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Limitation des partis politiques : Formons plutôt des « citoyens techniquement compétents et politiquement conscients », avise Ousmane So

Publié le mercredi 17 février 2021 à 23h35min

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Limitation des partis politiques : Formons plutôt des « citoyens techniquement compétents et politiquement conscients », avise Ousmane So

Dans cette tribune, Ousmane So, président de la Convergence Citoyenne Panafricaine (CCP), Société civile, apporte sa contribution au débat sur la limitation des partis politiques au Burkina. Selon lui, « la pléthore de partis ou de formations politiques n’est pas le principal problème de notre démocratie ». Pour cela, il opte pour la formation de « citoyens techniquement compétents et politiquement conscients ».

Le 4 février 2021, à la faveur de la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Premier ministre Christophe Dabire devant l’Assemblée nationale, le Président Alassane Bala SAKANDE par la formule d’un plaidoyer a mis sur la place publique la récurrente question de la pléthore des partis politiques tout en prenant cause pour une limitation.

Pour sa défense le Président du Parlement a prononcé l’argumentaire suivant : « J’ai vu sur le terrain, le nombre de partis politiques qui ont fait campagne. Ils ne dépassaient pas la trentaine, sur les 80. En faisant ça, on gaspille du papier, et on met en difficulté nos populations dans le choix des candidats. Ces partis gagnent du financement. Donc c’est trop facile pour quelqu’un de ne rien faire et à la veille de l’élection on se porte candidat en sachant qu’on aura quelques subsides. (...) Ayons le courage de crever l’abcès et de poser le problème. Je sais que c’est sensible, mais je me jette à l’eau : je propose que le gouvernement puisse avoir un œil sur la question. Il faut travailler à la limitation des partis politiques, des candidatures fallacieuses aux élections législatives, municipales et présidentielles ».

Cette sortie de Alassane Bala SAKANDE vient réconforter la frange de l’opinion pour laquelle le grand nombre de formations politiques et les légèretés constatées dans la mise en œuvre de leurs missions sont un danger pour le raffermissement de notre démocratie en construction.

La question sur la limitation des partis politiques étant ainsi soumis à l’appréciation de l’opinion, le "libre penseur" que je me réclame viens à travers une analyse concise apporter de la terre à terre au débat en gestation.

D’ores et déjà, il sied de rappeler que la création d’un parti politique au Burkina Faso est encadrée par des textes de lois contenus dans la constitution. En effet, le Titre 1 chapitre 2 de notre loi fondamentale intitulé Des droits et devoirs politiques précise à son article 13 : « les partis et les formations politiques se créent librement. Ils concourent à l’animation de la vie politique, à l’information et à l’éducation du peuple ainsi qu’à l’expression du suffrage. Ils mènent librement leurs activités dans le respect des lois. Tous les partis ou formations politiques sont égaux en droits et en devoirs. Toutefois ne sont pas autorisés les partis ou formations politiques tribalistes, régionalistes, confessionnels ou racistes ».

L’article 13 de la Constitution énonce clairement les conditions de création et d’existence d’un parti ou d’une formation politique. Il va loin en précisant les cas dans lesquels les partis ou les formations politiques ne sont pas autorisés.
À parcourir cette loi, il n’a jamais été affirmé que la limitation des partis ou des formations politiques est autorisée. Mieux, il n’est pas aussi mentionné que la pléthore de partis ou de formations politiques n’est pas autorité.

La limitation des partis ou des formations politiques dans notre contexte constitutionnel actuel est une violation flagrante de la loi fondamentale burkinabè.
Le législateur par malice pourrait ruser avec la loi en intégrant des conditions surtout matérielles pour empêcher la création libre des partis et des formations politiques tel qu’inscrit dans la Constitution. Cette dynamique serait tout aussi une violation de la Constitution à son Titre 1 Chapitre 1 (droits et devoirs civils), article premier qui stipule : « Tous les Burkinabè naissent libres et égaux en droits. Tous ont une égale vocation à jouir de tous les droits et de toutes les libertés garantis par la présente Constitution. Les discriminations de toutes sortes notamment celles fondées sur la race, l’ethnie, la religion, la couleur, le sexe, la langue, la caste, les opinions politiques, la fortune et la naissance, sont prohibées ».

