Internationale de la Femme au Burkina Faso, l’AFD propose un regard singulier sur différentes facettes de la Femme Sahélienne à travers une mini série d’articles découverte. L’exclusion, la paix, l’entrepreneuriat, le développement, autant de thèmes abordés sous le prisme d’initiatives de femmes symboles qui font bouger les lignes.

David Cadasse, Ifrikia Kengue et Anne Marie Sawadogo Zouré (AFD DR Sahel)

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Vos commentaires

  • Le 8 mars 2021 à 08:55, par DRUELLE En réponse à : Journée Internationale de la Femme : Coup de projecteur de l’AFD sur les oubliées du 8 mars au Burkina Faso

    Fidèle lectrice de votre journal depuis la France et présidente de l’association LAFI BÉMÈ présente à Zorgho depuis 1988, je me permets cette remarque : Le 8 mars est la journée internationale des droits des femmes (et non la journée internationale des femmes). Défendre les droits des femmes en France, au Burkina Faso et partout dans le monde est un combat quotidien. Merci pour votre travail.

  • Le 8 mars 2021 à 14:27, par Ka En réponse à : Journée Internationale de la Femme : Coup de projecteur de l’AFD sur les oubliées du 8 mars au Burkina Faso

    Le 8 mars ! la journée internationale des droits des femmes. A toutes les femmes du monde, ’’’Bonne Journée de vos droits bien mérités, dont je dédie cet écris a ma mère qui n’est plus de ce monde, et à ma moitié dont j’ai préparé moi-même le poisson braisé pour l’occasion. Un homme qui prépare à sa femme, est considéré autrefois ’’un sacrilège,’’ comme dans les années 1970, à mon retour après mes études, à Tampouy une banlieue de Ouagadougou à l’époque, quand je préparais quelques plats pour ma petite famille, mes promos me disaient, tu es devenus ’’’’Femme.’’’’ Une faute que nous avons corrigée avec notre révolution inachevée dont on n’a décrété notre propre journée de la femme : Car, pour nous les partisans du RDP, ’’c’est honteux à celui qui ne fait pas mieux que son père.’’

    Et comme je cesse de le dire dans le forum de Lefaso.net, ’’’’la femme a toujours été le poumon du développement depuis la nuit des temps dans ce bas monde,’’’’ surtout au Burkinabé ou elle est avant tout, la racine familiale que ça soit à l’intérieur ou à l’extérieure du pays. Nous pouvons citer que des associations comme LAFI BÉMÈ présente à Zorgho depuis 1988 de madame DRUELLE, ou l’association des femmes de Zabré de Monique Kaboré devenu des femmes sans Frontière, des associations qui ont élevé le nom de la femme par leurs actions qui les a valorisées : Ou des femmes Burkinabé de la diaspora en France ou aux Etats Unis et ailleurs, qui ont économisé sous par sous, et devenir des propriétaires des taxis : Des ouvrières devenus des chefs d’entreprises avec des emplois au Burkina dont nous sommes fière.

    En cette journée ou les droits de la femme sont célébrés, nous ne pouvons pas oublier celles considéré dès la fin du 19e siècle à nos jours, les vraies battantes et les plus puissantes de l’histoire, a ne cités que la femme la plus puissante d’Israël Golda Meir, La première ministre indienne Gandhi, Angel Merkel Chancelière, Christine Lagarde de la FMI, allant a notre sœur Africaine Ngozi Okonjo-Iweala de l’OMC, et j’en passe.

    Je ne terminai pas mon commentaire sans se souvenir d’une jeune génération de femme Burkinabé durant la révolution et après, ont montré à leurs sœurs que la bataille pour le droit de la femme face aux hommes, est une bataille sans limite. Je rends hommage aux femmes qui ont participé au premier Gouvernement du RDP et aujourd’hui continuent leur noble combat, ’’’’’madame Adèle Ouédraogo, madame Joséphine Ouédraogo, madame Rita Sawadogo, des femmes d’exemples. Sans oublié des symboles comme Bernadette Palé, ou des femmes libres de la révolution comme Fatou Diendéré. Toutes ces femmes, qu’elles soient puissantes, symboles, libres, savent que le chemin parcouru pour leurs droits était très sinueux, et continu de l’être le 8 Mars 2021. Bonne fêtes de la journée internationale des droits des femmes a toutes et tous. Bravo a l’AFD.

  • Le 8 mars 2021 à 16:01, par un observateur En réponse à : Journée Internationale de la Femme : Coup de projecteur de l’AFD sur les oubliées du 8 mars au Burkina Faso

    Petite précision, on dit :
    La Journée internationale des femmes (selon l’appellation officielle de l’ONU ; en anglais, International Women’s Day ou IWD), également appelée journée internationale des droits des femmes dans certains pays comme la France.

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