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Issiaka Isaac Drabo directeur général du projet ZACA : “Les travaux vont démarrer le mois prochain”

Publié le lundi 10 octobre 2005 à 08h58min

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Issiaka Isaac Drabo

Né d’une volonté politique, inscrit comme une priorité nationale de développement de la capitale, le projet ZACA, créé en 2000, tarde à voir le jour. Des spéculations font état de l’existence d’une importante nappe phréatique dans la zone réservée au Projet ZACA. Réalité ou simple rumeur ?

Après plusieurs tentatives infructueuses pour raison de calendrier chargé, Sidwaya a pu rencontrer le directeur général du Projet ZACA M. Issiaka Isaac Drabo, le mercredi 5 octobre 2005. Sans détours, il parle de l’état d’avancement du dossier, du démarrage très prochain des travaux, des souscriptions et de la « fameuse nappe souterraine ».

Sidwaya (S) : Qu’est-ce qui explique la lenteur dans le démarrage des travaux du Projet ZACA, quand vont-ils réellement débuter ?

Issaka Isaac Drabo (IID) : Avant de répondre à la question à proprement parler il faut peut-être un rappel. Le projet a été crée en 2000. Il a eu plusieurs tâches qui ont été exécutées avant qu’on arrive à la phase des réalisations. La première tâche concernait le recensement de la population. Ensuite, trouver un site où la reloger, l’indemniser et la faire déguerpir. Puis faire des études d’aménagement de la zone, le parcellaire, le bornage. Ensuite, faire des études techniques pour pouvoir faire concrètement les travaux. Il se trouve qu’au moment où moi j’arrivais à la tête du projet, l’administration étant une continuité, le projet connaissait un certain nombre de difficultés auxquelles il fallait faire face. C’est pourquoi dès mon arrivée, je me suis attelé d’abord à identifier ces difficultés, à trouver des solutions et à les résoudre concrètement avant de pouvoir exécuter les travaux proprement dits.

(S) : Quelles sont ces difficultés ?

(IID) : Elles sont de plusieurs ordres. Il y a un problème de planification, de financement et de commercialisation des parcelles. A mon arrivée, le projet ne disposait pas d’études techniques pour exécuter les travaux de viabilisation et de verdure. C’est la première zone de difficulté. C’est dire que même s’il y avait de l’argent au moment « T » où moi j’arrivais, on ne pouvait pas travailler puisqu’on ne disposait pas d’études techniques qui permettaient de faire les routes, les caniveaux et d’amener l’électricité et le téléphone .. Et ce ne sont pas des études qui se font en 3, 4 , 5 mois. Ce sont des études pointues qui se font généralement en 10-12 mois. La deuxième difficulté est liée aux souscriptions, à la commercialisation.

Dans la philosophie de départ du projet, les souscripteurs intéressés par les affaires pouvaient verser 30% et une année après lorsqu’on aura viabilisé la zone, verseront le reste. Or, 30% ne suffisent pas à pouvoir travailler. Il aurait fallu peut-être leur laisser libre cours de payer ce qu’ils peuvent payer, c’est-à-dire soit la totalité soit au moins la moitié. Ce qui permettrait d’avoir assez d’argent pour démarrer certains travaux.

L’autre difficulté c’est le financement, les premiers fonds qui ont été mobilisés lors de l’emprunt obligataire ont été entièrement utilisés pour indemniser et recaser la population résidente. Donc, il n’y avait plus d’argent conséquent pour entreprendre les travaux. Ce sont des difficultés que nous nous attelons à résoudre avec l’appui des techniciens du projet, du ministère des Infrastructures, de l’Habitat et de l’Urbanisme et du gouvernement puisque c’est un projet à caractère national.

(S) : A l’heure actuelle, à quelle phase du projet vous trouvez-vous ?

(IID) : A la phase actuelle, les problèmes étant clairement identifiés, la préoccupation première est la finalisation des outils techniques de réalisation. Les marchés ont été passés, les études sont en cours et les résultats sont attendus pour ce mois. Mais, il y a une partie des travaux dont nous avons déjà les résultats. Ces résultats ont été fournis au cabinet et nous attendons l’assentiment pour lancer les appels d’offres. Actuellement, nous avons la partie qui concerne l’assainissement avec une zone un peu accidentée.

Nous avons voulu dans l’aménagement créer un canal qui va drainer les eaux de pluie et de ruissellement, pour les acheminer dans un grand collecteur. Le travail est déjà prêt.

(S) Est-ce qu’on peut avoir le point des souscriptions ?