À notre sens, la pléthore de partis ou de formations politiques n’est pas le principal problème de notre démocratie. Tout réside dans la capacité du citoyen à connaître la politique, à comprendre les enjeux politiques, à saisir les tenants et les aboutissants des orientations politique et à se déterminer en mettant en avant l’intérêt supérieur du pays. En lieu et place de la limitation des partis ou des formations politiques, j’opte pour la formation de "citoyens techniquement compétents et politiquement conscients’’.

Le "techniquement compétent" devrait s’illustrer à travers un système éducatif de qualité permettant au peuple d’intégrer le marché de l’emploi avec une connaissance pointue de l’État et des fondements du pays.

Le "politiquement conscient" devrait être la résultante de la formation politique administrée aux citoyens par les partis politiques en privilégiant l’information vraie et une éducation politique conséquente au même titre que l’expression du suffrage.

Le citoyen "techniquement compétant et politiquement conscient" aurait privilégié l’intérêt supérieur du pays plutôt que de mordre à l’hameçon de la fraude et la corruption électorale tendu par les partis politiques pendant le double scrutin présidentiel et législative du 22 novembre 2021 tel que révélé dans le rapport observation du REN-LAC rendu public le 11 février 2021. Ce rapport égrène entre autres ces chiffres suivants sur la corruption électorale lors des élections du 22 novembre :

- Distributions d’argent : 43% ;

- Distributions de carburant : 16% ;

- Partage de tee-shirts : 14% ;

- Dons en nature : 14% ;

- Utilisation des biens de l’Etat : 5% ;

Comme illustré, la limitation des partis ou des formations politiques n’est pas uniquement la panacée pour assainir le milieu politique. La solution pourrait venir par contre de la prise de conscience des acteurs politiques pour l’intérêt supérieur du pays doublée d’une conscience politique élevée du peuple.

Ousmane SO

Président
Convergence Citoyenne Panafricaine (CCP), Société Civile

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Vos commentaires

  • Le 17 février 2021 à 17:14, par HUG En réponse à : Limitation des partis politiques : Formons plutôt des « citoyens techniquement compétents et politiquement conscients », avise Ousmane So

    Comment avoir des politiciens conscients monsieur. Donc vous voulez obliger ceux qui veulent faire la politique a faire l ecole de la politique ou bien ? Voyez cela est une realite dans les pays democratiques.la politique est concue comme une profession ayant une ethique et une deontologie. C est pourquoi le revirement des sois disant opposants pour rejoindre la majorite n existe pas. Mais ici on se leve un beau matin on se leve et on dit je fais de la politique pour avoir l argent.

  • Le 17 février 2021 à 20:53, par André Eugène Ilboudo En réponse à : Limitation des partis politiques : Formons plutôt des « citoyens techniquement compétents et politiquement conscients », avise Ousmane So

    Quand vous voulez vous faire payer une facture, le timbre est de 500f. Vous voulez un acte de naissance le timbre est de 200f. Si vous voulez légaliser un contrat une page reçoit un timbre de 400f. On vous demande de renouveler votre parti tous les ans en collant un timbre de 5 000 000f sur la demande. Vous voulez être président, vous collez sur le formulaire un timbre de 100 000 000f, pour la députation, on fait barka avec un timbre de 20 000 000f. Y a quel problème ? Y a t’il pas des ONG qui aident des gens à faire leur acte de naissance et CNIB. Ici on demande aux militants des partis de cotiser et de payer les timbres pour que l’Etat gagne l’argent. Et avec ça, il y a des gens qui disent non, les citoyens honnêtes n’ont qu’à cotiser, à travers les impôts, pour donner à des plaisantins.

