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Salaires des membres du gouvernement : « Nos gouvernants apparaissent aujourd’hui comme des acteurs qui ne respectent pas la loi », Dr Daouda Diallo

Publié le mercredi 17 février 2021 à 00h17min

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Salaires des membres du gouvernement : « Nos gouvernants apparaissent aujourd’hui comme des acteurs qui ne respectent pas la loi », Dr Daouda Diallo

Alors que le gouvernement étend l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) aux primes et indemnités des fonctionnaires du public, des ministres perçoivent une rémunération salariale mensuelle plus élevée que ce à quoi ils ont droit. En tout cas, du point de vue du décret 2008 portant rémunération du Premier ministre, des présidents d’institutions et des membres du gouvernement.

De l’analyse du Centre d’information, de formation et d’études sur le budget, il ressort que de 2016 à 2020, les ministres des gouvernements issus du premier mandat du Président du Faso, Roch Kaboré, se sont servis environ 2 090 741 505 FCFA du budget de l’Etat. Des syndicalistes suivent avec dépit et colère cette situation. Dans le micro-trottoir que Lefaso.net a réalisé, ils ont toutefois exigé le respect de cette loi.

Dr Daouda Diallo, défenseur des droits humains

J’ai suivi avec une grande attention le rapport du CIFOEB qui est revenu sur les salaires des membres du gouvernement, et les anomalies qui entourent ces salaires. Ce que je retiens, c’est que les salaires des membres du gouvernement ne sont pas en conformité avec la loi en vigueur.

De telle sorte que nos gouvernants apparaissent aujourd’hui, comme des acteurs qui ne respectent pas la loi. Pourtant cela ne devrait pas être le cas parce qu’ils sont chargés de veiller au respect de la loi et à son application sur le terrain. Je trouve que ce n’est pas intéressant pour des responsables d’un gouvernement. Il serait bien qu’ils relisent la loi pour être en conformité avec ce qu’ils perçoivent en termes de spéculation et en termes de salaire.

Amadou Traoré, secrétaire général adjoint de l’Union locale du Kadiogo de la CGT-B

Je ne dirai pas de réduire les salaires des membres du gouvernement parce que je sais qu’ils ont des charges très élevées, des exigences beaucoup intenses. Mais il faut légiférer sur cette question et travailler à ce qu’elle soit en conformité avec la loi et également donner le bon exemple depuis le haut. Cela va contribuer à réconcilier les gouvernants et les gouvernés.

Amadou Traoré, secrétaire général adjoint de l’Union locale du Kadiogo de la CGT-B

Concernant les salaires des ministres, si l’on s’appuie sur l’analyse du CIFOEB, c’est un acte gravissime. Au moment où le gouvernement parlait de la remise à plat des salaires, nous avons demandé à ce qu’on rassemble tout ce qu’il y a comme richesse dans notre pays y compris les salaires des ministres et du président pour voir comment équilibrer les salaires.

Malheureusement, notre proposition a été mal vue. Pourtant, nous avons fait ressortir que le gouvernement ne respectait pas les textes qui prévoyaient la fixation de leurs salaires. Par ailleurs, lorsque nous avons engagé une lutte contre la question de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS), le ministre de l’Economie, en son temps, Rosine Coulibaly, a fait savoir qu’une loi a été votée donc il faut l’appliquer.

Yedan Safantié, retraité

Mais pourquoi, le gouvernement à son tour, peine à appliquer le décret 2008 ? S’ils (les membres du gouvernement) veulent réellement montré qu’ils sont des vrais citoyens burkinabè et qu’ils veulent le bien du Burkina Faso, qu’ils lèvent leur humilité pour se mettre à la disposition de la justice. Nous verrons maintenant qui se bat pour le bien-être du peuple. Si aujourd’hui, le CIFOEB montre ses informations, nous nous ne pouvons qu’être heureux.

Yedan Safantié, retraité

Ce que j’ai appris est grave. Pourtant, il y a une loi qui fixe les salaires des ministres. On vient de sauter les verrous et c’est ce qui fait mal. Pendant ce temps, on élargie les impôts et l’IUTS sur des travailleurs. On a chassé l’ancien président Blaise Compaoré pour rien. C’est ôte-toi de là pour que je m’y mets. C’est tout. Le gouvernement actuel est plus budgétivore que Blaise Compaoré. Personne ne peut me convaincre du contraire.

