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L’autocuiseur « BITATORE » : une solution en économie d’énergie pour les restaurateurs

Publié le dimanche 6 décembre 2020 à 19h45min

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L’autocuiseur « BITATORE » : une solution en économie d’énergie pour les restaurateurs

Cuisson de pâtes alimentaires (Macaroni) dans un autocuiseur métallique

L’Etat burkinabè, à travers le Fonds national de la recherche et de l’innovation pour le développement (FONRID), apporte un soutien financier à de nombreux projets de recherche au Burkina Faso. Au nombre de ces projets, il y a celui de l’autocuiseur baptisé « BITATORE » qui a été développé par l’Institut de recherche en sciences appliquées et technologies (IRSAT) du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST). L’autocuiseur BITATORE est une innovation qui va progressivement révolutionner la filière restauration, tout en favorisant la maitrise de la ressource énergétique.

Le secteur de la restauration joue un rôle socio-économique très important au Burkina Faso, notamment en termes de création d’emplois et de restauration. Malheureusement, c’est un secteur énergivore. Les sources d’énergie principalement utilisées dans ce secteur sont le bois et le gaz butane. Selon les statistiques, de 1992 à 2002, le taux de régression des superficies forestières au Burkina Faso est estimé à 106 726 ha de forêt/an, et ces chiffres sont toujours d’actualité.

Quant au gaz butane, il est entièrement importé et subventionné par l’Etat. Si l’on prend en compte la hausse continue du coût du bois à laquelle les restaurants font constamment face, on comprend l’importance de ce projet de réalisation d’autocuiseurs qui vise principalement l’amélioration de la maîtrise de l’énergie dans le secteur de la restauration par la mise au point et la diffusion d’une solution technologique en économie d’énergie.

Formation sur l’utilisation de l’autocuiseur métallique BITATORE

UN PREMIER MODELE DESTINE AU MENAGES

L’autocuiseur BITATORE est une technologie d’économie d’énergie de cuisson. Elle permet, grâce à un puissant isolant, de finir la cuisson des repas entamés sur un foyer classique, d’où le terme "BITATORE" en langue nationale mooré qui signifie « qui finalise la cuisson tout seul ». Cette technologie de rationalisation de l’énergie consommée a pour principe de terminer la cuisson des repas auparavant précuits sur les foyers classiques (gaz ou bois). La marmite est portée au foyer jusqu’à ébullition avant d’être soigneusement transférée dans l’autocuiseur que l’on prend soin de fermer hermétiquement, l’autocuiseur étant pensé selon le système des « plats thermos », donc comportant un isolant qui conserve la température ambiante à l’intérieur du système.

Comme la cuisson ne se fait pas entièrement sur le foyer classique, il en résulte une économie d’énergie correspondant à l’énergie non consommée, relativement à une cuisson normale du même repas sur un foyer.

Le modèle panier a été le premier fabriqué par l’IRSAT. Il est destiné dans un premier temps aux ménages. Il a permis de réduire considérablement leur consommation d’énergie thermique. Et Dr Serge W. IGO, Maître de Recherche/Energie et Physique des Matériaux à l’IRSAT, coordonnateur du projet BITATORE de préciser : « Le modèle panier, malgré son succès, n’est pas adapté aux secteurs artisanaux tels que celui de la restauration, du fait de sa fragilité. C’est pourquoi nous avons développé une version métallique, plus robuste de l’autocuiseur BITATORE au profit des restaurants, à travers le projet « Développement d’un autocuiseur adapté à la filière restauration », mis en œuvre à Ouagadougou dans la région du Centre ». Ce projet est financé par le Fonds national de la recherche et de l’innovation pour le développement (FONRID) à hauteur de prêt de trente millions de francs CFA.

L’AUTOCUISEUR METALLIQUE « BITATORE »

La version métallique de l’autocuiseur BITATORE diffère de la version panier au niveau de l’enveloppe (réalisée en tôle métallique) et de l’isolation (réalisée en matériaux composites bois/laine de kapok). Plus globalement, le design a été amélioré et l’équipement est muni de roulettes pour faciliter sa mobilité. Pour des raisons pratiques, la taille maximale des marmites utilisables est limitée au numéro 10. L’autocuiseur, en plus des sauces classiques, peut cuire le riz blanc, le riz gras, les tubercules (igname, pomme de terre, patate), le niébé, le couscous ainsi que les pâtes alimentaires.