    • Le 17 février 2021 à 23:01, par Gans-gans En réponse à : Limitation des partis politiques : Formons plutôt des « citoyens techniquement compétents et politiquement conscients », avise Ousmane So

      Mr Ilbouda ce vous dites est très grave si je peux m’exprimer ainsi, rythme notre démocratie en adéquation aux moyens financiers c’est prôner la plutocratie, monnaitariser notre démocratie et faire davantage de notre politique un terrain de business, au lieu du noble art de la gestion de la cité. S’il faut miser des gros moyens pour participer au commande des choses, ne soyez pas étonné qu’une fois au pouvoir des gens fassent des retours sur investissement ainsi la corruption et autres.

      Je propose plutôt le regroupement des tendances idéologiques et politiques : les socio-democrates, les libero-democrates, les sankaristes, etc. Demander aux partis existants et d’éventuels créateurs de se rallier à ces grandes tendances en fonction de leur idéologie. Alors chaque regroupement organise des primaires en son sein pour désigner ses candidats aux différentes élections par des débats d’idées.

      • Le 18 février 2021 à 04:52, par Tiibo En réponse à : Limitation des partis politiques : Formons plutôt des « citoyens techniquement compétents et politiquement conscients », avise Ousmane So

        Montrez nous CONCRÈTEMENT comment vous faites pour les regrouper. Decrivez nous la méthode. Visualisez les étapes à suivre. La discussion n’est pas au brassage d’air. Si vous êtes d’accord qu’il n’y a pas cent idéologies et qu’il faut limiter le charlatanisme, Montrez comment faire. En dehors de ceux qui ont intérêt à penser que 3 personnes regroupées est un parti, personne ne défendra sérieusement 200 partis au Burkina. Quant à la ploutocratie, c’est votre droit de vous fermer les yeux. Même pour publier le manifeste, la petite feuille de photocopie vous coûte de l’argent. ’’ je vous aime’’ n’a jamais fait élire quelqu’un.

      • Le 18 février 2021 à 04:54, par Tiibo En réponse à : Limitation des partis politiques : Formons plutôt des « citoyens techniquement compétents et politiquement conscients », avise Ousmane So

        Montrez nous CONCRÈTEMENT comment vous faites pour les regrouper. Decrivez nous la méthode. Visualisez les étapes à suivre. La discussion n’est pas au brassage d’air. Si vous êtes d’accord qu’il n’y a pas cent idéologies et qu’il faut limiter le charlatanisme, Montrez comment faire. En dehors de ceux qui ont intérêt à penser que 3 personnes regroupées est un parti, personne ne défendra sérieusement 200 partis au Burkina. Quant à la ploutocratie, c’est votre droit de vous fermer les yeux. Même pour publier le manifeste, la petite feuille de photocopie vous coûte de l’argent. ’’ je vous aime’’ n’a jamais fait élire quelqu’un.

      • Le 18 février 2021 à 05:09, par Tiibo En réponse à : Limitation des partis politiques : Formons plutôt des « citoyens techniquement compétents et politiquement conscients », avise Ousmane So

        Je suis convaincu que si pour créer un parti, cela coûte 5 000 000 issus des cotisations des militants fondateurs chaque année, on n’aurait pas la multiplication des partis par scission. Allez demander au chef de parti. Sa maison est le siège. Et quand il convoque une réunion, il doit assurer la pause café pour tous et le carburant retour pour certains. Franchement je n’aime pas les militants garibous. La meilleure façon de gagner un combat est de frapper là où ça fait mal. Les partis veulent de l’argent et regardent dans l’assiette de nos impôts ? Qu’il commencent par payer.

  • Le 17 février 2021 à 22:56, par verso En réponse à : Limitation des partis politiques : Formons plutôt des « citoyens techniquement compétents et politiquement conscients », avise Ousmane So

    Et si on appliquait d/abord la Limitation des partis politiques parce que rapide a mettre en oeuvre et lorsque tous les citoyens seront formés techniquement avec la compétents et politiquement conscients alors seukement aloes on retirera la loi limitative.

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