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Listes électorales : Erreurs techniques ou velléités de fraude ?

Publié le mardi 11 octobre 2005 à 07h41min

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M. Michel Tapsoba, président de la CENI

La fiabilité des listes électorales commence à faire des gorges chaudes. Après avoir accordé une période de grâce à la CENI, sans doute pour prendre le temps de constater sur le terrain les résultats de son travail, les partis d’opposition commencent à sortir de leur réserve.

Et, en général, ils relèvent des irrégularités que de nombreux citoyens inscrits sur les listes ont aussi constatées : doubles inscriptions, erreurs diverses sur l’identité. La question est de savoir si ces anomalies ont été sciemment faites ou non, et si elles peuvent gravement porter préjudice à l’honnêteté du scrutin présidentiel.

Dans la requête de la COTE (Coordination pour la transparence des élections) adressée à la CENI et réclamant un audit du fichier électoral, il est seulement fait cas d’inscriptions multiples et d’erreurs sur les dates de naissance. Mais il est évident que la COTE, qui regroupe des partis d’opposition, veut en avoir le coeur net, grâce à un regard neutre, pour savoir si les irrégularités décelées peuvent avoir un impact sur les opérations électorales. Faut-il négliger les "inquiétudes" manifestées par la COTE ? Sûrement pas.

Et il appartient à la CENI d’examiner avec toute l’attention requise, les défaillances relevées çà et là par l’opposition. Sur ce plan, on ne peut pas reprocher à l’institution de Moussa Michel Tapsoba un quelconque manque de transparence dans la conduite de l’opération d’informatisation du fichier électoral. On se souvient qu’en son temps, la CENI avait même invité les partis à venir constater d’eux-mêmes comment l’opération se menait. Pendant un mois, elle s’est dite disposée à accueillir tout parti désirant s’informer.

En définitive, peu de formations politiques se sont intéressées au processus, un état de fait qui avait été du reste déploré par la CENI. La LIDEJEL, une organisation de la société civile, a été l’une des rares structures à mener des investigations approfondies sur le logiciel utilisé pour l’informatisation.

Alors, n’est-ce pas facile de vouloir aujourd’hui remettre en cause le fichier ? Sans dénier toute légitimité à la COTE d’exiger une transparence totale sur les listes électorales, on peut toutefois se demander si la requête ne vient pas tardivement, en rapport avec l’élection présidentielle. Techniquement, un audit est-il possible dans un délai aussi court alors même que de nombreuses cartes d’électeurs ont été distribuées ?

Les préparatifs de l’élection sont avancés à un tel point qu’une remise en cause totale du fichier électoral pourrait entraîner un report du scrutin, ce qui, évidemment est quasiment impossible. Il faudra donc trouver le moyen de corriger les imperfections en tenant compte de l’agenda électoral qui prévoit, après la présidentielle de novembre, les communales en février.

L’idéal, en tout cas, est que tous les acteurs impliqués dans le processus électoral s’accordent autour d’un consensus. Le fichier informatisé, qui était réclamé à cor et à cris par l’opposition, parce que gage, selon elle, de transparence et de rempart contre la fraude, pose donc problème. Faut-il pour autant tout remettre en cause ? L’opération, qui a coûté plus de 2 milliards de F francs CFA au budget de l’Etat, a aussi ses avantages. La preuve, les multiples inscriptions, qui étaient indétectables, le sont désormais. C’est déjà un pas et il faut travailler à améliorer le système, en l’éprouvant.

Les listes électorales propres et irréprochables sont le voeu de tous les démocrates de ce pays car elles sont la base d’une élection transparente, véritable reflet du choix des populations. Ni le pouvoir, ni l’opposition n’ont donc intérêt à ce que les erreurs se multiplient, car elles peuvent avantager ou desservir les deux camps, et au-delà, ruiner le processus démocratique.

L’essentiel, pour cette présidentielle, est donc que la bonne foi anime tous les acteurs, de sorte que les erreurs soient uniquement involontaires et qu’ils travaillent à les réduire le plus possible. Les échéances à venir permettront sans doute de perfectionner davantage les données. Mais, si en attendant, la CENI peut donner les gages de sa bonne foi et de son intention de coopérer avec les partis politiques, c’est déjà cela de gagné.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 11 octobre 2005 à 10:58 En réponse à : Si j’étais de l’opposition !!!

    Ah !!!! Si j’étais de l’opposition, j’infiltrerais des techniciens dans votre système pour le détraquer et démontrer ainsi que rien ne va, que tout est faux, que rien n’est bon !
    Mais ce serait bête, car comme vous le dites si bien, cela ne profite à personne, ni à l’opposition ni au pouvoir, que les machines soient malades ! Mais il reste enocre un argument pour moi ! il me suffit de prouver que seuls les gens favorables au pouvoir peuvent avoir plusieurs cartes d’électeur par personne !
    Ah mais zut ça ne va pas ! Gilbert était le patron de l’opposition et candidant potentiel contre Blaise ! Est ce alors l’opposition qui profiterait de cette affaire ?

    Bof !
    Dites nous ce que vous voulez faire du Burkina et stop sur ces discussions sur des articles de loi, des problèmes de cartes,etc...
    Laissez nous voter !

  • Le 11 octobre 2005 à 15:20 En réponse à : > Listes électorales : Erreurs techniques ou velléités de fraude ?

    Sur quelle base osez-vous avancer que le report des présidentielles est quasiment impossible ?
    Merci

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