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Université Joseph Ki-Zerbo : Une statue pour vivifier davantage l’idéal de l’éminent historien

Publié le samedi 5 décembre 2020 à 00h22min

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Université Joseph Ki-Zerbo : Une statue pour vivifier davantage l’idéal de l’éminent historien

Le samedi, 26 novembre 2015, le gouvernement de la transition procédait à la rebaptisation de l’Université de Ouagadougou enUniversité Ouaga I Professeur Joseph Ki-Zerbo, éminent historien et homme politique décédé le 4 décembre 2006. A la faveur des premières journées dédiées à l’illustre disparu, les autorités universitaires ont inauguré, ce vendredi 4 décembre 2020, quatorzième anniversaire de sa disparition, une statue le représentant.

Selon le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Pr Alkassoum Maïga, cet acte entre dans le cadre du travail de mémoire et de reconnaissance pour les Burkinabè qui se sont distingués dans la construction du pays.

« Il a eu des écrits qui ont permis d’orienter l’action des preneurs de décisions et qui permettent effectivement d’inscrire notre processus dans un cadre qu’on appelle le développement endogène. A la suite donc du baptême de l’université, le président Rabiou Cissé a pris l’initiative d’avoir une statue pour permettre aux jeunes générations de savoir qui est le Pr Joseph Ki-Zerbo. (…). Il n’y a pas meilleure façon de perpétuer la mémoire d’un illustre homme que ce que nous avons fait aujourd’hui à travers la statue et surtout par la décision de la famille de donner des ouvrages et de permettre que la réflexion se mène sur des thématiques (nouvelles) », magnifie le ministre Alkassoum Maïga.

Françoise Ki-Zerbo, remettant symboliquement le fond documentaire au président de l’université.

De son avis, il s’agit désormais de travailler à ce qu’une chaire Joseph Ki-Zerbo soit érigée pour permettre aux gens de venir de partout, à travers le monde, pour se baigner de l’idéologie de l’illustre disparu. « Nous avons des professeurs, historiens, sociologues, anthropologues, des gens des sciences sociales, qui sont capables donc d’initier un tel travail. Nous pouvons leur demander de réfléchir à comment cette chaire peut être une réalité, à l’image de ce que nous avons décidé de faire aux niveaux des Universités Thomas Sankara et Nazi Boni. C’est bien que ceux qui entrent à l’université aillent au contact de la production scientifique et de l’engagement de ceux dont le nom est gravé sur le fronton de l’université pour savoir que c’est parce qu’ils le méritent, que le nom y est porté », situe-t-il l’enjeu.

Le président de l’association des historiens africains (AHA), Pr Kouamé Aka, s’est appesanti sur le rôle de Joseph Ki-Zerbo dans la naissance de l’historiographie africaine francophone ou africaine. « L’historiographie de l’Afrique noire francophone faite par les Africains est née en 1954 en pleine période coloniale. Le nom de Joseph Ki-Zerbo figure parmi les précurseurs que sont Cheikh Anta Diop, Ahmadou Matar Mbow, le père Angelbert Mveng, même si dans la pratique, le rôle de Cheikh Anta Diop a été le plus marquant par le sens qu’il donne à l’écriture de l’histoire africaine, une histoire de combat et de revendication aux côtés des leaders politiques et des masses africaines pour la reconquête de leur dignité », soutient Pr Kouamé Aka.

La famille et alliés, représentés par Françoise Ki-Zerbo, fille aînée de l’illustre disparu, notent que Joseph Ki-Zerbo a franchi les frontières de sa discipline et de son pays et dédié sa vie au lien entre l’histoire et le développement de l’Afrique.
« La statue qu’on pourra continuer à découvrir, montre le Pr Ki-Zerbo tenant son livre ‘’Eduquer ou périr ‘’ et il nous a expliqué qu’éduquer, c’est apprendre à devenir.

Les officiels, la famille et des invités, posant après la cérémonie de dévoilement.

Ce message, apprendre à devenir, concerne aussi bien les étudiants, les élèves, le corps enseignant que toute la société. « La famille Ki-Zerbo sera toujours solidaire de la communauté scientifique ; parce qu’il aimait bien les proverbes africains. Il nous rappelait que celui qui veut aller vite marche seul, mais celui qui veut aller loin marche avec les autres », a exprimé Françoise Ki-Zerbo.

Pour le président de l’association des historiens burkinabè, cette journée « était vraiment attendue », après le baptême de l’université. « Le professeur n’était pas seulement un homme politique, il a aussi été, et surtout, un grand scientifique ; l’homme qui a pu faire la convergence des disciplines pour engager le domaine du développement. Sa notion de développement a été une vision particulière, en ce sens que les clichés qui ont été développés par le passé, notamment par les théories occidentales du développement, le professeur les a balayés du revers de la main pour démontrer que le développement est endogène », souligne le président de l’association des historiens burkinabè.

La famille a profité de ce dévoilement de la statue pour remettre à l’université, un fond documentaire de plus de 4 000 ouvrages, répondant ainsi à des attentes des étudiants et des enseignants. Deux étudiants bénéficient également de bourse de la Fondation Joseph Ki-Zerbo pour des travaux de doctorat sur des thématiques en lien avec la pensée du Pr Ki-Zerbo.

Située à l’entrée sud de l’université, la statue, conçue par le sculpteur burkinabè, Siriki Ky, mesure 2,70 mètres pour un poids de 430 kilogrammes.

Retrouvez ici, un ensemble de dossiers sur Pr Joseph Ki-Zerbo : DOSSIERS Pr Joseph Ki-Zerbo

O.L
Lefaso.net

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