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Politique : « Les femmes du Burkina sont engagées pour un changement de leurs conditions », selon Martine Yabré

Publié le vendredi 30 octobre 2020 à 14h47min

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Politique : « Les femmes du Burkina sont engagées pour un changement de leurs conditions », selon Martine Yabré

Pour la présidentielle de 2020, Yéli Monique Kam, 47 ans, est candidate après Saran Séré Sérémé en 2015. En 2014, Joséphine Ouédraogo a été candidate à la présidence de la Transition. Ainsi, plusieurs femmes au Burkina sont désormais décidées à aller à la conquête de Kosyam, au-delà de toutes entraves. Pourquoi les femmes rencontrent-elles autant de problèmes à s’affirmer en politique ? Lefaso.net a posé quelques questions à Martine Yabré. Elle est la coordonnatrice pays de l’Union africaine (UA) des ONG de développement, porte-parole du comité de suivi pour la mise en œuvre de la loi sur le quota genre au Burkina Faso et coordonnatrice du cadre de concertation des organisations intervenant sur le genre et la participation citoyenne des femmes au Burkina Faso.

Lefaso.net : Quelle est votre analyse de la percée politique de la femme burkinabè ?

Dans le cadre du Burkina, nous travaillons essentiellement sur les questions de participation politique des femmes et spécifiquement sur l’accroissement de leur effectif dans les instances de décision aussi bien au niveau électif que nominatif.
Malheureusement, le Burkina, à l’instar d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest, piétine en ce qui concerne la responsabilisation des femmes. On se souvient qu’en février 2019, il y a eu l’organisation du forum national sur l’autonomisation et la responsabilisation des femmes qui a été tenu par l’Assemblée nationale et qui a mobilisé plus de dix mille participantes venues de tous les coins du Burkina Faso, pour ne pas dire toutes les 45 provinces du Burkina.

Lors du forum, il y a eu d’excellentes propositions, qui n’ont pas connu d’aboutissement en termes de mise en œuvre malheureusement. On retiendra que le Burkina pour marquer sa façon de promouvoir la femme dans les instances électives a voulu en 2009 adopter la loi sur le quota qu’on avait intitulé la loi 010 /2009/AN portant fixation de quota aux élections législatives et municipales au Burkina Faso.

Cette loi prônait l’alignement simple de 30% de l’un et l’autre sexe sur les listes de candidatures. Malheureusement après trois applications, durant une décennie de 2009 à 2019, nous nous sommes rendues compte que les insuffisances liées à sa mise en œuvre n’ont pas permis d’atteindre les objectifs escomptés. Ce qui fait qu’il y a eu comme une régression au niveau de l’Assemblée nationale.

Le pourcentage de femmes députées par exemple

Même si nous convenons qu’on ne peut pas tailler sur mesure la loi pour un sexe donné et compte tenu du fait qu’elle doit rester universelle, on retiendra quand même, que des engagements internationaux ont été pris par le Burkina Faso, au niveau international notamment avec la ratification de la convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard de la femme.

Le Burkina devait quand même prendre des mesures beaucoup plus discriminatoires et positives pour pouvoir permettre que la représentation minimale qui est souhaitée (pour tout sexe, toute composante soit de 30% minimum pour influencer toute décision) soit effective. Jusque-là, que ce soit au niveau des Conseils municipaux, de l’Assemblée nationale, du gouvernement et des autres structures en dehors des postes de gouverneurs où il y a une relative augmentation ; à ce niveau il y a un respect des 30% généralement.

Y a-t-il des raisons de satisfactions ?

Pour tout le reste, je pense qu’il y a un effort à fournir. Qu’à cela ne tienne, on pourrait se satisfaire de l’engagement des femmes burkinabè. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que les femmes du Burkina Faso ne sont pas engagées sur le terrain politique. Les femmes du Burkina sont effectivement engagées pour un changement de leurs conditions, une amélioration de leur situation, encore faudrait-il que la volonté politique puisse accompagner cet engagement. Nous nous sommes un peu insurgées avec la relecture de la loi de 2009, qui aujourd’hui dans sa nouvelle version garantit uniquement, je dis bien uniquement, le type de positionnement sans pour autant contraindre les partis aux respects de ladite loi.

