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Centre de formation professionnelle des avocats du Burkina : 28 diplômés sur les pas de Me Titinga Frédéric Pacéré

Publié le samedi 17 octobre 2020 à 23h30min

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Centre de formation professionnelle des avocats du Burkina : 28 diplômés sur les pas de Me Titinga Frédéric Pacéré

Après cinq ans de formation théorique et pratique, la première promotion du Centre de formation professionnelle des avocats du Burkina (CFPA) a effectué sa sortie, ce vendredi 16 octobre 2020 à Ouagadougou. Baptisée « Me Titinga Frédéric Pacéré » du nom du premier avocat et bâtonnier du Burkina Faso (ex Haute-Volta), cette promotion, composée de 28 jeunes avocats, entend exercer en toute liberté et indépendance mais avec humanisme et dignité.

C’est écrit noir sur blanc dans la loi n° 016-2000/AN du 23 mai 2000 portant réglementation de la profession d’Avocat, en son article 34, alinéa 1. « L’avocat inscrit sur la liste de stage reçoit une formation théorique et pratique dans un centre de formation professionnelle ».

Pourtant, il faudra attendre le 10 juillet 2014 pour qu’un décret soit adopté pour la création de ce centre de formation professionnelle qui a accueilli sa première cohorte en 2015. Après cinq ans de formation, cette première promotion est prête à servir. Elle a effectué sa sortie, le vendredi 16 octobre 2020 à Ouagadougou, sous le Haut patronage du président de l’Assemblée nationale, représenté par son vice-président, Me Benewendé Sankara.

Me Bénéwendé Sankara a représenté le président de l’Assemblée nationale, patron de la cérémonie

Leçons apprises

Baptisée « Me Titinga Frédéric Pacéré » du nom du premier avocat et bâtonnier du Burkina Faso (ex Haute-Volta), cette promotion est composée de 28 jeunes avocats (dont quatre dames) parmi les 300 candidats en compétition. « Ce fut cinq ans de sourire, de passion, de doute, de tentative de renoncement. Mais nous avons été baptisés ‘’Titinga Frédéric Pacéré’’. Si notre parrain avait abandonné, peut être que le Barreau ne serait pas là aujourd’hui. On aurait pu nous appeler aussi promotion de la résilience. Mais c’est le destin que le premier avocat soit le parrain de la première promotion », laissé entendre le délégué de la promotion Mamadou Paré.

« Aux côtés de nos anciens maîtres de stage, de nos devanciers, nous avons appris et nous continuons d’appendre. Nous avons appris que le bon avocat, c’est celui qui fait sien les principes d’humanisme, de probité, de dignité et d’indépendance. Nous avons appris que nous ne devons pas être sûrs de notre savoir ni de nos expériences », a témoigné le représentant des récipiendaires.

Le délégué de la promotion Paré Moamadou (au milieu) lors de son allocution

Le souhait du parrain

« L’âne met bas pour que son dos se repose. Mais, si l’âne a un petit et doit continuer à porter le fardeau, ça devient plus qu’une malédiction », a déclaré Me Titinga Frédéric Pacéré. S’adressant à ses filleuls, le doyen des avocats qui a prêté serment le 9 novembre 1973, dira qu’il n’a pas bénéficié des enseignements d’une école de formation parce que son maître de stage, un européen, était atteint d’un cancer de gorge. Mais il reconnaitra avoir été formé par des magistrats qui lui ont appris ce qu’est la justice tout au long de sa carrière. « Je souhaite que vous alliez plus loin que votre parrain », a-t-il lancé.

Invite à la persévérance et à la rigueur

« Nous vivons certes dans un monde interplanétaire mais un monde d’excellence qui ne laisse aucune chance à l’amateurisme et à la médiocrité », a rappelé le Vice-président de l’Assemblée nationale, Me Benewendé Sankara. Il a exhorté les jeunes avocats à donner le bon exemple en étant des avocats vertueux et techniquement compétents et en faisant de la persévérance et de la rigueur leur credo dans l’exercice de leur profession.

La promotion a pour nom de baptème ’’Titinga Frédéric Pacéré’’, le premier avocat du Burkina (ici à droite)

L’échec n’est pas une option

Les récipiendaires ont fait une mention spéciale aux anciens bâtonniers, Mamadou Traoré et Mamadou Savadogo et à l’actuel bâtonnier Paulin Salambéré. Ce dernier a décrit le « parcours de combattant » de ces 28 avocats qui ont décroché leur certificat d’aptitude à la profession d’avocat, le 11 avril 2017, et ont été inscrits au tableau de l’ordre des avocats, le 24 août 2020. « Quelle que soit la raison qui vous a guidé à choisir Me Titinga Frédéric Pacéré comme parrain, sachez que par votre choix, l’échec professionnel vous est interdit », a lancé le bâtonnier à l’endroit des récipiendaires.