Propos recueillis par Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 16 février 2021 à 17:53, par A qui la faute ? En réponse à : Salaires des membres du gouvernement : « Nos gouvernants apparaissent aujourd’hui comme des acteurs qui ne respectent pas la loi », Dr Daouda Diallo

    Le problème c’est que les gouvernants veulent passer pour des Sankaristes, paraître altruistes aux yeux des burkinabè. Tout le monde sait que ce sont des hommes d’affaires. Ils passent quelques années au gouvernement et entre les caisses noires, les 10% des marchés et les salaires littéralement volés ils payent toute une vie de princes à leurs enfants. C’est ça qui est insultant. Si le texte disait qu’un ministre est payé à 10 millions par mois, ils auraient plus de mal à faire passer les multiples taxes, l’IUTS, les fonds communs des financiers. Donc ils volent. C’est une honte pour un pays qui vit de la mendicité internationale

  • Le 16 février 2021 à 19:15, par Sidpassata Veritas En réponse à : Salaires des membres du gouvernement : « Nos gouvernants apparaissent aujourd’hui comme des acteurs qui ne respectent pas la loi », Dr Daouda Diallo

    - J’espère que le ministre chargé de la réconciliation nationale va se saisir de cette crise nation concernant les rémunération en générale, pour voir comment réconcilier les uns avec les autres sur la base de la justice et de l’équité.
    - En ce qui concerne le cas spécifique de la rémunération des ministres, c’est une honte nationale : non seulement ce sont des sommes astronomiques, au regard de la condition économique du citoyen moyen, mais c’est de surcroit illégal/ Comment ces dirigeants peuvent-ils inspirer confiance aux burkinabè qui ont à cœur le relèvement de leur pays ? Comment pouvoir espérer raisonnablement que ces gens qui se servent ainsi dans les caisses de l’État puissent être de farouches défenseurs des intérêts de leurs populations dans les instances internationales ?
    - Et dire que ce sont les mêmes qui ont imposé de opération coûteuses pour le pauvre contribuable burkinabè : le changement des cartes grises, le changement des format de permis de conduire, la taxe sur les véhicules motorisés, qui sont venus s’ajouter à l’assurance et la visite technique. Ces opérations tombent sur les même personnes qui ont des véhicules et des motos. Pour celui qui as les deux, c’est la double peine. C’est eux-là qui réclament aux fonctionnaires les IUTS arguant que ce serait légal et équitable que l’on paye, alors qu’ils ne voient pas que leurs rémunérations sont pour le moins illégale et inéquitables.

    On a dit que plus rien ne sera comme avant et les gens se comportent comme s’il n’y avait pas eu insurrection populaire dans ce pays. Comme d’habitude, ça commence avec des éléments qui poussent les mouvements sociaux à se durcir, au point que l’injustice irrite la masse populaire qui, sans prévenir, exercent sa souveraineté démocratique en déposant les auteurs d’excès politiques. On n découvre jamais le sentiment d’un peuple avant qu’il soit poussé à l’exprimer.

  • Le 17 février 2021 à 09:38, par NAMOANO En réponse à : Salaires des membres du gouvernement : « Nos gouvernants apparaissent aujourd’hui comme des acteurs qui ne respectent pas la loi », Dr Daouda Diallo

    Ça ne m’étonne pas. Nous avons élu des hommes d’affaires et non de dirigeants.

  • Le 17 février 2021 à 15:43, par M.S. En réponse à : Salaires des membres du gouvernement : « Nos gouvernants apparaissent aujourd’hui comme des acteurs qui ne respectent pas la loi », Dr Daouda Diallo

    Et si on appréhendait le problème autrement ! Il s’agit de mettre en pratique soi-même ce qu’on enseigne : la clarté et la transparence dans la gestion / l’utilisation du dénier public, dans la gouvernance tout court. Selon les spécialistes, cette pratique ne peut être assimilée à de la corruption, soit. Mais il faut nous trouver un nom à cette pratique. Pour caricaturer : voici un tableau avec deux faces : l’endroit (celle qui est présentée à l’auditoire), et l’envers (la face cachée). Ce qui est présenté à l’auditoire et qui est consacré par des textes connus (un décret), n’est pas le réel. Le réel, ce qui est en cours, c’est ce qui est sur la face cachée du tableau, et qui n’est pas soutenu par une disposition légale connue de l’auditoire. on a comme l’impression qu’i y a des chose qu’on ne veut pas que le contribuable sache. Comment les spécialistes du droit qualifient-ils cette tactique ? Qu’est-ce que cela aurait coûté de prévoir une disposition dans ledit décret qui précise que tout appelé au gouvernement qui bénéficiait, dans sa situation d’origine, d’un traitement supérieur à celui contenu dans le décret, garde l’intégralité de son traitement antérieur ?

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