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Médias et élections en Afrique : Journalistes et politiques à la recherche d’une meilleure collaboration

Publié le lundi 10 octobre 2005 à 08h52min

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Le mercredi 5 août dernier, au troisième jour du séminaire-atelier organisé par le Conseil supérieur de la communication (CSC) sur « Médias et élections en Afrique », trois entités : le politique, les médias et la société civile se sont retrouvées à la même table pour échanger sur les modalités d’une meilleure collaboration.

Les regards croisés sur les médias et les élections en Afrique, l’intitulé du sous-thème proposé par le CSC se sont transformés en tirs croisés et souvent groupés entre politiciens et journalistes.

Pour les premiers, les hommes de médias ne font pas assez. L’opposition pense surtout que les journalistes sont magnanimes vis-à-vis des tenants du pouvoir et critiques quand il s’agit de parler d’elle. Quant aux journalistes, « défendus » par les directeurs de publication de L’Observateur Paalga et de Sidwaya, les médias ne peuvent pas tout faire à la place du politique. D’ailleurs, ce n’est pas leur mission.

C’est le représentant de l’opposition, M. Issa Tiendrébéogo, par ailleurs coordonnateur « d’Alternance 2005 » qui, le premier, a allumé la mèche en accusant les médias d’être toujours absents quand « les gouvernants dénaturent le fonctionnement des institutions républicaines mises en place par le peuple ». M. Tiendrébéogo estime, en effet, que lorsque les pouvoirs tripatouillent les lois fondamentales pour se pérenniser , mettent l’économie de leur pays sous coupe réglée, violent les traités internationaux, « on ne trouve pas, sauf à de très rares exceptions, la mobilisation qui devrait être celle des médias ».

Le coordonnateur cite la polémique autour de l’article 37 de la Constitution burkinabè sur l’éligibilité ou non de l’actuel chef de l’Etat, M. Blaise Compaoré. Selon lui, les médias publics ou privés ont été amorphes sur la question.

M. Tiendrébéogo est, de ce fait, sceptique quant à la réalité du pluralisme médiatique. « En Afrique, l’explosion dans la création des médias, le pluralisme qui s’observe partout et à travers toute l’Afrique, est un pluralisme qui ne joue pas toujours dans le sens d’une expression plurielle des opinions parce qu’étant souvent le fait de phénomène de récupération des pouvoirs et des puissances d’argent pour mieux agir, contrôler les médias, donc pour mieux agir sur les modes de conquête, de gestion et de dévolution du pouvoir », clame-t-il.

Le député Patrice Diéssongo du Congrès pour la démocratie et le congrès (CDP) représentant la majorité, n’a pas lui aussi manqué de dénoncer le peu d’intérêt ou les critiques parfois « virulents » dont son parti seraient l’objet dans les médias. M. Diéssongo estime, cependant, que la majorité en tant que détentrice du pouvoir, s’attend au moins, à ce que les médias d’Etat soient plus tolérants. Ce qui n’est pas toujours le cas, déplore-t-il.

Le Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste (PDP/PS), représenté par le Dr Alain Zoubga, affirme qu’il ne faut pas jeter l’anathème aux journalistes sans tenir compte de leurs conditions de vie et de travail.

Saluant le travail remarquable du quotidien Sidwaya, M. Zoubga croit qu’il faut travailler à instaurer une convention collective pour les journalistes et imposer un cahier des charges aux médias audiovisuels publics comme privés afin « qu’on sache « qui fait quoi, où et quand ».

Du manque de formation des journalistes déploré par le deuxième représentant de l’opposition, la société civile n’en dira pas le contraire. Avec preuve à l’appui, le président de la Ligue pour la défense de la justice et la liberté (LIDEJEL), M. Ousmane Nacro, indiquera que les journalistes prennent peu de précautions dans leurs écrits.

Les directeurs des organes de presse qui ont intervenu, n’ont pas manqué de relever çà et là, des incohérences et contrevérités. Reconnaissant qu’il faut instaurer un dialogue entre politiques et médias, le directeur de publication du quotidien L’Observateur Paalga, M. Edouard Ouédraogo, a invité les hommes politiques à faire preuve de magnanimité « Ne battez pas votre coulpe sur notre poitrine », a lancé M. Ouédraogo car, les médias quels que soit leur volonté, leurs moyens et leur influence ne pourront pas se substituer aux politiques.

En tous les cas, foi du doyen des promoteurs de presse privée au Burkina, aucun journal ne doit s’allier à quelque parti que ce soit.

« Si vous vous alignez derrière un parti d’opposition, le jour qu’il sera au pouvoir, vous serez le premier journal à être inquiété et si vous êtes avec ceux du pouvoir parce qu’ils sont au pouvoir, quand ils passeront à l’opposition, ils vous accuseront de n’avoir pas fait assez pour les défendre », a prévenu M. Ouédraogo.

Romaric Ollo HIEN (romaric_hien@yahoo.fr)
Sidwaya

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