Toujours selon Me Salambéré, cette cohorte vient agrandir la grande famille des avocats inscrits au Barreau, désormais au nombre de 207 y compris les 36 avocats stagiaires en attente. Il a également noté que cette ambition du centre de rayonner au plan régional est à tempérer parce que le règlement 5 UEMOA et le règlement d’exécution relatif à la formation, chaque Barreau a l’obligation de créer son centre de formation professionnelle d’avocat. « Peut-être qu’on réfléchira si on peut mettre ensemble nos efforts pour voir si on peut avoir un ou deux centres pour recueillir l’ensemble des élèves avocats ».

Le bâtonnier a plaidé pour une subvention de l’Ordre des avocats par l’Etat

La « plaidoirie »

Cette cérémonie de sortie de promotion a été l’occasion pour le bâtonnier Paulin Salambéré de plaider pour la cause de l’Ordre des avocats, « une institution de la république qui ne bénéficie d’aucune subvention directe de l’État ». « Si l’État a les moyens d’aider les partis politiques en les subventionnant pour leurs activités, il ne saurait en être autrement du Barreau qui un tant soit peu résorbe les étudiants en fin de formation et qui permet de réduire le taux de chômage », a soutenu Me Salambéré. Son souhait : que les députés se souviennent de cette doléance au moment des arbitrages budgétaires à venir.

Le ministre de la Justice, René Bagoro (en veste au milieu) était présent à la sortie de promotion

Un paquet d’activités réalisées

En rappel, plusieurs activités ont été menées, depuis le 13 octobre 2020, par le Centre de formation professionnelle des avocats dans le cadre de cette sortie de promotion. Il s’agit d’un don de sang qui a permis la collecte d’une quarantaine de poches par le Centre national de transfusion sanguine, d’un panel sur l’importance des avocats dans plusieurs secteurs des mines, de la fiscalité, des assurances et des marchés publics, de l’inauguration de parloirs construits par l’Ordre des avocats au niveau de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) pour un coût d’environ 9 millions de francs CFA.

Pr Jean Toé, directeur du centre de formation professionnelle des avocats du Burkina

À l’issue de cette inauguration, les avocats ont croisé les crampons avec les pensionnaires de la MACO, un match qui s’est soldé par la défaite des hommes en robes noires. L’autre activité non moins importante a été l’assistance gratuite par les 28 avocats au profit d’une dizaine de prévenus jugés en flagrant délit devant le Tribunal de Grande instance de Ouagadougou. Selon le Bâtonnier, neuf d’entre eux retourneront chez eux et un seul a écopé d’une prison ferme de six mois. Un don à un orphelinat viendra clore cette longue série d’activités.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 17 octobre 2020 à 16:04, par Bigbale En réponse à : Centre de formation professionnelle des avocats du Burkina : 28 récipiendaires sur les pas de Me Titinga Frédéric Pacéré

    Bravo au monde de la justice burkinabe pour avoir relevé ce grand défi ! Aux jeunes avocats, toute la nation vous observé et compte sur vous pour asseoir une justice digne de Dieu et digne des hommes. L’argent n’est qu’un instrument et finira par passer mais défendre le plus faible et garantir ses droits restera une fierté toute la vie pour vous ! Souvenez-vous !

  • Le 18 octobre 2020 à 21:59, par Chasseur d’insurrescrocs En réponse à : Centre de formation professionnelle des avocats du Burkina : 28 diplômés sur les pas de Me Titinga Frédéric Pacéré

    Le BF fait pitié ! Comment comprendre qu’une profession libérale par excellence comme le métier d’avocat puisse se livrer sans vergogne à la mendicité auprès de l’état ?
    Vous devriez vous organiser de telle façon qu’un certain pourcentage de vos honoraires cumulés soit reversé à votre organisation pour fonctionnement. De cette façon vous serez réellement indépendant et à l’abri de toute pression. Sinon accepter que l’état vous finance revient à aliéner votre indépendance. Il faut avoir le courage de refuser la facilité car de cette façon que l’on se libère réellement.
    Je ne faisais que passer, pardonnez-moi !

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