(IID) : Au niveau des souscriptions, beaucoup de gens ont manifesté leur intention d’acquérir des parcelles. Nous avons trois types de situation. Il y a d’abord ceux qui se sont acquittés des 30% demandés. Ensuite, ceux qui ont payé plus des 30% et enfin ceux qui ont payé moins de 30%.

(S) : D’aucuns disent que vous avez vendu nos terrains à des étrangers au détriment des nationaux. Qu’en est-il ?

(IID) : Non ! De la pure spéculation . Ici, nous avons affaire à des nationaux. Nous avons trois types de clients. Il y a d’abord les sociétés structurées. Ensuite, ceux qui étaient sur place et qui ont manifesté le désir de rester. Et enfin, les nouveaux souscripteurs. Actuellement, on a près de 70% des parcelles qui sont réservées mais la commercialisation est faible du fait de l’option des 30% et du fait aussi (il faut le reconnaître), que les parcelles n’étant pas aménagées et viabilisées, les gens sont un peu réservés quant à l’achat.

(S) : Il semblerait qu’une partie du Projet ZACA renferme une nappe phréatique. Ce qui ne motive pas les souscripteurs. Est-ce une simple spéculation ou une réalité ? Et si oui, cela ne signifie t-il pas qu’il n’y a pas eu une étude technique préalable pour vraiment réaliser le projet ?

(IID) : Je pense qu’il s’agit plutôt de spéculations. Il s’est agi plutôt de se donner toutes les chances d’avoir un bon projet, techniquement viable et solide. Et en ce sens, des sondages ont été faits avec le Laboratoire national des travaux publics. Cependant, la spéculation peut venir du fait que nous avons entrepris de collecter les eaux de pluie de manière générale à les diriger et à les canaliser. Le fait de voir les techniciens sur le terrain, faire des études de sondage de niveau de terrain a peut-être entraîné les gens à ce genre de spéculation.

Pour un exemple et à tout hasard, à côté de l’Union européenne, vous avez un bâtiment de 6 étages en construction. S’il y avait une nappe dans cette zone, on n’aurait pas pu réaliser un tel chantier. En allant vers l’Avenue Loundun, il y a l’immeuble de la Grande imprimerie du Burkina qui est un grand bâtiment qui a été construit il y a très longtemps. Si ce bâtiment tient encore sans les avancées techniques d’études de sondage et de laboratoire dont nous disposons aujourd’hui cela justifie qu’il n’y pas d’eau.

Du côté de Koulouba il y a également le bâtiment de M. Ouédraogo Amidou qu’on appelle « Amdi’carreau ». Il construit un bâtiment d’environ 6 étages. Si on fait la synthèse des trois zones, il faudrait que la nappe ait des ramifications pour qu’on ne puisse pas construire. D’un avis même technique, aujourd’hui des dispositions techniques existent pour construire dans l’eau. Nous avons l’exemple des ponts.

Nous, nous avons choisi de canaliser les eaux de pluie et de les drainer mais pour ce qui est d’une nappe souterraine à notre connaissance, il n’en existe pas. Et même s’il y en avait, cela ne devrait pas pouvoir empêcher la réalisation du projet. Pour la petite anecdote, il y a « Armelle Voyages » qui a une parcelle à la cité. Elle a voulu faire un forage. C’est à partir de 20 m qu’elle a pu avoir de l’eau.

(S) : Ceux qui sont restés, s’ils venaient à changer d’avis, est-ce-que vous êtes prêts à les dédommager ?

(IID) : On n’avait pas envisagé cela parce qu’ils se sont engagés. Ils ont signé des documents. Ils se sont engagés à rester de leur libre arbitre et la plupart ont payé le minimun qu’on leur demande. Maintenant si quelqu’un a des problèmes et qu’il veut partir, on étudiera. Ce sera au cas par cas. Il se peut aussi que ce bâtiment puisse intéresser quelqu’un d’autre. Nous pouvons servir d’intermédiaire pour le vendre aux opérateurs économiques et dédommager la personne. Mais généralement ceux qui y sont ont fait de gros investissements. Et ça m’étonnerait qu’ils renoncent à ces investissements.

(S) : Ce quartier fait partie aussi de l’histoire du Burkina. Est-ce que vous avez songé à garder un minimum de patrimoines ? Je veux parler par exemple du square Yennenga, de la maternité Yennenga qui portent le nom d’une des princesses de l’histoire du Burkina.

(IID) : La maternité Yennenga va rester. Elle sera même agrandie pour en faire une clinique moderne. Et dans l’optique de l’aménagement qui a été retenu les valeurs culturelles du terroir seront aménagées pour faire un rappel historique de ce patrimoine. En ce sens nous avons une esplanade culturelle où les valeurs symboliques de chaque région seront représentées. Nous avons une nouvelle salle de spectacle qui sera érigée ; Nous avons même été approché par M. Pacéré qui nous a fait des propositions d’aménagement, de sculptures pour rendre cet aspect culturel à la zone.