Pour dire qu’aujourd’hui, tout parti politique peut décider d’ignorer royalement la loi sur le quota parce qu’il n’y a aucune sanction coercitive. Donc c’est laisser à la volonté de tout parti politique et cela interpelle les femmes que nous sommes à nous engager davantage, à redoubler de vigilance dans la surveillance des processus électoraux, dans la solidarité féminine et aussi dans l’amélioration de la qualité de notre engagement, car c’est assez important que nous puissions nous renforcer en matière de culture politique. Voici un peu ce qu’on pourrait dire de l’engagement des femmes aux Burkina.

Quels sont vos défis de 2020 en faveur des femmes ?

En ce qui concerne les élections du 22 novembre 2020 couplées présidentielle et législatives, notre cadre de concertation ambitionne la formation d’au moins 600 femmes candidates selon des critères bien définis avec l’appui de partenaires techniques et financiers. Nous venons de signer une convention qui nous permet d’assurer au moins ce volet de renforcement des capacités. En plus de la formation que nous pouvons donner aux femmes, y a bien d’autres acteurs qui y contribuent à leur manière ; ce serait quand même bien qu’il y ait un respect des engagements politiques qui ont déjà été pris.

Ces engagements devraient accompagner les femmes engagées en politique pour la période. C’est le cas d’un des points de consensus du dialogue politique tenu du 15 au 22 juillet 2019 qui portait sur la prise de mesures d’accompagnement pour les femmes engagées en politique. Et cela interpelle la responsabilité historique du chef de l’État et des co-présidents du dialogue politique que sont le président Simon Compaoré et le chef de file de l’opposition politique, Zéphirin Diabré.

Du 17 au 23 septembre 2020, c’était le dépôt de listes de candidature pour les élections législatives au Burkina Faso. Nous avons eu la chance d’observer ce processus et personnellement j’ai quitté les lieux autour de 1h30 du matin, il y avait de l’affluence. C’est dommage que ce soit toujours à la dernière minute que les partis viennent intervenir. Aussi ce qui était déplorable c’est que je n’ai pas vu suffisamment de femmes de partis politiques s’intéresser aux suivis des listes de candidatures, quand on sait que souvent il peut avoir des changements de dernière minute lors des dépôts de liste. On en a vu par le passé et ce n’est pas exclu que ça se répète. Cela pourrait peut-être expliquer qu’il y a un certain nombre d’obstacles qui sont lié à des besoins.

Propos recueillis par Edouard Samboé
Sarah Kaboré (stagiaire)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 30 octobre 2020 à 15:41, par A qui la faute ? En réponse à : Politique : « Les femmes du Burkina sont engagées pour un changement de leurs conditions », selon Marine Yabré

    J’ai lu votre première question et j’ai zappé tout le reste. Percée ? Tout le monde au Burkina a compris que le moyen le plus rapide gagner beaucoup c’est la politique. Ils veulent manger et grossir comme des bœufs, aucune conviction. Quelques exemples :
    - Ils sont tous sankaristes : pourtant ils étaient presque tous anti-sankariste il n’y a même pas 10 ans.
    - On dit que la chefferie traditionnelle est sacrée ; les chefs traditionnels se font appeler par leur prénoms pour s’enrôler sur les listes électorales
    - Des gens font des études Bac+5,6,7,8,10. Dès qu’ils l’occasion ils abandonnent tout et se versent dans la politique. Aucune passion, quel gâchis !
    - Ils insultent tous l’occident pour se dédouaner et tromper les moutons ; regardez où sont leurs enfants. Regardez comment toutes leurs idées sont textuellement copiées de la France. Juste par paresse ou incompétence
    Les pays qui se développent ont souvent connu plusieurs générations de gens passionnés dans ce qu’ils font, de l’ouvrier au cadre supérieur, et pour rien au monde vont quitter leur domaine d’expertise. Nous devons cultiver cet amour du travail bien fait, diminuer les fêtes et l’oisiveté
    Pour "percer" dans un domaine il faut en être convaincu, être patient et accepter d’endurer des défaites.

