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Entreprises burkinabè : La face cachée du mécénat

Publié le vendredi 7 octobre 2005 à 07h52min

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C’est connu : chaque entreprise, face à la concurrence, cherche
au quotidien à valoriser son image de marque. Ce signe
extérieur de performance, de bonne santé et de crédibilité est un
gage de confiance vis-à-vis du public, spécifiquement de la
clientèle et des entreprises partenaires.

C’est aussi un défi
affiché face aux structures concurrentes qui, elles aussi, se
battent bec et ongles pour soigner leur image. Certaines
entreprises vont même jusqu’à poser des actions éminemment
sociales pour mieux capter l’attention de l’opinion publique et,
partant, l’attirer dans leur escarcelle.

En la matière, elles ne
manquent pas d’imagination : soutenir des malades du Sida,
des enfants démunis vivant dans la rue ou abandonnés, offrir
une ambulance à un centre hospitalier, bref, les initiatives sont
multiples et multiformes pour se faire un coup de pub aux
conséquences lucratives. Le problème cependant, c’est que
plusieurs de ces entreprises n’ont de citoyennes que de nom.
Car en dessous du spectaculaire, se cachent des pratiques
malsaines. Fraudes, corruption, clientélisme, trafic d’influence...

sont leur "sport favori". Tout ou presque, est bon pour se faire du
fric. Mais l’opinion n’en sait pas grand-chose, tellement ces
pratiques sont masquées avec tact. Souvent avec la complicité
de certains "dinosaures" économiques et politiques. L’Etat
devient en la matière impuissant car il a eu des liaisons
coupables avec certaines de ces entreprises ou sociétés.

D’ailleurs, des opérateurs économiques, et pas des moindres,
n’hésitent pas à financer certaines activités de dirigeants
politiques, dans le but d’obtenir, en retour, des marchés juteux.
Et comme chaque partie en tire profit, la pratique est de plus en
plus courante.

Si seulement ces "entreprises citoyennes" respectaient leurs
obligations légales ! Mais certaines d’entre elles ne sont pas à
jour vis-à-vis du fisc, de la caisse de sécurité sociale et sont
souvent championnes dans les traitements non adéquats de
leurs employés.

Certes, toutes les entreprises ne pataugent pas
dans les eaux troubles du profit à tout prix.Il y en a qui font
preuve de transparence, de responsabilité, donc de crédibilité.
Et elles tirent des bénéfices conséquents de leur travail bien fait.
Mais nombreuses sont aussi celles qui veulent absolument
faire l’affaire des puissants du jour afin de sauvegarder leurs
propres intérêts.

Or, si le secteur de l’économie n’est pas
assaini, il serait vain pour le Burkina de baliser les chemins d’un
développement durable. Evidemment, il faut que l’arène
politique ait, elle aussi, un code de conduite morale susceptible
de donner une impulsion au caractère citoyen de la
gouvernance.
En réalité, les entreprises dites citoyennes doivent pouvoir
conjuguer deux types d’actions : respecter à la fois la législation
en vigueur et être au service des citoyens. De telles entreprises
sont enviées de tous, donc peuvent être de vraies locomotives
pour le progrès national.

Aussi faut-il qu’il y ait un réel système
de contrôle et de suivi, susceptible donc de détecter les brebis
galeuses et de les sanctionner à la hauteur de leurs forfaits.
Mais aussi encourager ces entreprises qui font, au quotidien,
preuve de responsabilité sociale vis-à-vis de l’Etat, donc de
l’intérêt supérieur des citoyens.

A la vérité, ces structures aux pratiques malsaines sont à
l’image de l’Administration burkinabè où, de plus en plus, des
voix s’élèvent pour condamner des actes aux odeurs
nauséabondes. Sous la deuxième législature de la IVe
République, un député, dépité, a affirmé sans sourciller que "la
morale agonise au Faso".

En clair, pour relever la pente, il faut
impérativement instaurer dans le système éducatif, l’éducation
civique, cette matière qui, aujourd’hui, a pratiquement disparu
des programmes scolaires.
La culture d’entreprise doit en outre être de mise, et de façon
saine, dans toutes ces structures qui veulent vendre leur image
à l’opinion. Sinon, les actions à caractère social qu’elles mènent
pourraient être assimilées à des cadeaux empoisonnés.

Certes, les dons et opportunités que ces entreprises offrent
contribuent à soulager les personnes démunies ou à apporter
une aide à l’Etat qui se plaint, bien souvent, de n’avoir pas les
moyens adéquats pour réaliser ses ambitions. Mais si l’on n’y
prend garde, à force de tremper sa babine dans la soupe
aigre-douce des donateurs, l’on pourrait finalement se mordre
les doigts. C’est pourquoi, dans la perspective d’un
développement profitable à tous, il convient de jouer la carte de
la franchise vis-à-vis de la Nation.

Car, de toutes façons, les jeux
de cache-cache ont toujours fini par paraître au grand jour. Mais
avant qu’il ne soit trop tard, il faut oeuvrer à éradiquer, autant que
possible, les différentes tares qui minent le fonctionnement de
l’Etat. C’est un devoir citoyen dont chaque entreprise devrait faire
son credo.

"Le Pays"

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