(S) : Cela veut dire qu’il y a des images d’archives du quartier qui restent ?

(IID) : Oui bien sûr, nous avons pu filmer les différentes phases depuis le recensement, la casse... grâce à l’appui d’un conseiller en communication.

(S) : Vous avez séjourné dernièrement en Malaisie. Est-ce pour la recherche d’investisseurs ? Si oui, qu’est-ce que cela a donné ?

(IID) : Dans la recherche des financements, une de nos préoccupations majeures, nous avons eu des contacts avec un certain nombre de pays dont des Roumains, des Malais pour des montages d’un certain nombre de projets. La discussion avec les Malais était très avancée. Nous avons au cours de la visite effectuée par le Premier ministre, rencontré nos partenaires là-bas. Nous avons discuté des conditions et des modalités. J’ai même là une brochure « ZACA City » que nos partenaires malais envisagent de créer pour réaliser une opération immobilière. Nous attendons incessamment leur arrivée pour tout formaliser.

(S) : Au regard de ce que vous venez de dire, on constate que le Projet ZACA est toujours sur papier. Quand est-ce que le peuple burkinabè verra pousser de terre, le premier immeuble. Est-ce que vous pouvez nous dire concrètement à quand le démarrage des travaux ?

(IID) : Il y a un dossier d’appel d’offres au cabinet. Dès qu’il sera lancé, il faut donner le temps de dépouillement et les travaux commencent. Donc c’est sûr que le mois prochain, les travaux vont démarrer. Maintenant il y a une nuance. Pour nous, il y a deux types de travaux : il y a d’abord la viabilisation ensuite viennent les immeubles. Les gens quand ils parlent de travaux veulent voir tout de suite les immeubles, alors que pour qu’il y ait les immeubles il faut qu’il y ait un nouveau réseau d’aménagement, nouveau réseau d’électricité, des caniveaux et une voirie refaite sinon il serait difficile de construire les bâtiments en tant que tels. Si on commence à construire les bâtiments alors qu’on doit faire les routes, les caniveaux il y aurait beaucoup de désordre, de désagréments.

Il faut alors une hiérarchisation des travaux. Nous pensons que d’ici à novembre, nous aurons les engins sur le terrain. C’est ce qui justifie notre silence. Chaque fois qu’on rencontre la presse on nous demande quand est-ce que vous commencez ? Ce qui fait qu’on était un peu réservé pour les interviews et autres. Maintenant que nous avons du concret sous la main, nous avons accepté votre initiative. C’est dire que maintenant on tient le bon bout.

(S) Est-ce que vous pouvez nous dire combien vous avez investi ? combien vous avez encaissé à ce jour ? Et combien vous attendez encore des uns et des autres ?

(IID) : En matière de chiffres c’est un peu délicat parce que moi je viens d’arriver. Il y a des audits qui sont en cours pour mieux situer les différents chiffres. Je peux vous communiquer les chiffres qui m’ont été transmis lors de la passation de service. Au niveau des dépenses, il y a près de 20 milliards qui ont été investis dont près de 17 milliards pour les indemnisations. Au niveau de la commercialisation, nous avons pu récolter près de six (06) milliards.

(S) Vous attendez combien si tout est vendu et payé cash ?

(IID) : 35 milliards pour la commercialisation.

(S) Et vos partenaires malais, combien vont-ils investir ?

(IID) : Les parcelles que nous mettons à leur disposition peuvent nécessiter un financement de près de 80 à 100 milliards. Et c’est sûr qu’ils ne vont pas finaliser tout d’un coup. Ils vont aller par étape.

(S) Si le projet venait à voir le jour et à être concrétisé on peut l’estimer à peu près à combien de francs ?

IID : C’est un peu délicat. Je vais vous donner des indications. Au niveau des parcelles, nous attendons près de 35 milliards. Ensuite, il y a les réalisations. Chaque nouveau propriétaire va investir entre 500 millions et un milliard. Il y a un certain nombre d’équipements : un hôtel 5 étoiles, des marchés, l’esplanade culturelle, des restaurants populaires, des parkings, des galeries commerciales...L’estimation de ces équipements tourne autour de 100 milliards.

Quant aux propriétés, les besoins varient entre 500 millions et 5 milliards. Et il y a au moins, 200 propriétaires qui voudraient faire ce type d’investissement.

Entretien réalisé par A. Verlaine KABORE
Alassane NEYA (stagiaire)

Sidwaya

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