Un prototype de l’autocuiseur en version métallique a été testé avec succès dans la phase pilote du projet à Ouagadougou. Ce qui a conduit à l’adhésion et à la forte demande qui s’en sont suivies. Dans ce sens, 50 prototypes ont été reproduits au profit des restauratrices du Collectif des associations de restauratrices et transformatrices de produits locaux, (CARTPL). Des soudeurs ont été formés pour assurer le transfert de technologies vers le secteur privé.

50 AUTOCUISEURS REMIS AUX BENEFICIAIRES DU PROJET BITATORE

LA SOLUTION « BITATORE »

En moyenne, le BITATORE permet d’atteindre 40% d’économie d’énergie lorsqu’il est judicieusement utilisé. En plus de l’économie d’énergie, le BITATORE permet un gain en temps et une fluidité dans le travail. En outre, les repas cuits à l’autocuiseur restent chauds et n’adhèrent pas à la marmite. L’utilisation de l’autocuiseur contribue, de fait, à l’amélioration de la santé des utilisateurs.

A tous ces avantages, il faut ajouter les avantages économiques et financiers, en ce sens que la baisse des dépenses liées au poste énergie (achats liés au gaz, au bois et au travail physique) va améliorer la rentabilité des unités de restauration.

Mme Pauline ZOUNGRANA/BIRBA, Présidente du collectif des transformatrices et restauratrices des produits locaux, bénéficiaire du projet, ne tarit pas d’éloges à l’endroit du produit : « Avec le BITATORE, on est dans l’anticipation. La capacité de conservation de l’autocuiseur (deux à trois jours pour les plats au menu servi au restaurant, et une semaine lorsqu’il est hermétiquement fermé sans être ouvert), nous permet de prester sans le moindre souci pour les différents services traiteurs lorsqu’on est sollicité. Avec tous les avantages qu’il nous offre, économie en énergie, gain de temps et amélioration de la santé physique, le BITATORE a sensiblement augmenté nos chiffres d’affaires. ». Ce qui, selon elle, devrait sensiblement booster les filières liées à ce secteur, notamment celles de la viande, des légumes, des céréales, etc.

Au plan social, avec la baisse des dépenses liées au poste énergie, il y aura une réévaluation des coûts pratiqués par les restaurants pour les rendre plus accessibles aux populations. Au niveau environnemental et climatique, on assistera à une sensible réduction de la consommation d’énergie favorable à la préservation des ressources forestières, donc au climat.

Pour le Directeur Général du FONRID, Dr. Hamidou TAMBOURA, « le projet sur l’autocuiseur BITATORE, tout comme bien d’autres projets qui ont reçu l’appui du fonds, a eu le mérite d’être validé par le comité scientifique et technique du FONRID du fait de sa pertinence et de son utilité en termes de capacité à booster le développement socioéconomique du pays. Avec l’accompagnement des médias pour la vulgarisation de tels projets, l’impact est immédiat, tant au niveau des consommateurs, que des artisans et au niveau industriel ».

Dr Hamidou H. TAMBOURA, DG FONRID

Placé sous la tutelle technique du Ministère chargé de la recherche scientifique et de l’innovation, et sous la tutelle financière du Ministère chargé des finances, le Fonds national de la recherche et de l’innovation pour le développement est créé par décret signé le 27 octobre 2011.

Il a pour objectif principal d’offrir un cadre sécurisé de financement des activités de recherche et d’innovation sur l’ensemble du territoire national, afin que les résultats produits soient réellement vecteurs de bien-être pour les populations et générateurs de richesses et de prospérité pour l’ensemble de la nation. L’appel à projets est le dispositif d’expression de la demande mis en place par le FONRID pour financer les projets.

A nos jours, l’Etat, à travers le FONRID, a financé plus de 90 projets de recherche dans des domaines très variés couvrant les besoins des acteurs de la recherche et du développement. A ce chiffre, il faut ajouter 12 autres projets financés à travers le soutien des partenaires techniques du FONRID.

PHOTO DE FIN DE FORMATION AVEC LES BENEFICIAIRES
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