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Politiques économiques : La gomme arabique peut rapporter gros

Publié le lundi 12 janvier 2004 à 06h52min

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Beaucoup de producteurs ne misent plus sur la gomme arabique comme produit porteur. Pour leur redonner confiance, les experts prônent des prix attractifs, une meilleure qualité du produit par système de traçabilité aux techniques de saignée et en résolution du problème de transport de ce produit non négligeable.

C’est en 1995 que le gouvernement burkinabè, dans le cadre de sa politique forestière, inscrivait l’exploitation de la gomme arabique comme politique de lutte contre la désertification et véritable source financière dont les paysans seraient bien inspirés d’adopter. En 1996, un projet de promotion de la gomme était mené avec l’appui de l’Union européenne. Trois ans d’exécution de ce projet ont permis d’aboutir à un certain nombre d’acquis.

Formation de cadres forestiers et des producteurs de gomme sur les techniques de saignée.

Inventaire et cartographie des emplacements (peuplements naturels) des deux formes de gomme répandues au Burkina (l’acacia Sénégal et l’acacia lneta). Production de trois millions de plants d’acacia Sénégal et réalisation de plantations.

Confection d’outils didactiques destiné à la formation et réalisation d’essais de saignée par le Centre national de semences forestières (CNSF) pour une optimisation de la production de la gomme arabique.

Dans la période 1999-2001, un autre projet d’appui fut consacré au même produit, sur financement du COM-SABEX de l’Union européenne.

Ce projet de deux ans qui visait à promouvoir la gomme arabique, avait cinq composantes : composante appui aux exportateurs, composante professionnalisation de la filière, composante pérennisation de la gommerie, composante recherche, et composante appui au fonctionnement d’une unité de gestion. Ce projet qui n’a malheureusement duré que deux ans, a pourtant rencontré un franc succès auprès des paysans.

Sa fin a laissé un vide non comblé, de sorte que les producteurs ne se sentent plus soutenus.

Certains d’entre eux se désengagent progressivement de la filière. De l’avis des analystes, c’est dommage, car la gomme a bien des perspectives importantes en termes de réduction de la pauvreté.

La gomme, une chance pour les plus pauvres

Le Soum, le Yagha, le Séno, la Gnagna et la Komondjari ont deux choses en commun en tant que Provinces du Burkina. Ces provinces sont parmi les plus pauvres du Burkina et on y trouve de la gomme arabique.

On peut apporter cette plante dans le développement provincial et national. Les données montrent que les peuplements naturels d’acacia Sénégal au Burkina s’étendent sur environ 286 000 ha, pour environ 15 millions de pieds. Potentiellement, il s’agit là d’une ressource économique estimée à 4500 tonnes par an.

A titre comparatif, le Tchad a produit 5000 tonnes en 1995.

Ce qui représente des recettes d’exportation de plus de 13 milliards de francs CFA. Sur trois années successives, le Tchad a eu une production de volume constant. C’est-à-dire pas moins de 13 milliards de francs CFA de gains pour le pays par an. C’est ainsi qu’au niveau du commerce international, la part de marché de ce pays enclavé est passé de 5% à 30%, en l’espace de 10 ans. Grâce à la gomme arabique ! Des analystes citent le Tchad comme exemple palpable montrant que bien des pays peuvent se concurrencer avec succès sur le marché de la gomme et accroître leur part de marché.

Le Burkina doit s’y investir

Au regard de ces données encourageantes, il est regrettable que les premiers commerçants qui se sont intéressés à la filière de la gomme, se soient (pour la plupart ) retirés du marché, et que les producteurs soient obligés de brader leur production dans les pays voisins comme le Niger où le circuit de commercialisation semble mieux organisé. La production de la gomme arabique burkinabè est estimée à 4500 tonnes. Mais il faut savoir que le marché de la gomme arabique est très spécialisé avec des normes de qualité précises. L’inorganisation de la filière au Burkina fait que les producteurs n’en ont tiré qu’environ 1 milliard de francs CFA, à raison de 200 francs CFA le kg. C’est une fâcheuse situation qui dure depuis des années. Tenez ! En 1994, pendant que notre gomme s’achetait chez le producteur à "vil prix", le producteur tchadien empochait lui, 1225 francs CFA le kg. C’est dire qu’en matière de gomme, les gains financiers sont fonction d’une bonne organisation de la filière, une organisation qui soit à même de garantir des normes de qualité pour de meilleurs prix.

Finalement, le manque d’organisation semble être le seul handicap de la filière gomme au Burkina. Il serait impératif d’y penser, en plus d’une formation sérieuse des producteurs et commerçants de ce produit un peu exigent en terme de qualité, mais qui peut rapporter gros à l’économie nationale.

Sibiri SANOU sanousibiri@hotmail.com)
Source : CAPES (Centre d’analyse des politiques
économiques et sociales), avril 2003.


Avoir les moyens de sa politique

L’Association des exportateurs de gomme arabique a été créée en 1998 avec de nobles ambitions, au regard de ses objectifs principaux. Mais depuis la fin de l’accord de financement avec l’Union européenne à travers le Stabex, cette association n’a plus les moyens de sa politique qui ne manque pourtant pas de pertinence. Les buts de l’adite association ? Susciter l’adhésion des populations rurales à la valorisation de la filière gomme arabique en pratiquant notamment des prix d’achat initiatifs auprès des collecteurs et producteurs ; soutenir l’action du gouvernement et des bailleurs de fonds pour la prospérité et la pérennisation de la filière gomme arabique ; organiser les différents acteurs de la filière en vue de leur professionnalisation ; contribuer à la modernisation constante des systèmes d’exploitation, de production et de condition de la gomme en vue de répondre aux normes de qualité requises ; développer des circuits commerciaux avec des utilisateurs, des transformateurs ; optimiser les avantages économiques et écologiques liés à l’exploitation de la gomme arabique ; entretenir des relations de partenariat avec des structures locales ou étrangères intéressées ; lutter contre la désertification par le reboisement et réduire la pauvreté en milieu rural sahélien par le rachat des producteurs.

Des objectifs bien cohérents, mais qui resteront lettres mortes, si les moyens financiers de leur mise en œuvre ne sont pas trouvés.

S.S
Sources CAPES

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