  • Le 30 octobre 2020 à 18:27, par Le Vigilent En réponse à : Politique : « Les femmes du Burkina sont engagées pour un changement de leurs conditions », selon Martine Yabré

    Ces histoires de positionnement des femmes sur les listes des candidats aux différentes élections ; de nomination des femmes à des postes de responsabilité etc. ne changent rien du tout à la situation de la femme burkinabé. En effet, les postes électifs et nominatifs permettent à des femmes qui occupent déjà des positions assez confortables dan la société d’avoir des promotions sans que cela ait un impact quelconque sur la situation de la « Femme Burkinabé » en général. Celles qui animent des conférences de presse et s’expriment à travers les médias ou participent à des conférences internationales sur ces questions se battent pour elles-mêmes sans aucun souci pour la grande masse des femmes burkinabé. Est-ce parce que Ellen Johnson Sherlif a été présidente de la république au Liberia que toutes les femmes libériennes verront leur situation s’améliorer ?
    En quoi une éventuelle élection de Marine Lepen à la présidence en France améliorera là conditions de la femme en France ?
    Le combat pour l’amélioration des conditions de la femme en général ne saurait consister à faire élire et/ou nommer les femmes de la nomenclature à des postes de responsabilité.
    Le comble de la bêtise, c’est d’exiger des partis politiques de positionner confortablement des femmes sur leurs listes pour les élections législatives et municipales. Les partis politiques défendent des programmes de société qui ne sauraient se complaire de questions de positionnement des femmes sur des listes électorales. Demandez plutôt aux femmes de créer leurs partis ou leurs groupes d’indépendantes avec leurs listes pour les différentes élections.

    • Le 31 octobre 2020 à 17:38, par Alexio En réponse à : Politique : « Les femmes du Burkina sont engagées pour un changement de leurs conditions », selon Martine Yabré

      Le visgilant. Dans quelle planete, ou dans quelle epoque vous vivez ? Quelle basesse de votre part.

      Et sans la femme vous n allez jamais jouir vos prouesses sur cette terre, Au moins un peu de respect pour nos meres qui nous ont donner la vie depuis le commencement de la vie sur terre entiere.

      L experience qu elles ont acquises aupres des hommes par le cours de l evolutions et revolutions humaine dans son developpement ne doit pas etre sous-estime par le chauvinisme masculindont vous faites preuve par voutre pensee archaique qui ne rime plus avec la realite du terrain mais aussi avec notre epoque.

      Je dois a vous souligner que les reines d Afrique de capacite intellectuelle et talent dans la gouvernance ont exister avant meme notre epoque,

      Avant la coloration coloniale francaise du pouvoir dEtta qu il nous ont imposes par le biais du colonialisme. D ailleurs toutes ses sciences et techniques de la gourvenance ont ette initiees en Egypte ancienne par les Grecques.

      La medisine dhyppocrates et autres grans penseurs du meme pays. L Afrique non seulement berceau de l humanite etait berceau du savoir et de toutes les sciences universelles.

      Je suis tres etonne d apres vous que les femmes doivent creer leur parti pour advenir au pouvoir. Donc par la voix discriminatoire des hommes comme leur enemi principal a abattre ?

      Non Mr le Vigilant, ce nest pas comme cela qu une societe des principes de Droit et de la Democratie fonctionne, La discrimination de sexe, de religion, d appartenance ethnique, de region sont exclus ddes outils de la gouvernance.

      Prendre aussi Madame Johnson du Liberation comme exemple d un fiasco de ggouvernance est proces d intention avotre egard. Elle a ette beaucoup apllaudit partout en dehors des frontieres africaines. Comme la voix a suivre.

      Dans un monde ideal le sexe n a rien avoir avec votre capacite intellectuelle.et humaine et politique.

      Votre referance est discriminatoire. Pas moins que la stigmatisation de la femme. Un droit qu elle doit recouvrir pour son epanouissemnt sosial, kulturel. Etc

      Votre talent er alpha og omega.

