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60 ans d’indépendance du Burkina-Faso : La jeunesse burkinabè devrait s’inspirer de la vision des Pères de l’Indépendance

Publié le samedi 12 décembre 2020 à 10h00min

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60 ans d’indépendance du Burkina-Faso : La jeunesse burkinabè devrait s’inspirer de la vision des Pères de l’Indépendance

La parole des « Pères Fondateurs » est « Parole d’Evangile ». Leur ordonnance est sacrée, sa non-observance est périlleuse, et tout contrevenant consciencieux à leur injonction en subirait tôt ou tard, inéluctablement et fatalement, les conséquences. Sous le ciel d’Afrique, un conseil ancestral, analogue à une disposition constitutionnelle des temps modernes, a force de loi, et toute attitude irrévérencieuse à son encontre se paie cuisamment.

A ce propos, le développement socio-politico-économico-culturelle d’une nation s’articule avec la vision originelle formulée par les Pères Fondateurs ; une vision que les générations futures doivent connaître impérativement, observer minutieusement, s’approprier jalousement et préserver comme la prunelle de leurs yeux.

Au Burkina-Faso, nous devons renouer avec les idéaux des « Pères de l’Indépendance ». Ces vaillants combattants de notre Liberté et notre Dignité nourrissaient de grands et nobles rêves pour la « Fière Volta de nos aïeux ». Il est grand temps, en cette année 2020 où le Burkina Faso, l’ex Haute-Volta commémore ses soixante ans d’indépendance, de rappeler, voire, ressusciter les augustes et pieuses aspirations que nourrissaient les artisans de notre dignité.

Aspirations, qui normalement devraient être dans l’esprit collectif et la conscience nationale, une étoile finale qui, d’une part, guide, éclaire, inspire et oriente toutes les décisions de nos élites politiques ; et d’autre part, constitue une lanterne de référence et une boussole pour toute la société burkinabè, notamment, pour sa jeunesse.

Il est grand temps d’œuvrer au rabibochage entre l’esprit des Patriarches et celui de la jeunesse burkinabè, surtout celle née après 1987. En effet, nos leaders politiques qui firent tambouriner l’halali de la domination coloniale et claironner le doux chant des indépendances, étaient conscients des handicaps naturels de leur mère patrie, de son déficit en ressources minières et énergétiques et de la petitesse de sa superficie.

Ils voulurent donc que la Haute-Volta, pour les âges à venir, se démarque en ce monde par la valeur intrinsèque, les vertus inhérentes et les richesses intérieures de son capital humain. Les « Pères de l’indépendance Voltaïque » voulurent ardemment que la principale force de leur très chère Haute-Volta soit constituée essentiellement par « ceux qui l’habitent ». Ils aspirèrent que l’intégrité, la solidarité, l’union et la complémentarité s’érigent en principes sacro-saints au sein de notre famille commune et notre maison voltaïque.

Ci-après, la déclaration d’indépendance, proclamée le 05 Aout 1960 à minuit, par le Président Nawalagba Maurice YAMEOGO : « Aujourd’hui, 05 Août 1960, à zéro heure, au nom du droit naturel de l’Homme à la Liberté, à l’Egalité et à la Fraternité, je proclame solennellement l’indépendance de la République de Haute-Volta. Neuf siècles d’histoire ont révélé au monde la valeur morale de l’Homme voltaïque. Au nom de cette morale à partir de laquelle nous voulons bâtir notre nation, j’exprime ma profonde gratitude à tous les artisans de notre indépendance nationale… ». Ainsi, à chaque fois que les voltaïques et par la suite les Burkinabè ont tenté de bâtir leur nation sur autre chose que la morale, ils subirent la foudre des coups d’Etat militaires, la tempête des insurrections populaires, les turpitudes des crimes politiques et économiques, les tsunamis des exécutions sommaires, de la corruption et autres délits ignobles et méprisables. Jeunesse burkinabè, rêvons et réalisons le rêve des « Pères Fondateurs ».

Daniel Ouezzin COULIBALY, l’alter égo de Félix Houphouët BOIGNY, surnommé « le Lion du RDA » affirmait ceci comme condition sine qua none pour le développement de la Haute-Volta : « la mobilisation générale qui passe par la foi de chacun en l’avenir du pays, l’esprit de sacrifice des cadres au service des populations, l’accompagnement du processus de transformation sociale par la chefferie coutumière car, c’est cette mobilisation générale qui a été à l’origine des colossales pyramides d’Egypte, des cathédrales gothiques de l’Europe occidentale, de la muraille de Chine, toutes élevées par des populations dont le dénuement était égal au nôtre ».

Le géant d’Afrique Daniel Ouezzin COULIBALY aspirait que le Burkina-Faso érige de « nouvelles pyramides » et des « monuments et infrastructures » qui émerveilleraient le monde. Il avait hautement foi au développement, et trouvait que la seule voie pour y parvenir était la « mobilisation générale » autour de grands projets. Pourtant, aujourd’hui nous sommes en queue de peloton, loin du développement tant rêvé de Ouezzin et d’une multitude de Burkinabè. En effet, au lieu d’une « mobilisation générale » franche et massif, nous Burkinabè, nous nous sommes animés d’un malin plaisir, d’un bonheur cynique et d’une ambition sarcastique à nous nuire, nous détruire, nous torpiller, briser les brillantes carrières des uns, éliminer physiquement et gratuitement les autres, et combattre les honnêtes travailleurs, les intègres et les amis de la vérité. Paradoxalement, quand nous nous mobilisons, ce n’est pour réaliser un projet de développement, c’est pour fomenter avec dextérité des projets macabres et monter avec efficience des complots nuisibles au pays et à son développement. Nous avons trahi le « Lion du RDA ».

Enfin, un autre géant politique et intellectuel d’Afrique, également acteur majeur de notre indépendance, Nazi BONI, formulait cette recommandation à l’endroit des jeunes de son temps, que nous, jeunes du Burkina-Faso d’aujourd’hui, nous pourrions nous approprier pour le meilleur du Burkina-Faso : « Avant de quitter l’école, commencez par méditer les responsabilités qui vous attendent. Demandez-vous si la science que vous recevez ne vous livre pas à la vie, émasculés et sans conviction, sans idéal, désarmés face aux aberrantes tentations du matérialisme. Lorsqu’on veut la dégénérescence d’un peuple, il suffit d’insuffler à ses générations montantes le goût des sinécures, des plaisirs faciles et du confort, des discours creux, le mépris inconscient de leur raison d’être ». A la lumière de ce qu’on voit de la jeunesse du Burkina-Faso d’aujourd’hui, ce conseil est bel et bien d’actualité.

Aujourd’hui, la jeunesse burkinabè est déboussolée. Elle cherche des repères, des modèles d’intégrité à imiter et des références de courage, de combativité et de don de soi à suivre. Qu’elle sache donc que ce genre de modèles ne manquent pas. Il suffirait simplement de revisiter l’Histoire du Burkina Faso, et puiser ses inspirations dans la vision, la vie et le courage des « Pères de notre indépendance. »

Vive le Burkina-Faso
Bonne fête d’indépendance.
QUE DIEU BENISSE le « Pays des Hommes Intègres ».

Sidiki Aboubacar Wendin ZERBO
Spécialiste en Management de l’Achat International et en
Ingénierie Logistique.
Doctorant (PHD) en Management
wendin.aboubacar.zerbo@gmail.com

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