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Scrutin du 13 novembre : La décision du MBDHP qui rassure

Publié le mercredi 12 octobre 2005 à 07h57min

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C’est sans doute un événement dans la quête d’une plus grande transparence du scrutin annoncé. Le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) va surveiller l’élection présidentielle du 13 novembre 2005. Le train de ses activités de supervision de l’élection a démarré depuis le 10 octobre 2005.

C’est un exercice qui relève bel et bien de ses missions traditionnelles, même s’il s’en était "dispensé" lors des élections de mai 2002.

A l’époque, l’indépendance de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait été contestée par le président du Mouvement, Halidou Ouédraogo, qui appelait à une révision de ladite Commission. En se dérobant de sa mission, le MBDHP avait avancé l’argument selon lequel la CENI n’était pas impartiale. D’ailleurs, il n’en était pas à son premier boycott.

Pour ces consultations électorales-ci, le MBDHP s’engagera dans l’observation du scrutin. Une décision qu’on ne peut qu’applaudir des deux mains. D’autant que le Mouvement a une expérience en matière de surveillance des élections au Burkina Faso et en Afrique. Une expérience qui lui permet aujourd’hui de revendiquer une certaine expertise qui ne peut, si cela est avéré, qu’ être profitable au processus démocratique.

Le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples, qui est implanté sur l’ensemble du territoire national, a priori, n’aura donc pas de problème pour couvrir l’ensemble des bureaux de vote. On peut s’attendre logiquement à ce que ce travail d’observation des élections renforce les efforts des autres membres de la société civile, des partis politiques, bref, de tous les acteurs impliqués dans l’organisation et la supervision de ces élections.

Le MBDHP jouit d’une crédibilité indéniable. Il n’a pas intérêt à ternir cette image favorable. Puisqu’il rend compte à l’Union interafricaine des droits de l’homme (UIDH) et qu’il est financé par des institutions crédibles, il ne saurait s’aventurer dans des comportements de nature à détruire le capital de confiance et de sympathie dont il bénéficie. C’est dire qu’il a tout intérêt à se montrer loyal et impartial.

Il est vrai que sur le plan national, le mouvement de Halidou Ouédraogo ne bénéficie pas forcément de la même sympathie et de la même aura. Au temps fort de la crise socio-politique qui a ébranlé le Burkina, suite à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, ses détracteurs n’ont-ils pas vite fait de le verser dans le moule brûlant de l’opposition radicale, à un moment où on le disait "acoquiné" avec des syndicats, d’autres organisations de la société civile et des partis politiques, très actifs sur le front social et regroupés au sein d’un Collectif, pour une croisade commune contre l’impunité ?

Mais n’oublions pas que c’est suite à la pression exercée par ce Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (avec à sa tête le bouillant président du Mouvement) sur les institutions de la République, que de nombreuses réformes politiques, institutionnelles et judiciaires ont été obtenues de haute lutte, dans le sens d’une plus grande consolidation de la démocratie au Burkina.

Si ce Mouvement a été étiqueté et, à des moments, blâmé, il importe aujourd’hui de dépasser les susceptibilités, d’enterrer les vieilles rancoeurs, pour ne s’attacher qu’à l’essentiel : le MBDHP est-il suffisamment crédible pour apporter sa pierre à la régularité du scrutin à venir ? On peut le penser.

Tout comme on peut croire qu’il ne sera pas partisan et qu’il saura être au-dessus de la mêlée.
Par rapport à la représentativité des partis politiques dans les bureaux de vote, il est quasi certain qu’il sera difficile à tous les partis de l’opposition de mobiliser les moyens, tant financiers, matériels, qu’humains, pour quadriller l’ensemble du territoire.

Une situation qui contrastera, on l’imagine, avec les gros moyens qui seront déployés, sur le terrain, par la machine du CDP. Autant dire que la présence du MBDHP dans les bureaux de vote sera d’un apport bénéfique pour bien des partis. Quelque part, cette présence rassurera.

A quoi bon des observateurs internationaux quand ils se montrent moins perspicaces, moins efficaces sur le terrain et plus coûteux que des observateurs locaux ? En Afrique, c’est un débat qui a toujours été d’actualité, à la veille des scrutins électoraux.

Car, généralement mal imprégnés des réalités du terrain, souvent absents en amont et en aval des élections, (ils ne sont pas nombreux, sur le continent, à surveiller de bout en bout ces élections), certains observateurs internationaux passent pour des marionnettes, des dindons d’une farce électorale qu’on n’aperçoit que le jour même du scrutin, invités à donner leur caution aux résultats d’une mascarade électorale.

En s’investissant dans la surveillance de ces élections, les représentants du MBDHP joueront une partition locale certes, mais une note assurément éloquente pour la composition musicale de notre jeune démocratie.

Le Pays

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