      • Le 31 octobre 2020 à 20:37, par Le Vigilent En réponse à : Politique : « Les femmes du Burkina sont engagées pour un changement de leurs conditions », selon Martine Yabré

        Mon cher @Alexio,
        Je constate que vous n’avez rien compris du sens de mon post. Rassurez-vous, je suis beaucoup plus conscient que vous-même du rôle primordial de la FEMME dans toute société et depuis l’origine de l’humanité. Ce que je déplore, et que vous n’avez malheureusement pas compris, c’est cette fâcheuse tendance à réduire ce rôle important de la FEMME à une question de positionnement de femmes sur des listes électorales, de nomination de femmes à des postes de responsabilités dans les administrations etc.
        Beaucoup de ces gens qui réclament à cors et à cris le positionnement des femmes sur des listes électorales et les nominations de femmes à des postes de responsabilité, n font leur fonds de commerce. Si l’on peut bien voir, ces personnes et sûrement vous aussi, savez en vos âmes et consciences que ce n’est que du théâtre et une façon de suivre un courant alors même qu’on y croit pas. Dites-moi si c’est le quota genre qui a porté Helen Sherlif à la présidence de Liberia ? Est-ce le auto genre qui a porté aux postes de premiers ministres Mme Margaret Tatcher au Royaume Uni, Angela Merkel en Almagne, Indira Gandhi en Inde etc ? Je persiste et signe que le fait de positionner des femmes sur des listes électorales et/ou nommer des femmes à des postes ne saurait être des mesures pouvant changer significativement la condition de la FEMME en général dans notre pays. Il faut développer de vraies politiques et non pas se contenter de mesures qui ne profitent surtout qu’a quelques femmes émancipées. Savez-vous que beaucoup de femmes sont contre cette histoire de quota qu’elles considèrent comme une certaine humiliation de la FEMME ?

  • Le 30 octobre 2020 à 19:26, par véritas En réponse à : Politique : « Les femmes du Burkina sont engagées pour un changement de leurs conditions », selon Martine Yabré

    Où est cette percée ? Ou bien c’est pour dire le contraire ? Je ne comprends plus rien.

  • Le 30 octobre 2020 à 20:09, par TERMINATOR En réponse à : Politique : « Les femmes du Burkina sont engagées pour un changement de leurs conditions », selon Martine Yabré

    Mon frère, il y’ en qui croient qu’en politique un poste, une position ça se dépose le matin comme la popote. Je ne faisais que passer, si les hommes ne se font pas de cadeau pourquoi les femmes demandent des cadeaux ? le leadership ne se donne pas ça se conquiert.

  • Le 1er novembre 2020 à 03:10, par Kanzim En réponse à : Politique : « Les femmes du Burkina sont engagées pour un changement de leurs conditions », selon Martine Yabré

    La question de la femme sert bien souvent à d’autres femmes pour se faire de l’argent, un renom ou une place dans le sérail politique.Donner une place aux femmes dans les sphères de décision passe par ne politique éducative moins sélective, la résolution de la différenciation sociale et économique défavorables surtout à la femme au niveau de structures sociales et culturelles. Toute excitation autre n’es que poudre aux yeux de la majorité ignorée des femmes, pour des intérêts de celles qui s’agitent. Il suffit de jeter un coup d’œil dans le look des prétendues engagées dans a cause des femmes, pour se douter de leurs connaissances réelles de condition de la FEMME Burkinabè, ainsi que de leurs compétences réelles. Depuis les indépendances que beaucoup mangent au nom des femmes, qu’a-t-on pu faire de concret pour changer fondamentalement les choses ?

  • Le 3 novembre 2020 à 11:58, par kato En réponse à : Politique : « Les femmes du Burkina sont engagées pour un changement de leurs conditions », selon Martine Yabré

    Femmes du Burkina Faso pour faire la promotion effective de la femme, il faut d’abord faire une promotion de l’éducation de la jeune fille. Comment comprendre que des lois protègent la jeune fille des hommes violeurs et enceinteurs, vous ne faites pas cas de ça et c’est loi sur le quota genre votre combat. Dites mesdames combien de filles abandonnent l’école à cause d’hommes capricieux qui les font la pression jusqu’à ce qu’elles échouent à l’école. Les filles qui en lieu et place de chercher l’excellence c’est descendre la culotte, c’est un combat auquel vous devez participer. La promotion du travail décent par les femmes pour la jeune fille pour un meilleur encadrement des hôtesses, masseuses, serveuses, et une forte réduction des racoleuses, sans oublier la fermeture des chambres de passe etc. voici des chantiers pour vous mesdames quota genre et femmes en politique.

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