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Lutte contre le tabac au Burkina : Qui veut bousculer le ministère du Commerce ?

Publié le vendredi 4 décembre 2020 à 09h25min

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Lutte contre le tabac au Burkina : Qui veut bousculer le ministère du Commerce ?

Au Burkina Faso, des choses se passent et doivent interpeller les bonnes gens qui se félicitaient déjà des efforts accomplis par le ministère du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat (MCIA), les militants de Afrique contre le tabac (ACONTA) et tous les acteurs de ce secteur.

Au titre des actions menées, figure en bonne place la hausse des taxes sur le tabac qui a induit celle du coût de la cigarette, qu’elle soit de luxe ou dite standard.

Comme partout ailleurs, au Burkina Faso, la preuve a été faite qu’en plus de la sensibilisation et les images dissuasives que portent désormais les paquets, l’augmentation du prix des cigarettes constitue un des freins importants à sa consommation en masse. Mieux, elle sert de digue contre l’accès à ce produit par les non adultes.

Mais malheureusement, on assiste au détricotage de toute la batterie de stratégies mise en place pour diminuer la consommation du tabac. Et c’est à ce titre que je n’arrive pas à me faire au mutisme incompréhensible de l’ACONTA, encore moins à la passivité du ministère burkinabè en charge du Commerce.
D’habitude très incisive sur la question et n’accordant aucun répit aux industriels et aux distributeurs de tabac, ACONTA, de qui nous avons appris à apprécier les positions de lutte contre le tabac, demeure muette comme une carpe, face aux velléités de ramener plusieurs décennies en arrière, la lutte contre le tabagisme.

En effet, le Ministère en charge du Commerce, qui depuis toujours, détient le monopole du commerce du tabac à travers la Zatu n° AN IV-039/CNR/CAPRO portant organisation du monopole des tabacs, énonce à son article premier, que « la production, l’achat, la vente, la circulation, la fabrication, l’importation, l’exportation du tabac de toute origine et sous quelque forme qu’il se présente fait l’objet d’un monopole d’Etat ». Par ailleurs, l’article 7 indique clairement, que « les produits du monopole sont vendus à des prix fixés par le ministère chargé du Commerce. »

Au vu de toutes ces dispositions, je ne comprends donc pas, et ACONTA avec moi, je l’espère, pourquoi ce rétropédalage qui engendre des conséquences graves comme la baisse de prix de certaines marques de cigarettes, avec pour effet non moins grave, de remettre la cigarette à la portée des mineurs.

En tout cas, le relâchement dans la règlementation anti-tabac, et le silence incompréhensible des associations des consommateurs du Burkina ne peuvent que nous inquiéter, nous parents et certainement le Ministère de la Santé.

Question : en France où l’on enregistre régulièrement des augmentations sur les prix de la cigarette, des individus ou sociétés, ou même la Commission de l’Union Européenne, osent-ils diminuer les prix de leur propre chef ? Non !

Je ne saurais passer sous silence ces projets de construction d’usines de tabac, alors qu’il s’agit de baisser la consommation.
De toute apparence, les commissions créées dans le cadre de la règlementation du secteur ne sont plus consultées, encore moins le ministère de la Santé, dont les réserves, j’en suis persuadé sont, royalement, foulées aux pieds.

Il urge pour tous les acteurs impliqués dans le commerce du tabac, de s’y mettre davantage, pour maintenir l’ordre dans le secteur, pour la santé et le bien des populations.
Plus tard, sera trop tard !

Noufou GANAME
Enseignant et sympathisant de ACONTA

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