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Soutenance de thèse : Ousseni Ouédraogo analyse le « Wedbindé », une danse du Centre-Nord

Publié le dimanche 27 décembre 2020 à 20h30min

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Soutenance de thèse : Ousseni Ouédraogo analyse le « Wedbindé », une danse du Centre-Nord

L’université Joseph Ki-Zerbo a abrité le 22 décembre 2020, une soutenance de thèse en lettres modernes. Il s’agit de celle de Ousseni Ouédraogo, membre du Laboratoire, Littératures, Arts, Espaces et Sociétés (LLAES). Ses travaux ont porté sur : « La danse Wedbindé : Un dialogue des arts. »

La problématique de la réflexion de l’impétrant s’est bâtie à partir de deux constats sur la pratique du Wedbindé. Il s’agit d’une part, le fait que c’est un dialogue des arts. D’autre part, sa pratique est répandue dans les trois provinces de la région du Centre-Nord. Sur la base de ces constats, Ousseni Ouédraogo est parti de la question suivante : Qu’est-ce qui permet de qualifier la danse Wedbindé d’art total ?
Pour analyser ses données d’enquêtes de terrain, le candidat s’est appuyé sur un cadre théorique et méthodologique suivant : la sociologie de l’art de Nathalie Heinich, une approche considérant l’art comme une société où les différents constituants interagissent ; La sociologie de la culture selon Pierre Bourdieu, Matthieu Béra et Yvon Lamy, qui aborde l’étude de la culture en rapport avec les stratifications sociales ; la littérature orale à travers une approche culturelle africaine.

De la littérature en générale à l’expression artistique burkinabè

Comme outils d’analyse, il a fait appel à trois méthodes d’analyse littéraire : l’interartialité, l’intertextualité et la sémiotique auxquelles s’ajoute l’observation directe et indirecte. Concernant les notions essentielles de sa recherche, M. Ouédraogo est parti de la littérature en générale pour parvenir à l’expression artistique burkinabè en passant par celles négro-africaines et nationales. II s’est appesanti sur les notions d’ancrage culturel, de culture, d’identité et de tradition pour sa démonstration.

Une illustration de la danse Wedbindé

Ainsi, à partir de la définition des concepts clés, l’impétrant a fait ressortir l’origine de la danse Wedbindé pour évoquer la place du cheval dans l’organisation socioculturelle du Moogo. Il est parvenu à des résultats. Les Moosé des provinces du Sanmatenga, du Namentenga et du Bam ont une même organisation sociale. Le cheval y apparait comme un animal de renforcement du pouvoir royal.

Wedbindé, une danse inspirée de la stylisation des galops du cheval repu

Le Wedbindé est une danse rythmique, inspirée de la stylisation des galops du cheval repu. La jeune fille est la principale exécutante de la danse Wedbindé. Le Wedbindé est l’appellation « danse du cheval » dans le Sanmatenga. Dans le Namentenga, il est désigné par le wennenga ou le sanmatende ; dans le Bam par le kunde ou le Taryᾶanga. Tout compte fait, les différentes appellations renvoient toutes à la même réalité.

Au registre des instruments de musique utilisés, l’étude distingue cinq instruments allant du kunde (luth) au wamde (calebasse) en passant par le silsaka (hochet), le kienfo (castagnette) et le bendre (tambour-calebasse). Les instrumentistes qui les jouent sont généralement des hommes. Les mélodies jouées par chacun d’eux forment un tout harmonieux.

Au titre des éléments d’accompagnement scénique, l’impétrant a axé sa recherche sur l’espace, le temps et le public accompagnant également le déroulement de la performance du Wedbindé. Son analyse de l’espace présente trois axes exploités : l’axe horizontal, vertical et celui central. Pour ce qui concerne l’analyse du temps, il le classe suivant les axes de l’espace retrouvant ainsi le temps attribué à l’axe horizontal et vertical qui dure entre une (01) ou deux (02) minutes et celui ouvert à l’axe central qui est réservé à la stylisation du trot du cheval repu. Il termine cette partie avec le spectateur qui accompagne et apprécie le Wedbindé par des cris émotionnels et des applaudissements.

L’impétrant Ousseni Ouédraogo

Les résultats de l’analyse de la thèse présentent le Wedbindé comme une danse de réjouissance, dépourvue de tout interdit et les figures produites par les danseuses sont un message non-verbal qui s’adresse à l’auditoire. Ce qui permet aux acteurs de la danse et les festivaliers de raffermir leurs liens sociaux.

L’esthétique du Wedbindé

Le dernier élément de l’analyse présente la danse Wedbindé comme une pratique interraciale aux enjeux socio-économiques et culturels multiples. En somme, l’esthétique du Wedbindé s’observe à travers la symbolique des chorégraphies anciennes et récentes, des instruments de musique, de la couleur des costumes Wedbindé. L’art corporel Wedbindé s’exprime, le plus souvent, sous l’effet sonore des instruments de musique ; son écriture s’effectue dans l’espace et dans le temps. Seuls les initiés parviennent à déchiffrer les schémas ou figures corporels produits.

Le jury a jugé les recherches de l’impétrant très pertinentes. Il lui a attribué la mention très honorable à l’unanimité. C’est le Pr Atcha Philip Amangoua de l’université Felix Houphouët-Boigny de la Côte d’Ivoire qui a présidé le jury. Les travaux de Ousseni Ouédraogo ont été dirigés par le Pr Sanou Salaka. Il avait pour co-directeur de thèse Sissao Alain Joseph, directeur de recherche à l’INSS\CNRST. Mande Hamadou était le rapporteur.

Synthèse Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 14 janvier 2021 à 23:17, par jeunedame seret En réponse à : Soutenance de thèse : Ousseni Ouédraogo analyse le « Wedbindé », une danse du Centre-Nord

    Hayaaa...! Danse esthétique qui ralentirait mon vieillissement ! Du nouveau à découvrir. Madame la ministre des arts et tourisme THOMBIANO devra en faire un bon usage. Car c’est un chef-d’oeuvre en littérature d’identification ; littérature de réinsertion de reconstruction de soi dans l,histoire et dans la société. OUSS. OUÉDRAOGO, j’aimerais lire le travail tout entier pour comprendre le choix des filles pour cette danse ; et voir si vous avez magnifié la féminité dans tous les aspects et valeurs de cette danse ; le mot danse déjà au féminin vous y interpelle ; ; et voir si des hommes pourraient aussi essayer la même danse hier et aujourd’hui sans interdit. Car je rêve de monter par exemple sur les dos de Ousséni et Salaka Sanou pour essayer la même démonstration. Alors, qui de vous se courbe premier ? SALAKA, vieux mais résistant ? Son dos est glissant ; mais c’est juste un essai avec assurance accident. Permettez moi !

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