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Football africain : La “révolution”

Publié le mardi 11 octobre 2005 à 06h50min

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A l’issue de la dernière journée des éliminatoires combinées CAN/Mondial 2006, quatre ”petits nouveaux” (le Togo, la Côte d’Ivoire, l’Angola et le Ghana) et un grand du continent, la Tunisie, représenteront l’Afrique à la prochaine fête mondiale du football en juin 2006 en Allemagne.

Un bouleversement de la hiérarchie qui sonne comme une révolution et qui confirme la maxime qui veut que « seul le travail paie ».

Si la qualification de la Côte d’Ivoire, de la Tunisie et dans une moindre mesure du Ghana, rentre dans l’ordre normale des choses, celle du Togo et de l’Angola constitue la surprise du chef de ces éliminatoires. Longtemps abonné aux titres (quatre CAN remportées) et aux places d’honneur sur le continent, le Ghana n’a jamais confirmé son immense potentiel à « l’international ».

Bien sûr, les petites catégories, les cadets notamment ont été champions du monde de leur catégorie en 1991 en Italie (avec Nii Odartey Lamptey, Samuel Kufour, Yaw Prekow comme chef de file) mais de Osaï Koffi « Doctor », leader des années 60-70 à Abedi Ayew Pelé, aucun de ces « génies » du football n’ont pu franchir le rubicon de la Coupe du monde.
L’explication, il faut aller la chercher dans la pagaille qui a toujours caractérisé la gestion du football ghanéen, avec des dirigeants aptes à se remplir les poches et qui plus est, adeptes du clanisme.

Inorganisation, sélection des joueurs basée sur des critères autres que la compétence, le foot ghanéen s’est plombé lui-même les ailes au plan national, même si la force d’un club comme l’Ashanti Kotoko et le talent de ses joueurs, lui ont permis de faire la différence par moments. Conscient de ses tares, Charles K. Goyamfi autre grand nom du football du pays, a réorganisé celui-ci de fond en comble à la fin des années 90, lorsque, lassé par tous ces errements, J. J. Rawlings, lui a confié les menues de football ghanéen.

La sélection se fera dès lors sur le seul critère de la forme du moment, et non sur le « nom » ou le passé des joueurs. Tel le phénix, le Ghana renaît donc de ces centres et ce Mondial qui est son baptême de feu pouvait lui permettre d’étaler à la face du monde, le talent des « Brésiliens » d’Afrique. Comparaison n’est pas raison, mais la Côte d’Ivoire pourrait être logée à la même enseigne que le Ghana.

Si le potentiel a existé de tout temps (Laurent Pokou, Mama Ouattara, Abdoulaye Traoré Ben Badi, Youssouf Falikou Fofana), il n’a jamais été « canalisé » et l’équipe nationale n’a pas toujours été à l’abri des querelles byzantines. Il a fallu l’avènement de managers modernes comme Simplice de Messe Zinzou et surtout de Roger Ouegnin pour que les Ivoiriens comprennent que l’organisation devait précéder l’action pour des résultats concrets.

Avec Jean-Marc Guillou, formateur de talent, Ouegnin, président de l’ASEC, mettra sur pied l’Académie Mimos Sifcom, un centre de formation de qualité qui produit une génération de joueurs talentueux et complémentaires. Issus des « maracanas » d’Abidjan formés dans le monde « populaire » qui privilégie le football spontané fait d’intelligence et d’intuition, les « enfants s’amuseront » d’abord en Afrique (champions d’Afrique en 98) avant de polir les talents en Europe.

Travailler, toujours travailler !

Ce sont les mêmes « Kolo » Habib Touré, Gyapi Yapo, Harouna Dindané, Baky Koné, qui, avec l’extraterrestre Didier Drogba sans oublier l’atypique Kangalé Aka qui ont crucifié le Cameroun lors de la dernière journée des éliminatoires. Les cousins ghanéens et ivoiriens ont donc privilégié le travail et ils récoltent, de nos jours, les fruits au centuple. Les cas togolais et angolais sont un peu plus « inclassables », ces deux footballs n’ayant jusque-là aucun haut fait d’armes à faire valoir, même si le Primero de Agosto de Luanda a longtemps joué les trouble-fête sur le continent.

Trois raisons peuvent cependant expliquer le « miracle ». D’abord, un coaching intelligent et de haut niveau assuré par une expertise étrangère pointue. Stéphan Keshi, l’entraîneur togolais a longtemps été le capitaine des Super Eagles du Nigeria dont le fighting spirit et la soif de vaincre ainsi que l’habitude de victoire n’ont jamais été démentis. Après avoir « roulé sa bosse » en Europe, il est rentré au pays pour y faire ses premières armes d’entraîneur avant de « prendre » le Togo.

Et, dès sa prise de fonction, il a communiqué sa « gnac » à ses poulains, en minimisant les Sénégalais, favoris du groupe, et en multipliant les autres par zéro. Ensuite, la naissance d’une « génération spontanée » talentueuse dans les deux pays. Il nous souviendra que les Angolais avaient été sacrés champions d’Afrique Juniors, il y a un lustre, alors que du côté togolais, les Emmanuel Adebayor, Agassa Kossi, Touré Coubaja Mohammed ont la pointure internationale.

Troisième raison enfin, les deux équipes ont bénéficié de moyens colossaux dans le cadre de leur préparation et n’ont pas été troublées lors de la compétition par des immixtions intempestives des autorités du football. Sera-ce suffisant pour que les quatre pays brillent au Mondial allemand ?

On ne pariera pas sa dernière chemise là-dessus, mais elles ont toutes leurs chances, d’autant qu’en Europe aussi, on a assisté à un bouleversement de la hiérarchie. Voilà qui nous promet un mondial ouvert où la Tunisie, dernier de nos réprésentants, pour peu qu’elle tombe dans un bon groupe, et malgré ses approximations tactiques et techniques pourrait nous valoir des stisfactions. Avec son habitude de la haute compétition et ses joueurs chevronnés, les Aigles de Carthage seront l’atout majeur de l’Afrique en Allemagne, avec les Ivoiriens (pour peu qu’ils se libèrent et revoient leur défense) et le Ghana à un degré moindre.

L’Angola et le Togo ont déjà gagné leur pari du fait de leur seule participation à l’épreuve-reine du football. C’est dire que la Burkina Faso qui a échoué aux portes de l’Egypte, devrait persévérer dans les efforts d’organisation entrepris depuis peu pour espérer récolter les fruits du travail un jour. Pour l’heure, souhaitons bonne chance à nos répresentants à la Coupe de monde.

Boubacar Sy
Sidwaya

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