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Sport au Burkina : Le foot d’accord, mais toutes les disciplines, d’abord...

Publié le vendredi 14 octobre 2005 à 09h15min

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N’est-il pas temps de rééquilibrer le budget du sport burkinabè aux fins de mieux prendre en compte toutes les autres disciplines ? Cette question est loin d’être saugrenue quand on sait que les efforts financiers pour le football tardent à porter fruit. Des insuccès qui ressemblent souvent à des humiliations, malgré le sacrifice du contribuable burkinabè.

Il y a très longtemps que le Burkina a opté pour cette discipline sans réellement obtenir de résultats encourageants. Il est vrai, le Burkina n’est pas une nation de football, et tout bon résultat pourrait être considéré comme un accident, même la 4e place africaine obtenue en 1998, suite à la CAN que nous avons organisée chez nous.

Et l’erreur persiste : chaque équipe fédérale de football qui arrive, se fixe comme priorité la qualification des Etalons à une phase finale de CAN. Conséquence, on ne tolère pas que les poulains burkinabè n’aillent pas loin, encore moins qu’ils ne se comportent pas honorablement au cours de ces phases finales. Et bonjour la chasse aux sorcières ! A ce niveau, la presse sportive, bien des fois, a contribué à exacerber la situation, en ne faisant pas preuve de discernement et en entretenant le flou autour de certaines choses. Quid du politique qui a pris en otage le sport, notamment le football au Burkina ?

On peut regretter cette implication trop poussée, à la limite exagérée, du politique dans le "sponsoring" et dans la gestion de notre football. N’est-il pas temps de ne compter que sur la générosité ponctuelle du chef de l’Etat et chercher enfin d’autres voies de salut beaucoup plus durables ? Le drame est qu’en injectant autant d’argent dans le football, on en arrive à minimiser du coup les autres disciplines qui deviennent les parents pauvres du sport, alors qu’elles regorgent pourtant de talents.

Certaines disciplines ont peut-être besoin du dixième du budget d’un seul match des Etalons pour exploser. Cet argent, elles l’attendront vainement, car le foot a tout englouti. A défaut du football, il faut que le Burkina se trouve une discipline sportive où, à coup sûr, elle peut exceller, car il y a bien des lauriers à récolter dans le cyclisme, le judo, l’athlétisme, etc.

Et lorsqu’on peut s’affirmer honorablement dans une discipline, les politiciens pourront toujours récolter les gains qu’ils espèrent. Si le Sénégal et le Niger s’honorent de leur lutte, le Burkina peut aussi chercher sa spécificité.
Pour autant, cette option ne constituera point la mise à l’écart du football qui est une discipline comme toutes les autres.

Avec l’élimination des Etalons de la CAN 2006, un redressement peut s’opérer. Le budget du ministère des Sports et des Loisirs va sans doute souffler un peu, tout comme le contribuable burkinabè qui, souvent de gré ou de force, jette sa pièce, dans le panier pour accompagner les Etalons. Souvenez-vous du milliard de F CFA récolté lors de la CAN 2004 en Tunisie. Que dire des sacrifices financiers immenses faits par les uns et les autres pour l’organisation de la CAN 98 sur nos terres ? Jusqu’à présent, nombre de prestataires de services n’ont pas été payés et le bilan de cette compétition n’a jamais été fait.

Avec cette élimination, les dirigeants du football ont une occasion pour tout remettre à plat et relancer, non seulement notre football, mais aussi tout le sport. On a trop souvent fait de la fixation sur la CAN, sans vraiment songer à une politique à long terme. En somme, au Burkina on aime le "prêt-à-porter", tout en oubliant qu’il nous manque le bon couturier. Renforçons la politique de détection de jeunes talents, réorganisons le sport à l’école et à l’Université et on se rendra compte que le sport peut faire émerger le Burkina.

Ne pas participer à une phase finale de CAN, n’est pas une catastrophe. Ce n’est que du sport. Tant mieux si on l’a maintenant compris. L’essentiel est de se ressaisir, travailler dans la durée et à la base. Le Ghana, pour ne citer que cet exemple de Nation de football, a été longtemps absent des phases finales de CAN, mais il vient d’atteindre un stade plus élevé : une phase finale de Coupe du monde. Tout réside dans le sérieux, le travail et la patience.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 16 octobre 2005 à 12:08, par beidy En réponse à : > Sport au Burkina : Le foot d’accord, mais toutes les disciplines, d’abord...

    Pourvu que votre message soit entendu sinon ça sera la catastrophe pour les sports en général et le football en particulier.Quand vous parlez de "prêt à porter" ce n’est pas seulement en football,c’est dans la culture du commun des mortels au faso.Dans un pays si on n’admet pas un debat franc et constructif,toute innovation restera vaine.
    Que le Tout Puissant sauve le fasofoot en faisant rejaillir la lumière sur nos dirigeants car les mordus souffrent de chagrin.

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