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Entrepreneuriat agricole au Burkina Faso : La fraise, futur pôle de croissance économique

Publié le mercredi 30 décembre 2020 à 20h00min

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Entrepreneuriat agricole au Burkina Faso : La fraise, futur pôle de croissance économique

Au Burkina Faso, une grande partie de la population tire sa pitance quotidienne de l’agriculture. Parmi la variété de denrées produites, figure la fraise. Plus connue dans les pays d’Amérique, d’Asie et d’Europe, la fraise est aussi cultivée au pays des Hommes intègres qui, d’ailleurs, en est le 4e producteur en Afrique. Toutefois, les producteurs cherchent toujours leur voie pour mieux vivre de cette culture.

La fraise fait partie des produits cultivés au Burkina Faso. Elle est généralement pratiquée par les maraichers aux abords des barrages où autres retenues d’eau. Les producteurs sont repartis sur trois sites dans la région du Centre. Il s’agit de Boulmiougou, Roumtenga et Bika. Ils se sont organisés en coopératives et groupements afin de faire de la culture de la fraise une activité entrepreneuriale. Selon les statistiques du Programme d’appui à l’entrepreneuriat agricole (PAPEA), en 2020, les producteurs de fraise au Burkina Faso sont estimés à plus de 571 dont 455 hommes et 116 femmes.

La superficie totale consacrée à la production de fraise est d’environ 58,5 ha, pour une production totale estimée à 2035, 8 tonnes pour l’année 2020 avec des pertes post-récolte pouvant atteindre entre 10 % et 20 % de la production. Cependant, seulement 10 tonnes sont transformées au niveau local par les entreprises telles que Ecofraise, Agro Home Conversion et WASSA. Le reste est consacré à l’exportation.

8-9 mois de travail, pour trois mois de production

Parmi une vingtaine de variétés de fraise, seulement deux sont produites au Burkina Faso. Il s’agit des variétés Festival et Camarose dont la période de récolte s’étend de janvier à avril. Cependant, leur production n’est pas des plus simples. Le producteur doit s’armer de patience et faire preuve d’un réel dévouement. Selon Réné Ouédraogo, producteur de fraise depuis 2011, et trésorier de la Coopérative « Namalzanga » à Boulmiougou, la production des fraises prend plusieurs mois.

Pour les débutants (quelqu’un qui n’a jamais produit la fraise) il lui faut payer des plantes elles-mêmes à 100F/pied. Donc pas moins de 2 millions à investir pour planter un demi-hectare. Mais pour les anciens producteurs, après les récoltes ils conservent 2 à 3 planches (espace ou se trouve déjà des fraisiers) qu’ils arrosent quand il n’y a plus d’eau jusqu’à la saison des pluies. Durant la saison pluvieuse, ils déracinent ces planches pour les planter en pépinière.

Lorsqu’elles commenceront à faire la bouture avec les feuilles, ils les séparent pour qu’elles ne s’étouffent pas. Pour l’entretien, on doit labourer, désherber, enlever les anciennes feuilles, afin de permettre à la plante de respirer pour produire beaucoup de totos (pieds de plante). Si l’entretien est bon, on peut produire un à deux hectares, chaque planche peut prendre au moins 70 pieds. « Sur un hectare on peut récolter plus de dix tonnes par an, c’est un travail de patience parce que les plantes produisent la fraise durant trois mois seulement et nous l’arrosons pendant 8-9 mois » indique-t-il. Le prix de la fraise varie sur le marché entre 3000f et 4000f/kg.

Réné Ouédraogo, trésorier de la coopérative Namalgzanga de Boulmiougou

Le foncier et la commercialisation, véritable goulot d’étranglement du secteur

La production de la fraise fait certes vivre actuellement des centaines de Burkinabè, mais ce nombre pourrait s’accroître si les difficultés auxquelles font face les producteurs étaient levées. Il s’agit d’abord des difficultés liées au foncier. A ce niveau les producteurs ne sont pas propriétaires des terres qu’ils cultivent. Ils disent avoir loué ces terres chez des « propriétaires terriens », ce qui ne leur permet pas de travailler sereinement dans la mesure où ces derniers peuvent récupérer leur terre à tous moment. L’autre difficulté est celle liée à l’irrigation. Il s’agit précisément de l’insuffisance et du tarissement précoce des points d’eau et du manque de canalisation. A cela s’ajoute les difficultés liées à la commercialisation, à la conservation et à la formation. On peut citer l’insuffisance des unités de transformation.

Concernant le problème du foncier, Harouna Sawadogo, agent technique de la mairie de l’arrondissement 8, a indiqué que le barrage se situe à cheval entre l’arrondissement 8. Ainsi le périmètre du barrage exploité par les maraichers appartient à la mairie. De ce fait, il appartient aux exploitants de faire une demande d’autorisation d’exploitation de l’espace public pour une année renouvelable. Partant de là, le titre de « propriétaire terrien » dont se réclament plusieurs personnes, reste encore à élucider. Du même coup, il appartient à la mairie d’aménager le barrage et ses abords, de sorte à permettre aux producteurs d’avoir accès à l’eau. « Seuls les champs qui se situent dans les zones non-loties sont sous la responsabilité exclusive des propriétaires terriens » a-t-il indiqué.

Quant à la commercialisation de ce fruit, avec l’accompagnement du programme d’appui à l’entrepreneuriat agricole (PAPEA), les producteurs de fraises ont décidé d’élaborer une stratégie commerciale sur la période 2020-2021. Cette stratégie prend en compte en plus des activités de promotion, les activités de formation pour augmenter leur capacité de production.

Fadila Kaboré, revendeuse de fraise

Certes moins développé, le secteur de la fraise demeure un business rentable et permet plus de retombées s’il est encadré et si les producteurs sont formés. Il nourrit plusieurs familles et offre des opportunités d’affaires. Et ce n’est pas Fadila Kaboré, promotrice de l’entreprise « Merveilles de la nature » qui dira le contraire. En plus d’autres légumes, elle commercialise la fraise depuis 2017. Et en début de la récolte soit janvier, elle peut écouler 40 à 50 Kg/Jour. Occasionnellement elle exporte 200kg vers les pays comme la Côte d’Ivoire et le Ghana. Pour elle, la vente de la fraise est rentable car elle arrive à couvrir ses besoins. D’où la nécessité de développer ce secteur pour permettre l’emploi des jeunes à travers le développement de l’entrepreneuriat.

Judith SANOU
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 31 décembre 2020 à 06:33, par Alexio En réponse à : Entrepreneuriat agricole au Burkina Faso : La fraise, futur pôle de croissance économique

    TeTelle performance devrait etre accompagner d une usine de transformation de confiture,

    Pour un evaleur ajoutee qui creera des emplois sur place. Une question d investissement politique que prive.

    C est le secteur primaire que toutes nations ont developpeesleurs economies , et les deux autres secteurs. En Loccurance le secondaire et le tertiaire. Bravo ! Pour cette abnegation.

    Deliberez vous genie createur en instaurer une cooperative pour ce produit qui est exceptionel du l apport au soleil d Afrique qui donne une autre saveur naturelle par rapport al fraise europeenne.

    Bonne continuite

  • Le 31 décembre 2020 à 15:59, par BEOGO En réponse à : Entrepreneuriat agricole au Burkina Faso : La fraise, futur pôle de croissance économique

    Compte tenu des besoins en eau du fraisier (minimum eux arrosages par jour), est-ce que cela a du sens dans notre pays ?

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