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Marche mondiale des femmes pour la paix : Déclaration des femmes de l’UNDD

Publié le mercredi 19 octobre 2005 à 06h26min

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A l’occasion des manifestations marquant la célébration de « la grande marche des femmes pour la paix », les femmes membres de l’Union nationale pour le développement et la démocratie (UNDD) de Me Hermann Yaméogo ont fait parvenir à notre rédaction, une déclaration que nous vous invitons à lire...

Nous, femmes de l’Union nationale pour le développement et la démocratie (UNDD), dont certaines ont lutté activement pour préparer la grande Marche des femmes pour la paix, voudrions souhaiter la bienvenue à nos sœurs du monde entier qui assisteront à Ouagadougou, pour 72 heures du 15 au 17 octobre prochains, aux manifestations prévues et particulièrement à celle du 17 octobre qui verra le baptême d’une statue sur une place publique, et à l’occasion de laquelle la Charte des femmes sera remise aux autorités.

Nous sommes heureuses de vous accueillir au Faso, ce pays dont les qualités d’hospitalité, d’ardeur au travail, au courage, ont été vantées par d’illustres personnalités dont le Général de Gaulle, et qui est devenu la Patrie des Hommes intègres.

Soyez les bienvenues dans ce pays qui est aussi celui de Thomas Sankara, de Norbert Zongo. Comme l’a écrit la célèbre organisation ATTAC, il y a « 2005 bonnes raisons de marcher » car les valeurs défendues par la Charte Mondiale des femmes pour l’humanité qui sont l’égalité, la liberté, la solidarité, la justice et la paix, sont des valeurs universelles et dont le monde a tant besoin. Chaque femme doit lutter pour qu’elles soient ancrées dans les consciences et lutter pour qu’elles soient une réalité.

Mais nous nous devons de ne pas cacher à nos hôtes, les aspects qui seront peut-être édulcorés à l’occasion de ces réjouissances. C’est que notre pays va mal et que la paix est en danger. Pourquoi ? II faut le dire tout simplement à cause de tous ces crimes de sang impunis (plus de 100 répertoriés par le MBDHP), de la mal gouvernance, d’une démocratie vidée de son sens, des ingérences à l’extérieur et surtout d’une monarchisation en cours du régime qui fait craindre le pire car les Burkinabè, comme les citoyens du monde entier, n’ont pas envie de subir la dictature, même voilée.

Femmes du monde entier, ce que vous devez savoir, c’est que la gouvernance au Faso s’est dévoyée car les tenants du régime ont négligé les pauvres qui sont de plus en plus pauvres au Faso, et vous savez bien que, comme de bien entendu, ce sont les femmes qui en paient le prix le plus fort. Alors que les institutions internationales ont largement aidé le Faso, ces sommes ont servi à une poignée de dirigeants qui se sont développés à telle enseigne que, selon le célèbre Père blanc vivant dans notre pays depuis des décennies, le Père Balemans, les banques suisses regorgent actuellement d’argent provenant de notre cher pays.

Femmes du monde entier, ce que vous devez encore savoir que la démocratie n’est pas ce qu’elle devrait être, c’est une démocratie « Canadry dry » du goût de cette boisson dont la bouteille a l’aspect d’une bouteille d’alcool mais qui n’est pas de l’alcool et qui est totalement insipide à la consommation. Et ce que vous devez aussi savoir, c’est que les quelques avancées démocratiques que l’opposition avait obtenues par ses multiples luttes, ont toutes été remises en cause (et c’est de notoriété publique) par le pouvoir depuis 2002. Mais femmes du monde entier, il y a plus que cela.

Au moment où vous fêterez ce grand jour de paix, ici, il y aura eu un crime contre la démocratie, un crime contre la Constitution qui aura été commis car chacun sait que le Conseil constitutionnel va autoriser le président sortant, Blaise Compaoré, qui a déjà 18 ans de pouvoir, à se représenter en dépit de l’article 37 de la Constitution qui stipule que le mandat présidentiel est de deux termes et pas plus. Vous voyez, chères sœurs, qu’avec de telles atteintes à la loi fondamentale, le pays ne peut espérer vivre dans la paix.

Ce que vous verrez est factice ; tout le monde sortira, car c’est ainsi en dictature même voilée, pour faire la fête avec vous mais le cœur de nombreux Burkinabè, de nombreuses femmes du Faso, sera en deuil car avec ce crime, nous aurons la corde au cou puisque le président sortant, qui entend passer en force grâce à une Commission électorale aux ordres, passera en force et nous l’aurons encore comme candidat en 2010 et si Dieu lui prête vie, il pourra à nouveau modifier la constitution pour rester jusqu’à la mort. Est-ce comme cela qu’on doit concevoir la démocratie ?

Votre Charte, qui est aussi la nôtre, ne lutte-t-elle pas contre l’injustice ? Eh bien, ce qui se passe au Burkina est une grande injustice et nous femmes de l’UNDD, tenions à vous le dire. Nous tenions à vous ouvrir notre cœur, simplement, car nous savons que vous pouvez nous comprendre. Aidez-nous pour que partout, l’on sache ce qui se passe au Faso, où la paix est en danger.

Merci d’avoir pris le temps de nous lire

(Pour le symbole, cette Déclaration sera distribuée en 2005 exemplaires, moitié en français et moitié en anglais, à l’occasion des cérémonies).

Ouagadougou, le 13 octobre 2005

Pour la Secrétaire à la Promotion des femmes de l’UNDD
Annette BAZEMO

Sidwaya

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